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Yvan Colonna est décédé lundi 21 mars des suites de ses blessures après avoir été très violemment agressé dans la salle de sport de la prison d’Arles le 2 mars dernier. Ce fut l’événement déclencheur d’une renaissance de revendications nationalistes corses qui ont mis l’île littéralement à feu. Mais qui était l’agresseur d’Yvan Colonna et pourquoi cette violente agression ?
Le tueur s’appelle Frank Elong Abé. Il s’agit d’un djihadiste camerounais, devenu français, ayant combattu aux côtés des talibans en Afghanistan. Après avoir été arrêté par les Américains, il fut remis aux autorités françaises et écroué à Rouen. Selon les informations du député LR Éric Diard, il se serait particulièrement distingué pour sa violence en Afghanistan et aurait même été écarté pour cela d’Al-Qaeda.
De graves troubles comportementaux et psychiatriques
Le directeur de l’administration pénitentiaire Laurent Ridel a présenté le profil de ce détenu pendant une audition de la commission des lois de l’Assemblée nationale, le 16 mars, expliquant qu’il s’agit d’ « une personne au parcours extrêmement chaotique », auteur de « violences et surtout de violence auto-agressive ». (Le Figaro, 21.03.22). Il a commis de nombreuses tentatives de suicide, s’est plusieurs fois frappé violemment la tête contre le mur, a allumé plusieurs feux de cellule. C’est la raison pour laquelle il a été transféré en maison centrale sécuritaire, en quartier d’isolement jusqu’à ce que son cas se stabilise et que « ses troubles de la personnalité » s’apaisent. Il a fait des séjours dans un hôpital psychiatrique spécialisé où il a tenté de prendre une infirmière en otage. Après avoir été changé plusieurs fois d’établissement, il s’est finalement stabilisé à la prison d’Arles, où il était détenu depuis l’automne 2019.
Le djihad jusqu’en prison
Yvan Colonna, qui aurait affirmé « cracher sur Dieu » à Frank Elong Abé, s’est fait rouer de coups, étranglé et étouffé par l’islamiste, avec qui il avait pourtant des relations cordiales jusqu’à son blasphème. Le député Éric Diard, qui est allé visiter la cellule de l’agresseur, expliquait sur RMC, ce mardi 22 mars, ce qu’il a vu : « Il n’a pas de lit, il dort à même le sol comme le prophète. Il s’est fait enlever la télé. Il a simplement le coran, un recueil de hadits, et c’est tout. Quand vous voyez sa cellule, ça fait froid dans le dos. Vous voyez très bien que c’est un guerrier taliban, un tueur froid, qui vivait dans cette cellule ». Il s’agit donc d’un djihad en prison, qui a les effets terribles que nous connaissons.
Tout cela remet sur la table la question du traitement des détenus islamistes qui ont purgé leur peine de prison. « Nous faisons face à plusieurs facteurs de risque, dont l’un des plus importants est la question de la préparation à la sortie des détenus pour terrorisme islamiste ou radicalisés », expliquait Laurent Ridel devant la commission le 16 mars. « Aujourd’hui, nous avons plus de terroristes islamistes qui sortent de prison que de terroristes qui y entrent. Et cela continuera à s’accélérer à mesure qu’expirent les premières condamnations pour terrorisme et pour retour de zone irako-syrienne. Nous comptons actuellement 60 à 80 sorties par an. À travers nos dispositifs, nous suivons 271 terroristes islamistes en milieu ouvert, et 320 radicalisés de droit commun placés sous mains de justice sont suivis par nos services d’insertion et de probation. Ces derniers sortent à raison de 15 à 20 par mois. »
L’agression d’Yvan Colonna est la preuve qu’un islamiste radicalisé, condamné pour terrorisme, peut se réveiller un jour, même après avoir témoigné d’un comportement stable pendant plus d’un an et demi. Il suffit de quelques minutes pour basculer dans le drame.
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