C’est à Toulon, dimanche, que Marion Maréchal devrait rallier Éric Zemmour

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Selon une source proche, Marion Maréchal rejoindra Éric Zemmour, dimanche 6 mars, à l’occasion de son meeting à Toulon. Interrogée, mardi soir sur BFM TV, Marine Le Pen affirmait, d’ailleurs, être « convaincue » du ralliement de Marion Maréchal à Éric Zemmour. Elle reconnaît que, n’ayant pas été prévenue du choix de sa nièce par cette dernière, ce n’est pas une déclaration fondée sur des faits mais « c’est une conviction ». Avec un certain détachement, elle se dit « attristée personnellement » et « plongée dans un abîme de perplexité politiquement » car elle serait « la seule à pouvoir battre Emmanuel Macron », faisant allusion aux récents sondages dans lesquels elle creuse l’écart avec Éric Zemmour, pour lequel la « séquence russe » n’a pas été favorable.

Si Marine Le Pen affecte un recul quant à la décision de sa nièce en considérant que « c’est un choix personnel », elle sait cependant que ce ralliement profiterait indéniablement à Éric Zemmour. Robert Ménard le disait sans détour, le 28 janvier, sur BFM TV : « Bien sûr que c’est un coup dur pour le Rassemblement national […] Dire le contraire, ce serait faire preuve d’une langue de bois insupportable. » Reste à évaluer l’impact de ce « coup dur » en pourcentage d’intentions de voix.

Pour l’élue régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes Isabelle Surply (Loire), anciennement RN et désormais membre du groupe Libertés, Identité, Souveraineté (LIS), la question n’est pas de savoir si Marion va rejoindre Zemmour « mais plutôt de quelle manière » car, de toute façon, « son retour en politique est inéluctable ». Interrogée par nos soins, elle explique « qu’il y a plusieurs dynamiques possibles » : soit elle crée « une structure politique » pour soutenir Reconquête, soit elle s’engage dans le parti pour en prendre à terme la direction car « peut-être qu’Éric Zemmour a envie qu’elle le dépasse », soit elle prend une circonscription pour les législatives.

Des circonscriptions « prenables », il n’y en a pas beaucoup en France, compte tenu du mode de scrutin ! Celle qu’elle a détenue de 2012 à 2017 dans le Vaucluse ? Cela ne serait envisageable qu’avec un accord avec le RN, certes affaibli mais encore solide car bénéficiant d’un tissu d’élus locaux bien implantés.

Se pose, par ailleurs, la question de l’ISSEP : Marion Maréchal veut-elle en garder la direction ou non ? Sans oublier qu’elle est enceinte, ce qui joue dans le choix à poser.

Quoi qu’elle fasse, « ce sera un sujet ! » assure l’élue régionale. D’une autre source proche de Marion Maréchal, tout serait ficelé, même si rien ne peut encore être dit publiquement. Pour conclure, l’élue régionale affirme: « J’ai confiance en Marion : elle prendra la bonne décision quoi qu’elle fasse ! »

La bonne décision pour qui ? En effet, un élu RN, connaissant bien Marion Maréchal, estime que l’ancienne députée ne peut revenir en politique qu’en se présentant en rassembleur de la droite nationale et non en diviseur. Prendre parti pour l’une (option exclue, on le sait) ou pour l’autre (option qui semble ne plus faire l’ombre d’un doute) serait, selon lui, une erreur politique.

Affaire à suivre, donc… En tout cas, si ce ralliement de dimanche se confirme, ce sera tout un symbole : Toulon, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, la région où Marion Maréchal-Le Pen fut tête de liste aux régionales de 2015.

Matthieu Chevallier, Boulevard Voltaire

L’UNEF change de présidente mais pas ses délires 

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Changement de dirigeant au sein du syndicat étudiant d’extrême gauche. Imane Ouelhadj va donc succéder à Mélanie Luce à la tête de l’UNEF, ce vendredi. La nouvelle présidente reprend les rênes après une année mouvementée. En février 2021, une polémique éclate à Sciences Po Grenoble après que deux professeurs ont été accusés d’islamophobie par des étudiants de l’Union syndicale Sciences Po Grenoble (une scission de l’UNEF). Quelques mois auparavant avait eu lieu l’assassinat de Samuel Paty. Un contexte explosif qui explique les nombreuses réactions d’alors.

Un mois plus tard, une nouvelle affaire éclate. Les lecteurs de Boulevard Voltaire se souviennent de cette interview musclée menée par Sonia Mabrouk face à Mélanie Luce, avouant du bout des lèvres que des réunions en non-mixité (excluant toute personne avec la peau blanche) étaient organisées pour permettre « aux personnes touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu’elles subissent ». Si accueillir des personnes blanches dans certaines de leurs réunions semble compliqué, l’alliance avec une organisation proche des Frères musulmans semble ne poser aucun problème à l’UNEF : elle décide de faire liste commune, lors des élections à l’université Lyon 3, avec les Étudiants musulmans de France (EMF) .

Il fut une époque où l’UNEF voyait passer dans ses rangs tous les futurs cadres du Parti socialiste. François Hollande, Jean-Christophe Cambadélis ou encore Manuel Valls ont traîné leurs guêtres au syndicat étudiant. Voyant se multiplier les déclarations saugrenues de l’UNEF, le parti à la rose a réagi. « Nous désapprouvons les assignations identitaires et toute forme d’essentialisation », écrivait le PS dans une résolution du Bureau national adoptée le mardi 23 mars 2021.

En quelques années s’est imposé un changement de ligne politique au sein de l’UNEF entre une gauche républicaine et une autre devenue woke et islamo-gauchiste. Est-ce cette nouvelle tendance que compte incarner la nouvelle présidente Imane Ouelhadj ? La jeune femme de 23 ans met en avant un discours d’égalité contre les discriminations et la sélection à l’université : « Mon petit frère était en terminale lors de la première phase de Parcoursup, dans un lycée de banlieue parisienne. Je me suis rendu compte que dans sa classe, personne n’avait eu d’affectation dans Parcoursup. Des jeunes issus des quartiers populaires qui voulaient entrer dans l’enseignement supérieur voyaient leur rêve déconstruit par une sélection pas seulement sur les notes mais aussi sur le lycée d’origine », raconte-t-elle à Marianne. En filigrane dans sa déclaration, ce fameux supposé racisme systémique présent en France. Imane Ouelhadj dit s’inscrire « dans la même ligne » que Mélanie Luce, ce qui n’est pas rassurant.

La nouvelle présidente de l’UNEF a assuré au quotidien La Croix poursuivre les combats sociétaux, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et la reconnaissance des différentes identités de genre. Un programme qui donne envie. Elle promet de tout faire pour que des toilettes neutres voient le jour dans les universités. Pour que chacun ait le droit à sa petite revendication, Imane Ouelhadj souhaite que les personnes trans reçoivent leur diplôme en deux versions, l’une mentionnant le prénom d’usage, avant même que le changement d’état civil ne soit officiellement entériné. L’UNEF essaye tant bien que mal de retrouver son influence d’antan. Depuis les élections du CROUS en 2016, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) est devenue la première organisation étudiante, reléguant l’UNEF au second rang.

Kevin Tanguy dans Boulevard Voltaire

Brève analyse de la politique étrangère américaine

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« Mais je soutiens que les crimes commis par les États-Unis durant cette même période [depuis 1945] n’ont été que superficiellement rapportés, encore moins documentés, encore moins reconnus, encore moins identifiés à des crimes tout courts. » Harold Pinter, Prix Nobel de la paix 2005

Les événements qui se déroulent actuellement à l’est de l’Europe doivent être analysés dans le contexte de la politique étrangère américaine. Sa première caractéristique est l’exceptionnalisme qui définit les Etats-Unis depuis leur création. Ils sont ou seraient la matérialisation de l’idéal républicain tel que l’imaginaient les philosophes du siècle des Lumières. Les Pères fondateurs étaient conscients de leur rôle dans l’histoire – rôle auquel Abraham Lincoln rendit hommage dans son discours de Gettysburg. Cette politique étrangère a aussi pour particularité de se présenter comme étant toujours du bon côté du droit, des droits de l’homme, de la liberté et de la démocratie. Mais une analyse plus fine en donne une autre version, plus intéressée, voire cynique. Elle jette un regard différent sur les évènements actuels et leurs répercussions dans le monde de demain.

L’hégémonie ou la destinée manifeste.

Aux lendemains de la dissolution de l’Union soviétique, le ministère américain de la défense rédige un rapport intitulé « Defense Planning Guidance », plus connu sous le nom de Wolfowitz Doctrine du nom de l’un de ses auteurs, Paul Wolfowitz[1]. Il y est dit en substance que les États-Unis étant débarrassé de leur ennemi numéro un, l’Union soviétique, ne supporteraient pas l’émergence d’un nouveau concurrent à l’avenir. Des extraits du rapport, publiés dans le New York Times en février 1992, choquèrent par l’arrogance du propos, mais très vite la chose fut oubliée. Une nouvelle ère commençait. Le monde était désormais unipolaire, et régi par les États-Unis. Francis Fukuyama sacralise ce nouvel ordre dans son livre : « La fin de l’Histoire et le dernier homme ».

En septembre 2000, un groupe de réflexion – Project for a New American Century – publia un document intitulé « Reconstruire les défenses de l’Amérique » qui se situe dans le droit fil de la vision que l’Amérique a d’elle-même, à savoir qu’elle est une force du bien destinée à assumer le leadership mondial. Pour ce faire, elle doit renforcer sa défense pour être en mesure d’intervenir à travers le monde. Pour atteindre leur objectif, les auteurs en appellent, assez étrangement, à un nouveau ‘Pearl Harbor’ ce qui a permis à certains de voir dans les attaques du 11 septembre qui eurent lieu un an plus tard, une matérialisation de cet appel.

Cette vision hégémonique du monde remonte loin dans le temps. En 1630, John Winthrop, avocat puritain et fondateur du Massachussetts, imaginait déjà la Nouvelle Angleterre en un phare éclairant le monde. En 1839, le journaliste américain, John L. O’Sullivan, affirmait que la destinée manifeste des Etats-Unis était de conduire le monde. Un siècle et demi plus tard, Barack Obama y fit référence dans deux de ses discours à l’Onu. Vladimir Poutine lui répondra dans son discours du 28 septembre 2015 à l’assemblée générale de l’Onu qu’il n’y a pas de nation exceptionnelle.

Voilà donc une vision bien ancrée dans la psyché américaine qui s’appuie sur une vision jeffersonienne du monde, oubliant celle plus réaliste et brutale d’Alexandre Hamilton qui mourut avant d’avoir donné la pleine mesure de son talent.[2] Mais, c’est cette dernière vision qui façonnera la politique étrangère quand il faudra lui donner une nouvelle impulsion à la fin du 19ème siècle. Le conflit entre progressistes – opposés à toute aventure hors des Etats-Unis – et impérialistes, menés par Théodore Roosevelt et Henry Cabot-Lodge se solda à l’avantage de ces derniers. La république agraire et démocrate rêvée par Thomas Jefferson s’effaça au profit d’une république commerciale et financière – celle dont rêvait Alexander Hamilton.

Du bon côté du droit

Mais cette république conquérante se heurtait à la vision que la nation avait d’elle-même, héritée des Pères fondateurs et défendue par des progressistes tel que William Jennings Bryan, trois fois candidat malheureux à la présidence.[3] La conquête de l’ouest étant finie, la vision de nouvelles terres à conquérir à l’étranger l’emporta sur l’isolationnisme du feu George Washington. En juin 1898, les Philippins proclamèrent leur indépendance, et demandèrent l’aide des États-Unis. Ils vinrent en conquérants et non en libérateurs. Après cinq ans de violents combats, le rêve d’indépendance s’émoussa et les Philippines devinrent un protectorat américain. Cet épisode faisait suite au Traité de Paris de 1898 qui mit fin à la guerre hispano-américaine, par lequel l’Espagne cédait l’île de Guam et Porto Rico aux Etats-Unis. Cuba, à l’origine de cette guerre, sera déclarée indépendante en 1902, mais en fait sous protectorat américain. Tant à Cuba qu’aux Philippines, les Etats-Unis sont du côté du droit, de la liberté et de la démocratie à l’origine du conflit, mais du côté de leurs intérêts lors de sa résolution.[4] Ce stratagème qu’ils avaient testé au Mexique de 1848, sera répété au Japon en 1853, puis à Pearl Harbor, au Vietnam, mais aussi en Irak, en Lybie, etc… A chaque fois, l’objectif déclaré est le même : défendre la liberté, la démocratie, s’opposer au communisme, détruire des armes de destruction massives (inexistantes), punir un dirigeant impertinent,[5] etc.

Il y a des exceptions à la règle. En avril 1917, c’est Woodrow Wilson qui, après une campagne présidentielle axée sur l’isolationnisme, déclare la guerre à l’Allemagne impériale suite au torpillage d’un paquebot américain par un sous-marin allemand. En janvier 1942, c’est Hitler qui déclare la guerre aux Etats-Unis, convaincu à tort qu’il incitera le Japon à déclarer la guerre à l’Union soviétique. Ironie de l’histoire, cela rendit service à Franklin Roosevelt qui ayant fait campagne sur l’isolationnisme pour sa réélection, s’interrogeait sur la façon d’entrer dans un conflit dont les Etats-Unis ne pouvaient être absents, et dont ils seront les grands bénéficiaires.

Ukraine : une victoire américaine

L’agression russe quelles qu’en soient les justifications, ternit durablement l’image de la Russie en Occident. En revanche, en Asie, les réactions sont étouffées, voire inaudibles. Pleinement conscients des enjeux, la Chine et l’Inde soutiennent discrètement la Russie dans son affrontement avec les Etats-Unis. Cette agression a aussi pour effet de mettre un terme temporaire, sinon définitif, à la mise en route de Nord Stream 2, un gazoduc nouvellement construit contournant l’Ukraine par la Mer Baltique. De ce fait, les liens économiques qui unissent l’Allemagne à la Russie sont amoindris, ce qui par ricochet rapproche l’Europe des Etats-Unis – un objectif constant de la politique étrangère américaine. Enfin, comme l’espère certains stratèges américains, la Russie sera peut-être empêtrée en Ukraine, comme elle le fut dans le bourbier afghan. Le coût économique et humain de l’occupation l’affaiblira, l’obligeant peut-être, à cours de ressources, à quitter la Syrie qu’elle a sauvé de la destruction.

Vladimir Poutine et Sergei Lavrov avaient répété à l’envie que la Russie n’avait aucune intention d’envahir l’Ukraine. Alors, pourquoi ce revirement ? Dans son allocution du 25 février, le maître du Kremlin donne trois raisons : le génocide du Donbass, la présence d’éléments néo-nazis dans les instances dirigeantes ukrainiennes, et les armes offensives livrées par les Occidentaux à l’Ukraine. Dans son discours du même jour, Volodymyr Zelensky rejette fermement ces accusations, et condamne l’agression russe.

Cette victoire pourrait cependant se révéler une victoire à la Pyrrhus. La décision de la Russie d’envahir l’Ukraine met fin à l’expansion de l’OTAN à l’est. L’Ukraine n’intègrera jamais l’OTAN.[6] Elle deviendra un protectorat russe. Les pays baltes, bien que membres de l’OTAN et donc protégés par l’Article 5, seront peut-être plus conciliants à l’égard de l’ogre russe pour ne pas l’importuner inutilement.[7] Ce conflit pourrait aussi affaiblir une économie mondiale rendue fragile par la crise du covid-19 et déclencher une récession dont toutes les nations pâtiraient, y compris l’Europe et les Etats-Unis.

Conclusion

Des circonstances exceptionnelles et des hommes de grands talents ont fait des Etats-Unis la nation la plus puissante au monde. La montée en puissance de la Chine, l’avènement de l’Inde, le relèvement de la Russie et l’impertinence washingtonienne – ébranlent cette puissance. Le conflit en Ukraine pourrait sonner le glas des ambitions américaines, et mettre fin au rôle de l’Occident dans les affaires du monde depuis le 16ème siècle.

Jean-Luc Baslé 

[1] Le second auteur est Lewis Libby, plus connu sous son pseudonyme Scooter Libby.

[2] Il fut tué dans un duel avec Aaron Burr, troisième vice-président des Etats-Unis.

[3] En 1896, 1900 et 1908.

[4] Lire “War is a racket” du general Smedley Butler.

[5] Muhammad Kadhafi.

[6] Si les Occidentaux gardent la tête froide. Putin’s Nuclear Threat – Consortium News 27 février 2022.

[7] Qui en effet, en Europe de l’ouest ou aux Etats-Unis, se porterait au secours de ces états en cas de conflit avec la Russie, au risque de déclencher une guerre atomique ?
 Breizh-info.com

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La querelle de chapelles entre l’Ukraine et la Russie, l’autre guerre dans la guerre

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L’un appelle à lutter contre les « forces du mal », l’autre à la résistance dans la « lutte contre l’agresseur », quand le troisième prend fait et cause pour son pays, l’Ukraine, augmentant ainsi les tensions avec Moscou dont il dépend pourtant. Pour bien saisir ces trois positions émanant de Cyrille, le patriarche de Moscou, Épiphane le primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine, et Onuphre, le primat de l’Église orthodoxe ukrainienne, mais aussi pour comprendre pourquoi, dans son allocution télévisée du 21 février, Vladimir Poutine a reproché à l’Ukraine de réprimer les orthodoxes rattachés au Patriarcat de Moscou, il convient de remonter à 2019.

Avant cette date, la seule église orthodoxe reconnue canoniquement est l’Église orthodoxe ukrainienne, dépendante du Patriarcat de Moscou. Mais depuis 2014, les relations entre Kiev et Moscou sont tendues, et c’est dans ce contexte que naît une Église d’Ukraine indépendante. Cette autocéphalie a été accordée en 2019 par le patriarche de Constantinople Bartholomeos Ier, permettant ainsi aux Ukrainiens, selon l’analyse du théologien Jean-François Colosimo (La Croix, 22/2/2022) d’être « pleinement orthodoxes et pleinement ukrainiens, sans se demander quel est leur lien à Moscou ». Le président ukrainien de l’époque, Petro Porochenko s’était réjoui de « ce jour sacré » qu’il qualifiait de « jour de notre indépendance définitive de la Russie »Le Monde relatait ses propos devant des milliers de partisans : « L’Ukraine ne boira plus de poison moscovite depuis le calice de Moscou. »

Une autocéphalie vécue comme un affront insupportable

La création de cette Église autocéphale est vécue comme un affront insupportable par l’Église orthodoxe russe pour qui il est inconcevable d’être ainsi séparée de son berceau historique. Le patriarche Cyrille n’hésite donc pas à soutenir Vladimir Poutine, partageant avec lui la défense de la grandeur de la Russie et de ses valeurs traditionnelles. Sur RCF, Colosimo évoque un pacte entre l’Église orthodoxe russe et le Kremlin. « Ce pacte fait que le Patriarcat de Moscou est aussi une arme diplomatique. » Mais là où Porochenko se félicitait de son « Église sans Poutine », la Russie redoute, à l’inverse, des « persécutions massives » contre ses fidèles en Ukraine. Crainte devenue réalité puisque depuis 2019, La Croix (29/1/2019) décrit des « icônes volées, lieux de culte mis à sac, engin explosif projeté en pleine liturgie dans une église bondée, serrures changées », mais ces incidents violents sont niés par les représentants de la nouvelle Église d’Ukraine pour qui « le processus de transition se déroule de manière pacifique ».

Et avant même la création de cette Église autocéphale, le patriarche Cyrille dénonçait, dans une lettre adressée au pape et à l’ONU, les perquisitions par la police ukrainienne dans des églises du Patriarcat de Moscou, les prêtres « convoqués pour des “conversations” et interrogatoires par les services de sécurité ukrainiens, […] interpellés sous différents prétextes […] et subiss[ant] des perquisitions humiliantes ».

Dimensions spirituelles et temporelles intimement liées

Depuis la semaine dernière, les chefs des Églises orthodoxes se sont donc exprimés, tous appelant à la prière pour la paix, mais chacun défendant leur unité nationale. Le patriarche Cyrille a prononcé une homélie, le 27 février, dans sa cathédrale de Moscou : « Que le Seigneur préserve la terre russe. […] Une terre dont font partie aujourd’hui la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie… », fustigeant les « forces du mal » contre l’unité historique de la Russie et de l’Ukraine. De son côté, Épiphane, le primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine, invitait, le 24 février, ses fidèles à « repousser l’ennemi, à protéger notre patrie, notre avenir et l’avenir des nouvelles générations de la tyrannie que l’agresseur cherche à imposer avec ses baïonnettes. » Et d’ajouter : « La vérité est de notre côté. Par conséquent, l’ennemi, avec l’aide de Dieu et avec le soutien de tout le monde civilisé, sera vaincu. » Quant au troisième homme, Onuphre, le primat de l’Église orthodoxe ukrainienne resté fidèle à Moscou, il adressait l’appel suivant, le 24 février : « Très regrettablement, la Russie a commencé des actions militaires contre l’Ukraine, et en ce moment fatidique, je vous exhorte à ne pas céder à la panique, à être courageux et à manifester de l’amour envers votre patrie et entre vous. […] Défendant la souveraineté et l’intégrité de l’Ukraine, nous nous adressons au président de la Russie et nous lui demandons de cesser immédiatement la guerre fratricide. » Une position tranchée que n’a pas dû apprécier Cyrille de Moscou, qui comptait sur « notre Église orthodoxe unie, représentée en Ukraine par l’Église orthodoxe ukrainienne présidée par Sa Béatitude Onuphre, est la garante de cette fraternité ».

Enfin, ces rivalités dépasseraient les frontières ukrainiennes pour se déporter en Afrique. Selon l’historien Nicolas Kazarian« Moscou a ainsi envoyé des prêtres de Russie pour convaincre des prêtres orthodoxes africains de se rallier à l’Église orthodoxe russe […] On parle souvent aussi de l’action des paramilitaires russes au Mali. Tout cela fait partie d’une seule et même stratégie. Une stratégie où l’action militaire et l’action économique participent à un faisceau d’actions, où la dimension spirituelle n’est pas totalement absente. »

Iris Bridier, Boulevard Voltaire

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Macron en campagne d’Ukraine ou électorale ?

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Si l’on devait retenir un seul passage de l’allocution d’Emmanuel aux Français, ce mercredi 2 mars, c’est celui-ci : « Je sais pouvoir compter sur vous, votre attachement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité à la place de la France dans le monde. Je ne cesserai jamais de les défendre et de les porter haut en votre nom. » C’est ainsi qu’il a conclu son adresse avant le traditionnel « Vive la République, vive la France ! » C’est clair : Emmanuel Macron est candidat à sa propre succession. Qui en doutait encore ?

Cette allocution d’Emanuel Macron, pour une fois assez courte (moins d’un quart d’heure) avait pour but de faire un point de situation depuis l’invasion russe ainsi que présenter les conséquences pour la France et les Français. Rien de bien nouveau pour qui suit un minimum l’actualité sur les chaînes d’information en continu. Bien sûr, le Président a condamné le viol évident du droit international par Poutine. Bien sûr, il a réitéré le soutien fraternel de la France au côté du peuple ukrainien. Un soutien qui ne devrait pas aller au-delà de l’aide humanitaire et de la mise en application de sanctions économiques et financières. Des sanctions « proportionnées » a précisé Emmanuel Macron, rectifiant, en quelque sorte, la sottise de la veille de son ministre de l’Économie. Bien sûr, le chef de l’État  a d’emblée affirmé que tout avait été fait pour éviter cette guerre, dégageant la France, l’Europe, l’OTAN de toute responsabilité. Tout ? Notamment pour que soient respectés ces dernières années les accords de Minsk ? La question mérite d’être creusée.

Et puis Emmanuel Macron a eu cette phrase emphatique : « Cette guerre est le fruit d’un esprit de revanche, nourri d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe qui voudrait la renvoyer aux heures les plus sombres des empires, des invasions, des exterminations ». S’il y a esprit de revanche, c’est qu’il y a rancœur. Nourri peut-être du sentiment d’humiliation de la part de la Russie après la chute de l’empire soviétique et de l’avancée inéluctable de l’OTAN vers l’Est ? Cela n’excuse pas mais peut expliquer.

Mais l’on retiendra surtout de ce discours qu’il s’est agi de parler aussi (surtout ?) d’Emmanuel Macron. À l’évidence, l’occasion est trop belle pour ne pas en profiter et tenter de se ciseler un statut de grand de ce monde. Le maintien du dialogue avec Poutine, c’est lui : « J’ai choisi de rester en contact avec le Président Poutine… ». Évoquant, l’augmentation des prix – notamment de l’énergie – qui viendra fatalement, le Président protecteur, aujourd’hui et… demain, c’est lui : « Face à ces conséquences économiques et sociales , je n’ai et n’aurai qu’une boussole : vous protéger. » L’homme à la manœuvre, à l’initiative, l’homme de la vision, c’est lui : ainsi, les 10 et 11 mars, il réunira un sommet des chefs d’États et de gouvernements européens où il sera question du « nouveau modèle économique » de l’Union, suite à l’invasion russe. Un nouveau nouveau modèle, en quelque sorte, puisque, après le déclenchement de la guerre contre le Covid, on nous avait déjà dit que rien ne serait plus comme avant… Il s’agira, toujours durant ce sommet, de prendre des décisions sur « une stratégie d’indépendance énergétique européenne » et sur « la défense européenne ». Emmanuel Macron continue à dérouler son projet de souveraineté européenne. La France est trop petite pour lui.

Et ce sommet se tiendra où ? À Versailles. Outre, peut-être la volonté d’en mettre plein la vue à ses homologues, comment ne pas y voir un petit clin d’œil à l’Histoire ? Volontaire ou pas ? C’est à Versailles que fut signé le traité mettant fin à la Grande Guerre. Mais c’est de ce traité de Versailles que naquit l’esprit de revanche qui entraîna par la suite l’Allemagne et l’Europe dans les  « heures les plus sombres des empires, des invasions, des exterminations », pour reprendre les propres mots du Président… Mais nul doute aussi que ce sommet, pour Emmanuel Macron, vaudra tous les meetings de campagne électorale. Un tapis de bombes médiatique va se déverser sur le pays, à un mois du premier tour de l’élection présidentielle, et le candidat Macron n’aura même pas à intégrer la facture dans ses comptes de campagne. On serait cynique, on dirait que cette guerre est une « divine surprise ».

Georges Michel, Boulevard Voltaire

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