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Ce mardi 2 mars, une table ronde a eu lieu à l’occasion de la tenue du Salon de l’agriculture, en présence de responsables politiques, scientifiques et professionnels du fromage. À l’ordre du jour, le nutri-score, que pourrait imposer la Commission européenne au cours de l’année 2022. Une mesure qui n’est pas pour plaire aux producteurs de fromage, qui anticipent déjà les conséquences qu’impliquerait une telle obligation.
Le nutri-score est un système de notation apposé sur des produits alimentaires et destiné à aider le consommateur à choisir, en un coup d’œil, l’aliment le plus intéressant sur le plan nutritionnel. La meilleure note est la lettre A, sur fond vert, qui indique que l’apport en glucides, protides et lipides est faible, quand la note E, sur fond rouge, alerte sur un apport calorifique très riche. Vincent Descoeur, député LR du Cantal, fustige l’éventualité d’une telle obligation, dénonçant l’exclusion tout à fait injustifiée de certains fromages : « C’est incompréhensible : une portion de salers ou de roquefort notée D ou E est identifiée par l’acheteur comme non bénéfique pour la santé d’après les critères qui conduisent à cette notation. » Il ajoute que « dans la réalité, ces fromages au lait cru sont plus bénéfiques pour la santé qu’une canette de soda light notée B. Cette lecture pourrait laisser penser que les fromages sont donc dangereux pour la santé. On induit en erreur le consommateur. »
Au-delà d’une publicité mensongère, qui prête à confusion au sujet de la santé, ce sont bien sûr des retombées économiques qui risquent de s’abattre sur les producteurs de fromage. Un Français sur deux reconnaît aujourd’hui être influencé par le nutri-score dans ses choix alimentaires, précise Le Figaro : c’est donc la moitié de la clientèle qui se verrait poussée à modifier ses habitudes, pour se tourner vers des produits – parfois injustement – mieux notés. Éric Février, président du Syndicat interprofessionnel de défense du Mont d’Or, fait part de ses craintes au micro de France Bleu. « Il y a un risque économique, on peut perdre des clients qui pourraient croire que notre produit n’est pas sain pour la santé. » Et d’ajouter : « Et puis on ne pourra plus faire de publicité si nos fromages sont notés D ou E. Toute absence de communication serait catastrophique pour nous. » Ainsi, les fameux fromages comme le roquefort, le mont d’or, le cantal, le morbier, tous ces produits dont chaque nom évoque une région, une saveur, un savoir-faire particuliers, ces produits vers lesquels se sont rués les Français déprimés par le confinement – 2020 apparaissant comme l’année de tous les records pour le marché du fromage en France -, ces produits qui ont mérité à la France le surnom de « pays aux mille fromages », se voient-ils menacés par les décisions arbitraires de bureaucrates qui semblent peu conscients des conséquences que peuvent entraîner leurs lubies hygiénistes ?
Ce nouveau coup porté à l’artisanat culinaire français n’est que l’illustration de cette nouvelle dictature du sanitairement correct, qui entend désormais réguler chaque détail de la vie des citoyens. Au moyen de notations fallacieuses, c’est toute une filière que la Commission européenne s’apprête à mettre en danger, en même temps qu’elle contribue encore et toujours à détruire un patrimoine éminemment français qui fait encore la renommée mondiale de notre pays. Et si la Commission européenne se cantonnait aux sujets qui la concernent ? Il semblerait qu’elle ait de quoi faire, ces derniers temps !
Marie-Camille Leconte, dans BV
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