Attentat de Nice: «c’est le début de la guerre civile en France»

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Articles  : Oct. 2020Sept 2020Août 2020juillet 2020

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Treize jours après l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, une nouvelle attaque djihadiste a endeuillé la France, cette fois aux alentours de la basilique de Nice. Trois personnes ont été tuées. Un attentat à caractère islamiste qui a vivement fait réagir la classe politique française. Tour d’horizon et réactions.

La France de nouveau endeuillée par une série d’attaques islamistes.

Certains souligneront que nous sommes la veille de la Toussaint, d’autres que le 29 octobre coïncide avec la fête de Mawlid, l’anniversaire du prophète Mahomet, festivités que le CFCM (Conseil français du culte musulman) a appelées à annuler après les événements tragiques de Nice. Quoi qu’il en soit, jeudi matin, une femme de 70 ans a été décapitée au sein de la basilique Notre-Dame à Nice, dans un attentat au couteau qui fera au total trois morts et dont les motivations laissent peu de place au doute. Blessé par la police, le terroriste «n’a cessé de répéter en boucle “Allahu akbar” alors qu’il était médicalisé sur place», relatait face aux caméras le maire de la cité des anges, Christian Estrosi.

«Tous ces attentats qui se succèdent… ce n’est plus possible! Nous avons trop fait la politique de l’autruche, mettant la tête dans le sable et en espérant que ce soit le dernier!» s’emporte au micro de Sputnik, Joëlle Garriaud-Maylam, sénatrice Les Républicains (LR).

Pour elle, «nous devons tout reprendre à zéro, ce n’est plus la peine de continuer avec des bougies, des déclarations d’émotion». À ses yeux, ce énième attentat sur le territoire français pose le «diagnostic de notre laxisme»:

«Pendant des années, on n’a pas lutté contre cette immigration illégale, on a trop fermé les yeux sur les réseaux illicites et frauduleux, on a bradé notre nationalité française. On l’a donnée à des personnes qui ne faisaient même pas, comme c’est le cas dans d’autres pays: un serment au drapeau, une acceptation des valeurs, on a donné la nationalité française à des gens qui crachaient sur la France! qui piétinaient notre drapeau au vu et au su de tous! C’est terrible!»

Nice, une «ville martyre», référence à l’attentat, islamiste, du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais où un ressortissant tunisien avait tué, à l’aide d’un camion-bélier, 86 personnes et blessé 458 autres, venues assister au feu d’artifice de la Fête nationale. «Effondrée», la parlementaire ne décolère pas, rappelant l’égorgement par deux islamistes en pleine messe du père Hamel en l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016.

Nice, «ville martyre» pour la seconde fois

La parlementaire rappelle également le cas de Sarah Halimi, 65 ans, retrouvée morte dans le quartier parisien de Belleville après avoir été, selon des témoins, projetée d’un balcon par son voisin de 27 ans «aux cris répétés d’Allah akbar».

«On a envie de crier notre colère contre ceux qui se sont tus et qui se taisent encore! […] Parce qu’on est complice quand on se tait! J’en appelle à tous les musulmans de France pour qu’ils se réveillent, ils ne peuvent pas continuer à tolérer cela! […] Nous avons toujours bien accueilli ces populations, mais elles ont en revanche un devoir de soutien à notre pays et ses valeurs de tolérance et de respect.»

Si elle n’apprécie pas le terme de «guerre civile», espérant qu’en France «la population va se ressaisir», la sénatrice revient sur la «guerre, menée par le terrorisme islamiste qui est d’autant plus dangereuse qu’elle est asymétrique, insidieuse, sournoise». Pour cette présidente de commission à l’Assemblée parlementaire de l’Otan, auteur de plusieurs rapports sur ce sujet, «certains autres pays n’ont pas conscience du risque de ce qui est en train de se jouer en France.»

«Et en tant que parlementaire, je me sens aussi coupable –et j’ai sans doute aussi ma part de responsabilité– pour ne pas en avoir été assez ferme, pour ne pas avoir été assez écouté, ne pas avoir parlé assez fort. Maintenant, trop c’est trop, ce dernier attentat est vraiment la goutte d’eau qui fait déborder le vase», martèle-t-elle, encore sous le coup de l’émotion.

«C’est le début de la guerre civile en France», tranche quant à lui, toujours au micro de Sputnik, Philippe de Villiers, ex-Président du Mouvement pour la France (MPF). À ses yeux, le constat est sans appel. «Cette guerre civile est le résultat de l’incompétence, de la nullité, de l’inculture et de l’abdication de la classe politique française depuis 40 ans», assène cet ancien candidat aux présidentielles.

Un diagnostic que confirme un autre ex-candidat à l’investiture suprême et lui aussi passé par les bancs de l’ENA, François Asselineau, Président de l’Union Populaire Républicaine (UPR). «Tous les éléments semblent se mettre en place pour aller vers une guerre civile», concède-t-il à notre rédaction. François Asselineau souligne ce qui lui apparait être une contradiction dans le discours politique français concernant l’immigration issue de pays de confession musulmane.

«Les mêmes qui ont favorisé ce système, qui ont incité à ne jamais regarder cette situation en face, sont maintenant ceux qui veulent qu’il y ait une liberté d’expression qui consiste à faire des caricatures qui sont perçues comme particulièrement offensantes par les mêmes musulmans qui sont venus. […] Que cela plaise ou non, on ne va pas changer les musulmans qui, dans leur grande majorité, sont des gens qui sont extraordinairement attachés à la personnalité du prophète de l’islam.»

«On ne peut pas vouloir une chose et son contraire», insiste-t-il avant d’ajouter que «ce n’est pas en faisant cela qu’on va s’attacher le cœur et l’âme des musulmans qui vivent en France.» Sur ce sujet, François Asselineau regrette l’aventurisme d’Emmanuel Macron.

Face à la Turquie, la France trahie par ses partenaires

Le président de l’UPR déplore que le Président de la République ait ouvert «plusieurs fronts» alors qu’il «n’a pas les moyens juridiques, policiers, militaires» pour protéger les Français contre les conséquences tragiques de ces propos. François Asselineau rappelle les menaces d’Al-Qaeda* suite à la republication des caricatures de Charlie Hebdo et des déclarations du Président de la République sur les «séparatismes» religieux. «Ils ont cité nominativement les lieux de cultes chrétiens ainsi que des imams qui ont soutenu les déclarations de Macron.»

À ce manque de moyens s’ajoute l’absence de «soutien diplomatique» selon le candidat à la présidentielle. Pour lui, le salue ne viendra pas de l’Union européenne, soulignant l’absence de soutient tant des partenaires de l’Otan qu’Européens à Emmanuel Macron dans son bras de fer avec Recep Tayyip Erdogan.

«Vous remarquerez que Madame Merkel et le Premier ministre néerlandais n’ont protesté que contre les propos offensants qu’Erdogan a tenus à l’égard de Macron sur sa santé mentale, mais sur le fond de l’affaire, notamment sur la publication et la mise en avant des caricatures, il n’y a personne, c’est ça la vérité!»

Un manque de réactivité de l’UE qui contraste fortement avec l’attitude de Bruxelles à l’égard de la Russie. Un autre deux poids, deux mesures aux yeux d’Asselineau, qui rappelle par ailleurs que c’est cette même Russie, honnie des Occidentaux, qui a défait les combattants islamistes en Syrie, eux-mêmes soutenus matériellement par l’Occident. «Le véritable rempart contre l’islamisme, c’est la Russie», lâche-t-il ainsi.

«Il faut une législation d’exception et il faut la volonté de faire la guerre»

Dans la foulée de l’attaque de Nice, des voix se sont élevées à droite pour donner un nouveau coup de vis à la législation en vigueur afin de faire cesser ces attentats sur le territoire national. Marine Le Pen a notamment évoqué la nécessité d’adopter une «législation de guerre». Un point sur lequel Joëlle Garriaud-Maylam se dit «malheureusement, assez d’accord» avec la présidente du Rassemblement national (RN). Face à cette multiplication des actes islamistes en France «Nous devons enfin avoir cette politique de fermeté qui est indispensable!» insiste-t-elle, ajoutant que «nous devons avoir une tolérance zéro!»

«Il faut une législation de guerre, il faut une législation d’exception et il faut la volonté de faire la guerre à ceux qui nous font la guerre et ne pas être dans la posture du pacifisme qui nous désarme, comme c’est le cas depuis 40 ans», déplore pour sa part Philippe de Villiers.

Une rhétorique qui ne fait pas l’unanimité dans la classe politique française: «ce n’est pas le moment pour une telle récupération politique, c’est d’une indécence incomparable vis-à-vis des victimes et de tous», s’émeut à notre micro Michel Larive, député La France Insoumise (LFI). Des récupérations, à ses yeux «malsaines et nauséabondes».

«Il ne faut pas donner le point aux djihadistes. Ils veulent que nous nous fracturions, que notre cohésion sociale républicaine se fracture. Il ne faut surtout pas leur faire ce plaisir!», insiste le député insoumis.

Ce dernier appelle «tout le monde à la responsabilité», précisant que son parti soutiendra toute unité nationale si le gouvernement y faisait appel. «Unité nationale ne veut pas dire union politique», tient-il cependant à préciser.

En matière législative, de nombreux outils existent déjà, mais ceux-ci sont peu appliqués. Exemple frappant de la déchéance de nationalité qui ressurgit dans le débat de la lutte contre le terrorisme, alors même que le Code civil prévoit depuis près de trente ans que «toute personne se comportant comme le national d’un pays étranger peut se voir retirer la nationalité française.»

En effet, depuis le discours d’Emmanuel Macron sur le «séparatisme», deux attentats islamistes ont frappé le pays, sans compter ceux qui ont échoué et ceux qui ont frappé les représentations diplomatiques françaises à Djeddah et à Chypre. Peut-on dès lors, encore parler d’un simple «séparatisme»?

*Organisation terroriste interdite en Russie

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