
°° WEBTUBE : C’est sans doute un hasard : le jour où Macron reçoit en grande pompe le nouveau président syrien, les mains encore rouges des massacres perpétrées par les organisations qu’il a soutenues ou dirigées (Daech et l’État islamique), l’Algérie rappelle à la France son mépris. Le ministère des Affaires étrangères français a confirmé, ce 7 mai, que l’Algérie émettait deux mandats d’arrêt internationaux contre l’écrivain algérien de langue française Kamel Daoud. Boualem Sansal, lui, est toujours l’otage de l’Algérie, en dépit d’un vote massif de l’Assemblée nationale, ce 6 mai, vote favorable à sa libération, à l’exception notable du groupe des députés LFI. Deux incroyables provocations.
La presse algérienne, qui n’est tendre ni avec la France, ni avec Retailleau, ni avec Sansal, ni avec Le Pen, canonne désormais Daoud pour une sombre histoire de rescapée d’un massacre pendant la décennie noire de guerre civile en Algérie (entre 1992 et 2002, 200.000 morts) dont Daoud aurait utilisé l’histoire sans son consentement. Kamel Daoud s’en défend. Il est, lui aussi, un grand écrivain d’expression française, devenu français en 2020, lauréat du prix Goncourt du premier roman en 2015 pour Meursault, contre-enquête et d’un prix Goncourt en 2024 pour Houris. Excusez du peu.
Barrot : « un vulgaire touriste dans un souk ! »
La dimension de l’écrivain donne l’exacte mesure du culot de l’Algérie, jeté une nouvelle fois à la figure du macronisme qui finira « le ventre usé par la marche », comme dit le Cyrano de Rostand.
La France et les Français pourraient désormais porter plainte contre l’Algérie pour maltraitance persistante, si nous ne donnions des signes manifestes de… consentement. La France « mère des armes, des arts et des lois » emprunte, au fur et à mesure des jours qui passent, le visage de l’esclave humilié qui en redemande. Dans ce rôle, notre ministre des Affaires étrangères tient une ligne très cohérente. Le prestige de la France à l’étranger, c’est lui : c’est son métier, sa responsabilité, son rôle, la justification des coûts qu’il engendre. Or, avec une régularité de pendule suisse, Barrot, qui est dans ce dossier comme les autres l’ombre fidèle de Macron, vient se coucher aux pieds du président Tebboune qui piétine consciencieusement le représentant de la cinquième puissance mondiale.
Une situation bien résumée par le député RN et ancien chroniqueur de CNews Guillaume Bigot, à l’Assemblée nationale : « Le ministre Barrot a été baladé par le régime algérien comme un vulgaire touriste dans un souk ! Le 6 avril, il nous a expliqué que cette diplomatie allait apporter des résultats. Moins d’une semaine plus tard, douze agents de l’ambassade française ont été expulsés par l’Algérie ! » Bigot cite Nietzsche : « La lâcheté attise la cruauté. »
Le 6 avril, voilà un mois donc, le ministère du même Barrot tweetait en effet orgueilleusement : « Jean-Noël Barrot était aujourd’hui à Alger pour rencontrer Amadjid Tebboune : la France et l’Algérie souhaitent relancer le dialogue, d’égal à égal, au bénéfice mutuel des deux pays. » Une éclatante réussite. Comme un tenancier de théâtre de guignol, le même Tebboune ajoutait, officiellement : « Le rideau se lève. » Le même jour, Barrot lançait, sur X, avec la naïveté du mari trompé : « Nous reprenons notre coopération dans tous les domaines. »
Je suis venu à Alger pour porter le message du Président de la République : nous devons tourner la page des tensions pour reconstruire un partenariat d’égal à égal, dans l’intérêt de nos deux pays.
— Jean-Noël Barrot (@jnbarrot) April 6, 2025
Nous reprenons notre coopération dans tous les domaines. pic.twitter.com/Bbm5u4zsBY
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Le ministre avait lâché sur tous les dossiers, sans rien obtenir.
Ce n’est pas la première fois que la France subit l’humiliation, vis-à-vis du voisin algérien. En 2022, Macron avait déjà franchi la Méditerranée pour s’humilier devant Tebboune, suivi d’une bonne partie du gouvernement emmené, à l’époque, par Élisabeth Borne. On avait même été vénérer la mémoire de ceux qui avaient lutté… contre la France, lors de la guerre d’Algérie. La France avait commandé un mémoire de réconciliation historique. Résultat ?
Question d’honneur
Fin avril 2024, l’Algérie serait venue sur notre sol enlever un opposant au régime algérien, l’influenceur Amir Boukhors. Un remerciement très spécial et un irrespect absolu. Trois hommes, dont un travaillant dans un consulat d’Algérie en France, étaient poursuivis pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste (PNAT). L’épisode aurait rompu les relations diplomatiques entre deux pays quels qu’ils soient dans le monde. Elle s’est donc soldée par une expulsion mutuelle de diplomates.
Aujourd’hui, Boualem Sansal dort toujours en prison. Kamel Daoud est menacé de le rejoindre. Les laissez-passer pour les OQTF expulsés par la Justice française après des dépenses très lourdes de la France en frais de justice, hôtels, centres de rétention administrative (CRA), etc., attendent toujours le bon vouloir du pouvoir algérien. La nationalité algérienne reste toujours la plus représentée dans les prisons françaises. La presse algérienne crache toujours sur nos responsables. Les Franco-Algériens sont toujours parmi les pourvoyeurs de l’islamisme en France.
Désormais, ce n’est plus une question d’intérêt, de diplomatie, d’économie ou de paix intérieure, c’est une question d’honneur. A minima, Jean-Noël Barrot devrait présenter sa démission et se faire oublier.
- Marc Baudriller, dans BV