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La série avait démarré en 2004, sur France 3, autour d’une poignée de personnages principaux. Elle va prendre fin à l’issue de cette ultime saison. Elle se sera poursuivie pendant dix-sept saisons, autour des personnages du quartier marseillais (fictif) du Mistral. Pour ceux qui connaissent, l’annonce de la fin de la série est un déchirement. Des problèmes de rentabilité, apparemment. On se pince pour y croire.
Si vous ne connaissez pas Plus belle la vie, c’est fort dommage. Ce sont d’abord des personnages tirés du réel : un flic raciste (mais, depuis, il a changé !) en couple avec une fliquette issue de l’immigration, un couple homo qui a adopté deux enfants métis, des mères célibataires qui constituent la norme, un jeune Maghrébin qui se fait agresser par des Blancs… la vie comme en bas de chez soi, en somme. Le quartier du Mistral, c’est aussi une vue sans fard et sans concession de Marseille. Dans un décor qui mélange harmonieusement le centre-ville d’Aix-en-Provence et le quartier du Panier, on ne trouve que petites épiceries, cafés et hôtels, ruelles propres et voisins souriants. Pas de poubelles éventrées, pas de kebabs servant à blanchir l’argent du cannabis, pas de graffitis ni de papiers gras… toujours ce goût de l’hyperréalisme. On essaie tout, au Mistral : les régularisations massives, la fille qui part avec le mari de sa mère, l’amour à trois, les grands-mères qui roulent des pétards, les personnages trans, les fachos qui sont nécessairement des ratés antipathiques… Mise en scène Benoît Hamon, à la lumière, c’est Christiane, merci à Jean-Luc pour la technique.
Vous allez me dire que certaines choses manquent, dans ce quartier : des familles nombreuses en survêtement, des mères voilées, des courses-poursuites avec la police… Peut-être est-ce parce que la plupart des scénaristes sont de gauche, et que les dialogues s’en ressentent. On pourra, par exemple, lire cet article du Parisien TV : « Plus belle la vie » est-elle de gauche ? pour trouver un point de vue alternatif ; dans lequel la dame interrogée constate notamment que c’est difficile, pour les scénaristes, de trouver une manière crédible de porter la contradiction (marqueur historique de la gauche : la surdité aux arguments des autres). Oui, les méchants sont toujours des bourgeois riches, les sans-papiers toujours des lycéens, les catholiques toujours de gauche, les salauds toujours de droite… C’est le service public !
Ou, plutôt, c’était le service public, donc, puisque la série va s’arrêter. Adieu propagande ! Mais aussi adieu Provence, adieu intrigues un peu idiotes mais plutôt attachantes, adieu messages progressistes tellement grossiers qu’ils en devenaient négligeables. Il me faut vous dire que je commence à ressentir pour cette série, depuis l’annonce de son arrêt définitif, une certaine nostalgie. Principalement, d’ailleurs, parce que l’on ignore quelle production – fatalement encore pire – remplacera celle-ci…
Arnaud Florac, Boulevard Voltaire
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