Articles : Fev. 2022 – Jan. 2022 – Dec. 2021 – Facebook : https://www.facebook.com/ORTF-News-107572991571884
Qui sème le vent récolte la tempête. Telle serait, peut-être, la morale à tirer de la success story Facebook de ces dernières années. Après dix-huit ans de bons et loyaux services pour numériser – et épier – la vie des gens, serait-il temps de passer à autre chose ?
Le coup de grâce est survenu, ce jeudi 3 février. Facebook – excusez, Meta, de son nouveau nom – serait au plus mal, le groupe californien ayant vu le cours de ses actions chuter de 25 %, à Wall Street, en moins de 24 heures, soit un impact de 200 milliards de dollars sur sa capitalisation boursière. Juste retour des choses ? En à peine deux ans, de mars 2020 à décembre 2021, le cours de Bourse de Facebook a fait un bond de plus de 124 %, le groupe ayant profité pleinement de la crise sanitaire pour s’enrichir, comme l’ensemble des GAFAM. La chute de 25 % semble donc, à première vue, surtout être une (brutale) correction du marché d’un actif survalorisé.
Les raisons économiques avancées abondent. Premièrement, la nouvelle stratégie du groupe a déçu. En cela, le virage Meta de fin octobre 2021 est symptomatique des lubies de son PDG Mark Zuckerberg. Le groupe Facebook a, en effet, changé son nom pour symboliser une diversification d’activités concentrée sur le métavers.
Mais, en bons déconnectés (oserait-on dire « réactionnaires » ?), peut-être n’aviez-vous pas plongé dans ce nouvel univers ? Le terme vient du roman futuriste Le Samouraï virtuel, écrit par Neal Stephenson en 1992. Il s’agit d’un monde entièrement virtuel où les utilisateurs interagissent grâce à des avatars. Une version super premium des « Sims », en somme, où les actions peuvent être toutefois intriquées à celles de la vraie vie (on peut y acheter et vendre des produits). Un exemple très sérieux y est l’investissement immobilier.
Quoi qu’il en soit, avoir parié autant d’argent (10 milliards de dollars, en 2021), et de façon si unilatérale, fait passer, outre-Atlantique, Mark Zuckerberg pour un enfant roi ayant cédé à un caprice, quitte à en faire subir les conséquences aux utilisateurs et investisseurs.
Deuxième élément d’explication : la concurrence impitoyable des géants Apple, TikTok et Google. On ne s’y attardera pas, tant les autres explications n’ont quasiment pas été abordées par les médias français. Car il ne faut pas écarter le volet idéologique. Chassez le réel, il revient au galop. Et durement.
Au dernier trimestre 2021, la plate-forme Facebook a ainsi perdu un million d’utilisateurs. Outre la présence massive et rebutante de publicités, on peut s’interroger sur les effets de la censure. Depuis un an et le bannissement de Donald Trump, des flux d’utilisateurs se sont déversés vers des plates-formes plus libres (Odysee, Telegram, Gab, VK, Gettr, Truth Social [le réseau social de Trump, en ligne dès ce 21 février], etc.), rendant Facebook, de facto, obsolète.
Ensuite, Meta est en permanence sous les feux des projecteurs judiciaires pour diverses raisons : violation de la vie privée, ingérences internationales, effets néfastes sur les adolescentes (cas d’Instagram, en particulier, dont Meta est propriétaire), failles dans la sécurité des données, désinformation, etc.
Enfin (autre échec cuisant), l’annonce officielle, la semaine dernière, de l’arrêt du développement de sa propre crypto-monnaie. Libra, rebaptisée Diem, avait été annoncée dès 2019. Facebook voulait proposer un système de paiement mondial, via messagerie instantanée, et se positionnait en concurrent direct du système bancaire. La structure (« The Diem Association ») vient d’être revendue à la banque Silvergate. À noter que les autorités financières (particulièrement la Fed) ont pris la chose très au sérieux, le projet s’ajustant mal aux déploiements prochains des monnaies nationales numériques.
Le désintérêt pour les GAFAM, les appels au boycott et l’émergence d’acteurs plus indépendants ne peuvent être que réjouissants pour l’avenir. Cette inclination apparaît comme un mouvement de fond. N’oublions pas que, comme les tyrannies, les monopoles ne sont pas éternels.
Gaëlle Baudry, Boulevard Voltaire
Ecoutez DJMusic.fr