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Huawei investit 200 millions d’euros pour son usine à Brumath, dans la région Grand Est. Ce site lui offrira un point d’ancrage européen sur le marché de ses deux principaux concurrents des télécommunications, le suédois Ericsson et le finlandais Nokia. Au deuxième trimestre 2020, il est devenu le premier vendeur mondial de smartphones (1,55 milliard vendus en 2018).
Des Français au conseil d’administration, ça aide
Jean-Louis Borloo, administrateur de Huawei France depuis 2016 (250 000 € par an), en part en 2020. Jean-Marie Le Guen (plus de trois millions d’euros de patrimoine déclaré) le remplace et Jacques Biot, ancien président de Polytechnique, lobbyiste de Sanofi, dirigeant d’un cabinet de conseil, devient président de Huawei France.
Huawei n’a pas accès au marché de la 5G en France
Huawei a choisi la France car aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne, c’est impossible. En France, les opérateurs télécoms n’ont toutefois pas le droit d’utiliser du matériel Huawei dans leur réseau 5G.
Xavier Niel, Drahi, Bouygues travaillent avec Huawei
Ces nouvelles règles limitant l’expansion de Huawei sont contestées par SFR et Bouygues Telecom. Bouygues Telecom devra retirer 3 000 antennes Huawei d’ici à 2028 dans les zones très denses en population, et n’aura pas le droit d’utiliser des antennes Huawei pour la 5G à Strasbourg, Brest, Toulouse et Rennes.
Monaco a noué un accord pour la 5G en 2018, entre Huawei et Monaco Telecom, détenu à 55 % par Xavier Niel, via sa holding personnelle NJJ Capital. Inutile de dire que Xavier Niel n’apprécie pas plus que Drahi et Bouygues les restrictions envers Huawei.
Soupçonné d’espionnage, Huawei sera implanté au centre des services secrets
Depuis 2015, six ministères, les agences de renseignement, de sécurité des systèmes d’information et le gendarme de la cybersécurité sont impliqués dans un dispositif dont le nom de code est Cerbère. La France craint l’espionnage du gouvernement chinois via Huawei.
Tant de prudence pour finir par ouvrir la porte du Grand-Est à la Chine ! Car Brumath, où va s’implanter l’usine Huawei, est à :
- 13 km de Haguenau : 2e régiment de Hussards (renseignement d’origine humaine), du 54e régiment de transmissions (renseignement électromagnétique et guerre électronique) et du 28e Groupe (données géographiques),
- 33 km de Mutzig : 44e Régiment de transmissions,
- 24 km de Strasbourg : commandement du renseignement de l’armée de Terre, centre de formation interarmées au renseignement, siège du quartier général du Corps européen Eurocorps.
- 26 km de Illkirch-Graffenstaden : siègede l’état-major de la 2e brigade blindée.
La route de la soie passe-t-elle par Brumath ?
Tandis que les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne se protègent de la Chine en excluant Huawei, la France lui ouvre ses zones stratégiques. Jean Rottner, président du Grand Est, avait signé un accord de coopération entre la région Grand Est et la province du Sichuan en 2018.
La nouvelle route de la soie, liaison ferroviaire entre la Chine et l’Europe, passera par le Sichuan et la plateforme de fret de Bettembourg au Luxembourg. Brumath est sur le tracé. Le président Rottner souhaite d’ailleurs une ligne directe Chengdu-Bâle-Mulhouse, afin de développer… le tourisme sichuannais dans la région. On aurait pu espérer un développement industriel et commercial, mais non. La France, une simple destination touristique dans le nouvel ordre mondial ? Ça se prépare, dirait-on.
Jacqueline pour Le Média en 4-4-2