. Presque vingt ans d’attente… Que vaut le dernier disque des Rolling Stones ?

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++ WEBTUBE : Il faut parfois savoir se retirer en pleine gloire. Ce nouvel album des Stones n’est pas mauvais, il est simplement insipide et pauvre musicalement. Ou sont les chansons et la créativité d’antan ?

L’article dans BV :

Le dernier album des Rolling Stones, A Bigger Bang, remonte à 2005. Et depuis ? Rien, si ce n’est un disque de reprises de blues des plus brinquebalantes, Blue And Lonesome, sorti en 2016. Autant dire que leur nouvel opus, Hackney Diamonds, était plus qu’attendu ; même si la vérité oblige à dire que les fans n’en attendaient pas grand-chose.

Ils n’avaient pas tort. Déjà, la pochette, hideuse, comme si un stagiaire fou s’était énervé, une nuit durant, sur Photoshop pour aller jusqu’au bout de la laideur pixellisée. En dix-huit ans, il y avait sûrement moyen de trouver moins moche. Puis, les chansons, où ce qui en tient lieu ici. Non point qu’elles soient mauvaises, mais que de chansons il n’y a point, tout simplement.

Absence de distinction entre refrains et couplets

En effet, la tradition du genre, européenne en l’occurrence, veut qu’il y ait des couplets et un pont, un arpège, généralement, permettant d’aller au refrain. Georges Brassens le savait mieux que personne, les Beatles aussi, et même les Rolling Stones, en leur temps. Là, on n’entend que de vagues phrases musicales. Comme si l’orchestre de sir Mick Jagger s’était conformé à l’affaissement du niveau musical général.

Il est vrai que ce phénomène touche la musique depuis maintenant des décennies : suppression de ce fameux pont, pour commencer, et absence de distinction entre refrains et couplets, pour aboutir aux simples phrases musicales plus haut évoquées. Bref, rien qui ne puisse vraiment se mémoriser et se siffloter sous la douche. Que des célébrités se prenant pour des stars, telles Rihanna, Britney Spears ou Beyoncé, adoptent la vulgate du temps, rien que de très logique. Que les Rolling Stones suivent ce chemin l’est déjà nettement moins.

Certes, il y a les affres de la création et même les plus grands artistes ne peuvent rester indéfiniment au sommet. Paul McCartney, pour ne citer que lui, a livré tous ses chefs-d’œuvre avec les Beatles pour, ensuite, signer quelques ultimes tubes avec son groupe, les Wings, dans les années 70 du siècle dernier : Band on the Run (1973) ou Let ‘Em In (1976). Aujourd’hui, il continue d’emplir les stades, mais en interprétant ses succès de jadis. Et même persistant à composer de véritables chansons, au contraire des Rolling Stones, si le cœur y est toujours, le génie n’y est plus.

À cette règle, il y a néanmoins quelques exceptions. Francis Cabrel, chez nous, dont chaque album est généralement plus somptueux que le précédent. Eric Clapton qui, même condamné à jouer sur scène ses classiques d’avant, sort encore, dans l’indifférence générale, des albums de très haute tenue, tel I Still Do (2016), avec des pépites telles que « Spiral » ou « Catch the Blues ». Sans oublier le défunt David Bowie qui, toujours, aura tenté de se réinventer, jusqu’à son album Blackstar publié post-mortem en 2015, en ne cédant jamais à la facilité, même à l’article de la mort.

Leurs chansons auront rythmé nos vies

Alors, les Rolling Stones ? Bien sûr que l’auteur de ces lignes s’est rué acheter ce foutu Hackney Diamonds le jour de sa sortie, tout en sachant que la déception serait une fois encore au rendez-vous. Pourquoi ? Tout simplement parce que malgré tout, en plus de six décennies de carrière, leurs chansons auront rythmé nos vies. Qu’on aura eu les yeux mouillés à l’écoute de Lady Jane (1966), cru à la révolution (de gauche comme de droite) avec Street Fighting Man (1968), pris un râteau adolescent sur Angie (1973), le slow pourtant conçu pour emballer, et même tortillé du popotin sur le très disco Miss You (1978).

Alors, rien que pour ça, on pardonnera aux deux derniers survivants, Mick Jagger et Keith Richard (Ron Wood n’étant que pièce rapportée), de persister. En attendant leur prochaine tournée, alors qu’ils auront passé les 80 balais. Car, riches à millions, ce n’est pas pour l’argent qu’ils le font. Mais pour la passion. Voilà qui peut forcer l’admiration, malgré ce disque dont l’achat est hautement dispensable.

Nicolas Gauthier, Boulevard Voltaire

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