. 238 nouvelles brigades de gendarmerie en France : et pour quoi faire ?

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La nouvelle a été vendue avec un dispositif de communication pléthorique, et même un peu obscène, comme le gouvernement en a le secret. Des photos, des vidéos, des discours – dont le moindre n’est pas celui du président de la république. Dans une brève réponse à des journalistes, il réussit le tour de force de dire qu’il avait pressenti le besoin de sécurité des Français dès 2017, que les forces de l’ordre ont été particulièrement éprouvées, et que les problématiques de la « France la plus rurale » (« la ruralité »« en régions », « dans les territoires ») sont souvent les mêmes que celles de « la France la plus urbaine ».

À ce sujet — Répartir les migrants dans les campagnes : l’exécutif publie un mode d’emploi

On sait que la ligne de partage entre le domaine de la police et celui de la gendarmerie est celle qui sépare la ville de la campagne. La création des 238 brigades de gendarmerie, donc de militaires (quoique rattachés au ministère de l’Intérieur) a donc notamment vocation à faire de l’aménagement du territoire – contrairement à l’assertion de Nicolas Sarkozy en 2010, souvenez-vous : « L’armée n’a pas vocation à faire de l’aménagement du territoire ». C’est un peu ce que dit Macron quand il parle, dans la même intervention, de lien social. Pour le reste, outre l’évidence qu’il affirme (oui, merci monsieur le Président, les émeutes ont sollicité les forces de l’ordre), Emmanuel Macron dit des choses pour le moins contestables. S’il avait pressenti le besoin de sécurité des Français dès 2017, peut-être n’aurait-il pas laissé sciemment la France devenir Haïti. Peut-être n’aurait-il pas accueilli un million de migrants en France (au bas mot) entre 2017 et 2022 – alors même que la corrélation entre immigration et délinquance est désormais parfaitement documentée.

Les deux France

Quant à comparer les problématiques de « la France la plus rurale » à celles de « la France la plus urbaine », on dépasse ici largement le cadre de la réforme ou de la mesure politique pour s’aventurer sur les terres de l’imagination. La France rurale est isolée, pauvre, mal connectée, méprisée, au chômage. La France « la plus urbaine » (disons les choses : les banlieues perdues) est gavée de subventions (100 milliards d’euros dans les plans banlieue successifs), hyperconnectée (y compris pour coordonner les pillages de magasins), enrichie par le trafic de stupéfiants et, malgré la pleurniche, dans une situation de chômage qui ne l’empêche pas pour certains de ceux qui la peuplent de rouler en voiture de sport ni de partir semer la pagaille à Dubai ou Phuket.

Ou alors, est-ce à dire que Macron reconnaît que son projet, grâce à la « répartition des difficultés », c’est-à-dire grâce au saupoudrage de migrants dans les campagnes, est de transformer la France des villages, des clochers, des sources et des bois en un immense dépotoir de banlieue, une salle de shoot à ciel ouvert, un Rwanda sous climat continental, un réseau de salles de prières clandestines ? Ce serait tragique, mais d’une honnêteté plutôt bienvenue.

Un guichet supplémentaire ?

Bref, voici donc 238 nouvelles brigades de gendarmerie. Une photo terrifiante montre notre chef des armées, avec ce charisme de Playmobil qu’on commence à lui connaître, aux côtés de gendarmes joviaux et ventripotents, sortis de la France des Trente Glorieuses, certainement excellents pour recréer du lien social, mais peut-être (on peut du moins le supposer) un peu moins en pointe pour faire face à des scènes de guérilla urbaine, à des tirs de mortiers, à des attaques à la machette, à des réseaux de stupéfiants qui tirent à la Kalachnikov.

En soi, il est toujours bon de créer de la cohésion, de mailler le territoire, de remettre de l’ordre. Mais au fond, ces 238 brigades de gendarmerie, soit 2.100 gendarmes selon le ministère de l’Intérieur, pour quoi faire ? « L’accueil du public, des victimes, la prise de plainte », dit le dossier officiel. Un bureau de poste du crime, en somme. Un guichet de documentation de la chute. Nous y voilà.

Arnaud Florac, BV

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