Fronde et mal-être : à Béziers, 100 % des policiers nationaux à l’arrêt

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Articles     : Juillet 2023Juin 2023Mai 2023Avr. 2023  – Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews

La fronde des policiers se poursuit. Dans la nuit du 29 au 30 juillet, les commissariats de de l’Hérault, particulièrement touchés par le mouvement de colère, fonctionnaient au ralenti. À Béziers, 100 % des policiers nationaux se sont mis en arrêt maladie. Dans les autres villes du département, comme dans de nombreux commissariats de France, les forces de l’ordre ont activé le « code 562 », un jargon policier qui signifie qu’elles appliquent désormais le service minimum, sans prise d’initiative. Symptôme d’un profond mal être au sein de la police nationale, cette crise fait suite au placement en détention provisoire de l’un des agents soupçonnés d’avoir commis des violences contre un jeune homme lors des émeutes Marseille au début du mois de juillet.

« Il n’y avait aucun fonctionnaire de la police nationale dans la nuit du 29 au 30 juillet à Béziers » confirme auprès de BV, Robert Ménard, maire de cette commune depuis 2014. L’élu, un temps proche de Marine Le Pen, peut compter sur « une importante police municipale », armée depuis 2015, pour assurer un service minimum. Mais cela ne suffit pas. « Comme maire, cette crise me pose un vrai problème pour la sécurité de la commune, notamment les week-ends » nous explique-t-il. « J’ai demandé jusqu’à quand les policiers de Béziers seraient en arrêt maladie. Et pour certains, cela va jusqu’au 15 août. Or à Béziers, les 13,14 et 15 août, nous accueillons près d’un million de personnes pour la feria. J’espère qu’on trouvera une solution » s’inquiète-t-il. Pour autant, l’édile, qui salue en chemin des policiers venus communiquer auprès des Biterrois, reste aux côtés des forces de l’ordre. « Même si je suis inquiet pour la sécurité de Béziers, je les comprends totalement. » commence-t-il. Et de préciser : « On a l’impression qu’on traite moins bien un policier qu’une crapule. J’ai le sentiment qu’on trouve plus facilement une place de prison pour placer un policier en détention provisoire que pour y mettre un délinquant ».

À ce sujet — [Réaction] « Les policiers ne sont pas au-dessus des lois, ni au-dessous »

Mal être des forces de l’ordre

Robert Ménard, bien qu’en désaccord sur la ligne politique du gouvernement, salue également la prise de position de Gérald Darmanin en faveur des policiers. « J’applaudis son courage, surtout qu’il a du se mettre à dos toute une partie de la majorité » tient-il à ajouter. Pour rappel, le ministre de l’Intérieur, quelques heures avant de recevoir les syndicats des forces de l’ordre, a affirmé « comprendre [la] colère » des policiers. Lors des émeutes, ils « ont été valeureux, courageux. Aujourd’hui ils ont une émotion, une colère, une tristesse. Je veux leur assurer tout mon soutien et que l’immense majorité de la population les soutient » a ainsi affirmé le locataire de la place Beauvau. Une déclaration qui fait suite à celle de Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, qui avait rappelé dans les colonnes du Parisien qu’ « avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». Une position que soutient le maire de Béziers. « Les policiers n’ont pas le droit à l’impunité. S’ils ont fait une connerie, ils doivent être sanctionnés. Mais ils ne sont pas en-dessous des lois non plus. » assène le maire. Il se dit favorable à une présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre, proposition soutenue par son épouse, Emmanuelle Ménard, à l’Assemblée nationale, ainsi que par Marine Le Pen et Éric Zemmour, lors de la dernière campagne pour l’élection présidentielle.

Ce lundi 31 juillet, la préfecture de l’Hérault tente de rassurer les habitants et informe qu’« après un week-end à effectifs réduits, les policiers nationaux sont de nouveau sur le terrain à Béziers ». Si Robert Ménard s’en réjouit, il appelle à trouver une véritable solution à cette crise. « Les policiers ont le sentiment d’être déconsidérés, d’être des boucs émissaires. Il faut régler le problème de fond, à savoir le mal être au sein des forces de l’ordre ». Déconsidérés dans leur travail, jugés par le peloton médiatique, pointés du doigt par une partie de la classe politique – notamment la Nupes qui n’hésite pas à affirmer que la « police tue » -, les policiers expriment lancent un cri d’alarme. Ainsi 40% d’entre eux sont aujourd’hui en situation de détresse psychologique, et 24% assurent avoir déjà eu des pensées suicidaires, selon le dernier baromètre de la Mutuelle des forces de sécurité. Autre preuve de ce mal être : le taux de suicide chez les policiers et gendarmes est « anormalement élevé » s’inquiétait en 2018 un rapport sénatorial. Emmanuel Macron qui avait condamné, avant la justice, le geste du policier responsable de la mort de Nahel, saura-t-il entendre leur cri de détresse et répondre à leur souffrance ?

Clémence de Longraye, dans BV

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