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À Bayonne, j’ai compris le sens de ce cri du cœur basque : « Si, une fois dans la vie, t’as pas fait ton paquito, t’as raté ta vie. » Il n’y a, dans ces mots, ni moquerie ni condescendance, mais juste une façon d’exprimer un état d’esprit, une façon de dire l’extraordinaire hospitalité basque.
Pour les béotiens, le « paquito » est l’activité festive incontournable durant les Fêtes de Bayonne. Son principe est assez simple : plusieurs personnes s’installent à même le sol, les unes derrière les autres, puis, imitant les mouvements des rameurs, elles bougent au rythme des chants traditionnels et dans l’ambiance, les participants vont, chacun à son tour, réaliser une sorte de chenille en se laissant porter jusqu’au bout de la chaîne. C’est un moment unique de solidarité, de fraternité et de confiance, il faut y avoir participé pour comprendre la transe que procure le « paquito ».
Durant les fêtes, les participants, qu’on appelle là-bas les festayres, prennent les clés de la ville, l’événement se déroulant en plein cœur de l’été, du dernier mercredi de juillet au dimanche suivant, c’est tout naturellement que cette réjouissance, bientôt centenaire, attire chaque année autant de monde.
Les jours sont chauds, les nuits sont brûlantes, on se croise, on se toise, on se regarde, on se sourit, on s’apprécie, on chante, on rigole, on a l’impression soudaine que le temps s’est arrêté et c’est magnifique. Alors même si Sigmund Freud a dit « Une fête est un excès permis, voire ordonné », à chaque édition, on sait qu’en venant à Bayonne, malgré les extraordinaires dispositifs de sécurité mis en place par les autorités locales et nationales, nul n’est à l’abri de débordements, d’agressions et autres. Allons-nous, pour autant, abandonner ces traditions qui font notre pays ?
À ce sujet — [L’été BV] Philippe Monguillot, chauffeur de bus, tué par quatre hommes
Partager notre amour du pays
Les Fêtes de Bayonne font partie de ces réjouissances au cœur de l’été partout en France au cours desquelles chacun a l’occasion de vivre ce moment de francité devant nous permettre de partager ce que nous avons de plus précieux : notre amour du pays. Un couple d’amis (de Guyane pour l’un, de Côte d’Ivoire pour l’autre) et leurs trois enfants m’ont accompagné à Bayonne, c’étaient leurs premières vacances d’été dans l’Hexagone. Ils sont repartis du Pays basque avec les yeux pleins de bonheur, osant même me dire : « Finalement, ça vaut mieux et ça revient moins cher que les séjours habituels à Pointe-à-Pitre ou Abidjan… » Comme quoi ! C’est là tout le paradoxe de la France : premier pays à attirer des touristes étrangers en quête de découverte de notre patrimoine, pendant que les Français choisissent d’aller hors du pays pour apprécier des choses qui existent chez nous.
La France est riche et belle de son Histoire. Sa culture est unique au monde et nous nous devons de la pérenniser au-delà de nos origines, de nos croyances et de ce que nous pensons en nous être différents des autres. Parce que, finalement, à Bayonne, on n’aura vu que du rouge et du blanc. Personne n’aura remarqué une couleur de peau, une religion, une catégorie socio-professionnelle, un parti politique. À Bayonne, la France était une, comme nous l’aimons. Merci au Pays basque et vivement l’édition 2024 !
Permettons-nous, pour finir ce papier, de rendre un hommage particulier à Philippe Monguillot, ce fidèle des Fêtes des Bayonne, mort le 10 juillet 2020 après une agression dans le cadre de son métier de chauffeur du Tram’Bus bayonnais. Qu’il repose en paix.
Verlaine Djeni, Boulevard Voltaire
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