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S’il ne s’agissait pas d’un événement tragique, aussi bien pour la victime que pour l’auteur du tir, on pourrait ironiser sur la guerre des cagnottes qui se déroule en ce moment. D’un côté, une cagnotte pour aider la famille de Nahel, qui, à l’heure où ces lignes sont écrites, a récolté 83.484,04 euros ; de l’autre, une cagnotte lancée par Jean Messiha en « soutien à la famille du policier de Nanterre », qui a déjà atteint 570.618 euros. Mais il serait de mauvais goût, compte tenu des circonstances, de parler de compétition.
On comprend la douleur d’une mère qui défend la mémoire de son fils, même si ce n’était pas un « petit ange », comme l’a écrit Kylian Mbappé, en vacances à Miami, dans un tweet publié le 28 juin. En l’occurrence, ce footballeur vedette aurait mieux fait de se taire ou d’alimenter discrètement la cagnotte dédiée. Mais il a cru bon, sans doute parce qu’il a lui aussi grandi dans des quartiers difficiles, peut-être aussi pour être dans le vent comme beaucoup de stars, d’exprimer sa solidarité avec la victime.
On comprend aussi, à moins d’être aveuglé par l’idéologie ou par la volonté d’envenimer les choses, qu’il est absurde de prétendre, comme Sandrine Rousseau, qu’on assiste à un retour de la « peine de mort », après que le policier a tiré sur l’adolescent. L’enquête finira par révéler la vérité, mais il faut plaindre cet homme, conspué par l’extrême gauche, lâché jusque par Emmanuel Macron, qui a jugé « inexplicable » et « inexcusable » la mort de Nahel, avant même d’avoir tous les éléments d’information. Plus prudent, le préfet de police de Paris avait assuré que « s’il y a faute, il y aura sanction », et que « toute la lumière sera faite ».
À ce sujet — [Émeutes] L’honneur d’un policier
L’homme que tous ses collègues décrivent comme un homme « calme » et « irréprochable », décoré pour son courage et son dévouement, est donc publiquement traité en paria. Ce que la comparaison des cagnottes nous apprend, c’est que l’opinion publique refuse de tomber dans le manichéisme qu’on cherche à lui imposer. Elle estime que le policier, inculpé pour homicide volontaire et placé en détention provisoire est le bouc émissaire sur lequel le gouvernement fait retomber ses propres torts, son incapacité à juguler la violence et la délinquance des banlieues.
L’impuissance, pour ne pas dire la veulerie, de nos gouvernants est flagrante. Le déferlement de ces « jeunes », qui ne sont plus des sauvageons, mais de véritables sauvages, les incendies, les pillages montrent à quel point la prétendue fermeté du gouvernement n’est pas prise au sérieux. Quand on a trop longtemps été laxiste, on n’a plus aucune autorité. Le garde des Sceaux a beau demander aux procureurs une réponse judiciaire « rapide, ferme et systématique » à l’encontre des auteurs de violences urbaines, il ne convainc personne, il se donne, selon sa formule, « le sentiment » d’agir.
Empêtré dans le droit-de-l’hommisme et la bonne conscience, le gouvernement, Macron en tête, participe à la subversion des valeurs, à la décomposition de la France. La majorité des Français en est sans doute consciente. En privilégiant la cagnotte pour aider la famille du policier, ils manifestent symboliquement leur ras-le-bol, leur volonté de dégager des incapables qui, plutôt que de servir la France, ne savent que l’asservir.
Philippe Kerlouan, Boulevard Voltaire
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