Crise énergétique : en France, on devrait être les rois du pétrole

Spread the love

Articles  : Oct. 2022Sept. 2022Aout 2022Juil. 2022 Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887

En 1969, le peintre et illustrateur français Jacques Carelman publiait le fameux Catalogue d’objets introuvables. On y trouve par exemple, le tandem pour divorcés, la cafetière pour masochiste, le marteau à planter des clous dans les coins ou encore le fusil à canon ondulé pour la chasse au kangourou.

Il se trouve que la Commission européenne a décidé d’apporter sa contribution à l’élargissement de ce catalogue en inventant deux mécanismes économiques qui méritent le détour.

Le premier, c’est le plafonnement du prix du gaz. Mais oui, pourquoi n’y avons-nous pas pensé plus tôt, sacre bleu ! Le gaz est trop cher, et étrangle les ménages et les entreprises européennes ? Pour y remédier, il suffit tout simplement d’en limiter le prix en Europe, et nous pourrons ainsi tous passer l’hiver tranquillement, sans que des congères ne se développent dans nos maisons, et sans que nos usines ne ferment définitivement, entraînant une cohorte de conséquences désagréables.

Ce système pourrait d’ailleurs parfaitement être élargi à d’autres denrées et matières premières, comme le pétrole, le blé et les métaux rares. Moi-même, à ma petite échelle, j’ai décidé de plafonner le prix du pain, et je vais de ce pas en informer mon boulanger. Bien évidemment, von der Leyen a identifié un tout petit problème technique qui pourrait éventuellement retarder l’exécution de son plan. En effet, le gaz est un marché mondial, coté en dollars, et il est devenu de notoriété publique qu’il y a comme une sorte de pénurie, et que l’euro n’est pas au meilleur de sa forme ces derniers temps. Par conséquent, si nous plafonnons unilatéralement le prix d’achat du gaz russe, il est peut-être possible que les Chinois, les Indiens et tous ceux qui n’ont absolument rien à faire de ce que raconte la Commission européenne, décident de l’acheter à notre place, ou que les Russes préfèrent le brûler en pur perte plutôt que de se soumettre au diktat européen.

De toute façon, récemment, les gazoducs ont une fâcheuse tendance à exploser. Au rythme où cela va, ils seront tous hors service très bientôt, ce qui relativise un tant soit peu l’efficacité de la mesure. A quoi bon limiter le prix d’une denrée à laquelle nous n’avons plus accès ? Vous pouvez plafonner autant que vous le souhaitez le prix du kilogramme de la viande de Dodo de l’île Maurice (éteint depuis le XVIIe siècle) ou celui du steak de Mammouth, que cela ne changerait rien à votre quotidien.

Peu importe, à n’en pas douter, la Commission trouvera certainement une solution au problème d’approvisionnement énergétique européen dans les plus brefs délais ; ces gens sont des sachants, ils savent ce qu’ils ont à faire.

Le deuxième mécanisme, qui mérite un prix de créativité financière, c’est l’outil anti-fragmentation de la zone euro, qui vise à continuer de poursuivre la hausse des taux par la Banque centrale européenne, tout en maintenant des taux d’emprunt supportables pour les pays du Sud (France, Espagne, Italie, Portugal). Pour l’instant, ce dispositif n’a pas réellement porté ses fruits ; le taux d’emprunt à 10 ans de l’Italie foncent vers les 5 %, et celui de la France est passé en quelques mois d’environ 1 % à plus de 2.8 %. Il n’y a pas lieu de s’affoler, il n’est évidemment pas aisé d’appuyer en même temps sur le frein et l’accélérateur. Il faut laisser du temps au temps, et surtout croiser les doigts. Cela finira bien par fonctionner, des gens compétents nous l’ont promis.

En France, nous allons échanger avec l’Allemagne du gaz contre de l’électricité que nous aurions parfaitement pu produire nous-mêmes à un coût imbattable, si tous les lâches et les minables qui nous gouvernent depuis des décennies avaient fait honneur à leur fonction. Dans cette période de crise énergétique, nous devrions normalement être les rois du pétrole. Tous les autres, Allemagne comprise, devraient être entrain de faire la queue devant l’Élysée, afin de venir quémander quelques MWh que nous leur vendrions au compte-gouttes et à prix d’or. C’était l’occasion rêvée, qui ne se reproduira probablement plus jamais, de mettre l’industrie allemande à genoux, et de redevenir une puissance industrielle. Au lieu de cela, nous entrons dans un système de troc digne des puces de Montreuil.

La boîte à connerie est grande ouverte, et ne va pas se refermer de sitôt. S’il est une chose qu’il est urgent de plafonner dans les plus brefs délais, c’est en priorité le potentiel de nuisance de nos dirigeants.

Alain Falento

AddFreeStats.com Free Web Stats! Ecoutez DJMusic.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *