Convois de la liberté : le préfet Lallement sur le pied de guerre

Spread the love

Articles  :  Fev. 2022 – Jan. 2022 –   Dec. 2021 –   Facebook : https://www.facebook.com/ORTF-News-107572991571884

Les convois de la liberté qui s’organisent un peu partout en France, du sud, de l’est et de l’ouest vers le nord et dont la destination finale est Bruxelles, la semaine prochaine, doivent s’arrêter ce week-end à Paris. Pour Paris, l’objectif est, nous dit-on à l’envi, de bloquer la capitale sur fond de protestations contre toutes les formes de restrictions imposées aux Français depuis deux ans de pandémie, dont le fameux passe vaccinal. S’y joignent d’autres revendications où ce qui domine est clairement un rejet d’Emmanuel Macron et, plus largement, de la classe élitaire. D’autres participants, interrogés par la presse, expliquent qu’il ne s’agit pas de bloquer la capitale mais d’y manifester après avoir garé camions, voitures et motos participant aux convois.

Donc, pour éviter un blocage de la capitale, le préfet Lallement, qui s’était particulièrement illustré pendant l’épisode des gilets jaunes, entend… bloquer l’accès à la capitale. Il y a blocage et blocage, les bons bloqueurs et les mauvais bloqueurs. Le parti de l’ordre et ceux qui ne veulent plus subir.

Plus sérieusement, ce communiqué de la préfecture de police de Paris évoque le risque de « troubles à l’ordre public ». A-t-il déjà prévu l’infiltration par les Black Blocs des différentes manifestations de ce week-end ? Son communiqué évoque également les lourdes sanctions pénales et financières pour celui qui se rend coupable d’entrave ou de gêne à une voie ouverte à la circulation publique. Une question, en passant : cela vaut-il pour tous les cortèges de mariages « communautaires » qui, aux beaux jours revenus, bloquent le périph’ à Paris, mais aussi les grands axes des métropoles et de leurs banlieues ?

On sent, néanmoins, que se lève un léger vent de panique en cette fin de quinquennat. Et pour cela, la stratégie de la tension, utilisée avec profit lors des gilets jaunes pour retourner une opinion relativement acquise de prime abord, paraît l’arme absolue. Quitte à, toute honte bue, pratiquer assez grossièrement l’inversion accusatoire. Ainsi, pour le secrétaire d’État Clément Beaune, « ce n’est pas le convoi de la liberté, ce convoi-là, c’est le convoi de la honte et de l’égoïsme, ce ne sont pas des patriotes, ce sont des irresponsables […] Un convoi qui se nomme à l’exact opposé de ce qu’il est, ce qui est d’ailleurs un peu paradoxal, de vouloir se prétendre pour la liberté quand le projet, c’est de bloquer la route et la vie des gens », disait-il, sur LCI, ce mercredi. Accuser les manifestants d’entraver les libertés quand le funeste passe vaccinal empêche l’exercice des libertés les plus élémentaires, qui ne sont plus évidentes et naturelles mais concédées sous conditions, il fallait oser. Ils ont osé, et c’est même à cela qu’on les reconnaît.

Alors, que va-t-il se passer, samedi ? Le contexte de campagne présidentielle ajoute, si l’on peut dire, du carburant dans le moteur de la révolte. L’internationalisation de la rébellion aussi : de nombreux convois se forment en Australie, en Belgique, aux Pays-Bas, sur le modèle canadien. Le gouvernement prend le pari risqué de jouer la tension et la fermeture, essentiellement pour rassurer sa base électorale, la bourgeoisie de centre gauche qui lui sera sans nul doute reconnaissante de rétablir l’ordre, y compris à coups de LBD.

La récupération politique du mouvement est tentante : si Marine Le Pen affirme « comprendre ce mouvement », on imagine bien que La France insoumise va essayer la récupération que la gauche avait parfaitement réussie lors de l’épisode « gilets jaunes ». Michel Larive, député de La France insoumise, joue sur du velours lorsqu’il écrit, sur Twitter, que c’est « l’expression d’une colère citoyenne et populaire qui doit être écoutée. Comme pour les gilets jaunes, le gouvernement ne sait que mépriser et diaboliser. »

Michel Maffesoli, avec la clarté et la lucidité qu’on lui connaît, y voit, dans les colonnes d’Atlantico, un retour de bâton, périlleux, pour le gouvernement : « Le pouvoir n’a pas seulement oublié de tenir compte des peurs et des émotions. Il les a agitées. Et tel l’apprenti sorcier, la vague qu’il a induite risque de le submerger. On voit d’ailleurs ce début de “panique” dans le discours du ministre de l’Intérieur face aux menaces des convois de la liberté. De la même manière que le pouvoir avait attisé la violence des gilets jaunes en introduisant les chars dans Paris, les menaces face à ces retrouvailles populaires que sont les manifestations du samedi et maintenant les « convois de la liberté » risquent de faire flamber les soulèvements […] Mais la réaction figée et outrancière d’un pouvoir totalement déconnecté de la base populaire risque, elle, de faire flamber la violence. »

Pour Emmanuel Macron, qui entend mener une campagne éclair, les événements qui se profilent dans les prochains jours risquent de flétrir un peu plus son image. Sauf s’il joue, comme il le fait depuis deux ans, la partition de l’ordre et du cercle de la raison face aux manifestants. Les Français seront-ils dupes, une fois de plus ?

Marie d’Armagnac Boulevard Voltaire

AddFreeStats.com Free Web Stats! Ecoutez DJMusic.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *