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Quelle magnifique cérémonie anniversaire de la Libération nationale ! Entièrement réservée au président, à l’exclusion de tous les Français. Ils ne la méritent pas. La traditionnelle remontée des Champs-Elysées s’est déroulée, sans public, sans drapeau — pas un seul, ah si ! il y en a un sur la voiture du président et un au-dessus du soldat inconnu. Pas escorte à cheval, juste sept motards. Une cérémonie, souligne LCI, adaptée « forcément » à cette crise du Coronavirus. Vingt personnes durant vingt minutes, ça suffit bien.
Un tout petit homme
On a pu voir un tout petit bonhomme, sans doute vivant, mais immobile, rendre hommage à une grande statue en marche, sans bouger puisque c’est une statue. La distanciation a été respectée autant vis à vis de la statue du général de Gaulle (en hauteur) que de ses descendants (en largeur). Le fils du général, trop âgé pour venir, a eu droit à la compassion d’Emmanuel Macron : « La période est très dure pour les personnes âgées. Il y a la peur, la solitude. Enfin, le pays maintenant se réorganise. Voilà. Avec du bon sens, de la volonté…» Les conversations ont porté sur le problème du coronavirus et des personnes âgées.
Plein de présidents à l’arc de triomphe
De nombreux présidents se sont réunis à cette occasion, à 1,50 m les uns des autres : Hollande, Sarkozy (on ne les présente plus), Richard Ferrand (Assemblée), Gérard Larcher (Sénat), le général Day (comité de la Flamme), sans oublier l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, le ministre des Armées, Florence Parly (on vous donne son nom car vous ne le connaissez pas, bande d’indifférents). À son arrivée, Emmanuel Macron les a salués d’un chaleureux « Comment vont nos amis ? Tout le monde va bien ? » tout en gardant ses distances. Nicolas Sarkozy s’est rapproché de Richard Ferrand — on l’a vu — en mettant la main devant la bouche, pour lui en dire une bonne, peut-être, sans doute. Mais qu’en savons-nous ? Geste déplacé irrespectueux de la distanciation sociale.
Le virus ne respecte ni gerbe, ni glaive, ni Marseillaise
Le président n’a pas eu à porter la gerbe, déposée par deux gendarmes de la garde républicaine sur la tombe du soldat inconnu. D’habitude il y a plusieurs gerbes d’associations, là une seule, celle du président. La flamme a été ensuite ravivée par un glaive préalablement désinfecté. Ensuite sonnerie aux morts, minute de silence suivie d’une Marseillaise entonnée par quatre choristes de l’armée française (ils sont 45 habituellement) fortement aidés de quatre micros pour compenser leur petit nombre et leur éloignement. Le chant est une activité « très à risque de projection virale » nous explique LCI, citant le cas d’une chorale contaminée à New York. « Ça a été une hécatombe de chanteurs. » Renseignement pris, il n’y a pas eu de chorale contaminée à New York, mais dans l’État de Washington. Il s’agissait d’une chorale de retraités dans laquelle deux personnes sont décédées (81 ans et 83 ans + comorbidités). Qu’importe ! il fallait le dire. LCI l’a fait. C’est ce qu’on retiendra : chanter est dangereux.
Qui dit mieux ?
« Je suis très frappée en regardant ces images de voir que cette cérémonie très sobre, très dépouillée met vraiment en valeur le protocole républicain et, d’une certaine façon, est très émouvante parce qu’on voit les perspectives sur les avenues désertes, on voit les arbres qui sont particulièrement verts cette année. Et on voit que, ramené à l’essentiel, le symbole est absolument entier et complet et que c’est — bon, on ne reverra probablement plus jamais ça, de nouveau les cérémonies se passeront comme elles se sont toujours passées à partir de l’année prochaine —, mais je trouve que celle-ci a un caractère particulièrement touchant quand on pense surtout que les anciens combattants sont souvent évidemment des personnes très âgées et qui ont été particulièrement menacées par le virus. » Ce petit bijou de journalisme vous est offert par LCI.
Pas d’anciens combattants, mais des généraux
Nos valeureux et robustes militaires d’active ont pris la place des anciens combattants, beaucoup trop fragiles (ils ont fait la guerre). On sent que le présent a pris la place du passé depuis le « Nous sommes en guerre » du 25 mars 2020 devant l’hôpital militaire de campagne de Mulhouse. Selon un journaliste spécialiste de la Défense, les Français ont beaucoup apprécié ce retour de l’Armée sur le territoire.
LCi a pu capter l’échange entre le président et les généraux.
A chacun, Emmanuel Macron a demandé : « Général, heureux de vous voir. Vous allez bien ? Le moral est bon ? »
Réponse unanime : « Tout est sous contrôle. »
Emmanuel Macron ne sait pas encore s’il va fêter tout seul le 14-Juillet. Les défilés, les petits bals seront-ils de retour ? Il nous le dira.
Jacqueline dans Le Média en 4-4-2.