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On l’a oublié, la liberté n’est pas donnée à tous les peuples comme un droit inaliénable. La liberté s’offre aux peuples intrépides, qui n’ont pas peur de l’avenir, et ne se terrent pas tous aux abris au premier coup de semonce. Elle est réservée aux peuples forts, capables d’en assumer les conséquences, capables de s’imposer y compris à leurs dirigeants. Le peuple Français est il encore réellement éligible à cette liberté, qui est une bénédiction, mais aussi une charge qu’il faut assumer, un trésor à défendre ? C’est là toute la question qui se pose aujourd’hui. Car la dictature, que l’on croyait définitivement chassée de nos contrées, pointe à nouveau le bout de son nez, revient à la charge, certes de façon “douce”, protectrice, compatissante à nos malheurs, mais elle revient bel et bien. Et elle revient sur un terrain soigneusement préparé depuis longtemps.
Le principe de précaution a été inscrit en 2005 dans la constitution française par Jacques Chirac. Sa position sacro-sainte fait que le pouvoir a désormais le devoir de suspendre des libertés en cas de risque sur la vie humaine. C’est exactement ce qui se produit sous nos yeux. Restrictions aux sorties, aux déplacements, interdiction de travailler, d’exploiter son commerce, les atteintes aux libertés sont d’une nature inédite, poussées à leur extrémité, en vertu du principe de précaution. Comme l’a dit Tiphaine Auzière, fille de Brigitte Macron embauchée comme chroniqueuse politique sur Europe 1, “la première des libertés, c’est de ne pas mourir”. Si l’on avait suivi ce principe en 1789, la Révolution Française n’aurait jamais eu lieu, comme tant d’évènements glorieux qui ont fait des Français un peuple libre. La peur du virus est certes le cheval de Troie de la dictature, la brèche avait été ouverte avec ce principe de précaution qui, poussé à son extrémité, paralyse toute velléité de rébellion. Mais les esprits sont préparés de longue date, sur plusieurs aspects : de la télé réalité aux réseaux sociaux, en passant par les caméras de surveillance, les gens sont désormais accoutumés à livrer leur intimité au public. Demain, si nous n’y prenons garde, ils seront formatés pour présenter un pass sanitaire, mais aussi pourquoi pas judiciaire, bancaire, voire politique pour disposer de ses droits élémentaires.
Et puis, il y a les droits des minorités, les lois mémorielles, les lois contre l’injure, l’insulte, appliquées à tort et à travers. Désormais, Annie Cordy est une infâme raciste, Tintin un suppôt du colonialisme, Babar un réac misogyne, Pépé le Putois un agresseur sexuel, et je ne parle même pas de Napoléon et de tant d’autres. La protection de la dignité de chacun sert à justifier une censure implacable, qui vient chercher la petite bête à la moindre parole ou attitude “douteuse”. Il me semblait qu’en régime de liberté d’expression, chacun devait se blinder, et accepter d’entendre des paroles douloureuses à ses oreilles. Mais tout cela est-presque-fini : au nom de la susceptibilité des uns et des autres, au premier rang desquels figurent “racisés”, musulmans et LGBT, il ne faut plus rien dire, voire même éviter de les évoquer : le simple nom de certaines communautés est devenu un tabou inattaquable.
C’est donc au nom de notre santé, de notre “dignité”, de notre sensibilité, de la protection des minorités, de l’antiracisme et de la lutte contre l’homophobie, que l’on est en train d’installer une dictature d’un nouveau genre, probablement la plus intrusive de l’histoire. Il faudra absolument trouver en nous la force d’y résister. Autrement, c’en sera fini de la France libre, fière et joyeuse que nous avons toujours connue.
Olivier Piacentini, R. Laïque.