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Mme Souad Zitouni, députée LREM de la première circonscription de Vaucluse, est intervenue, ces derniers jours, à l’Assemblée nationale, dans le cadre de la loi sur le séparatisme. Elle fait partie des signataires d’une récente tribune mettant en garde contre le retour des polémiques sur le voile islamique lors de l’examen du texte. Logiquement, cette députée de Vaucluse s’est donc opposée à l’introduction d’un amendement interdisant le port du voile islamique au sein des universités et lors de l’accompagnement des enfants dans les transports scolaires.
Ses arguments : beaucoup de femmes portent le voile volontairement et en réduire le débat à un problème de soumission apparaît simpliste. Elle ajoute que le vivre ensemble ne signifie pas vivre pareil et qu’en fonction des principes Liberté-Égalité-Fraternité, les femmes doivent pouvoir vivre leur spiritualité, exercer leur liberté de croire ou de ne pas croire grâce au port du voile qui en constitue l’un des moyens.
Ce vendredi 5 février, invitée sur RMC chez Apolline de Malherbe, la députée, de nouveau interrogée sur la question du voile, précisait sa pensée, notamment à propos du voile porté par des fillettes. Elle déclarait n’avoir jamais croisé de fillettes portant un voile dans le Vaucluse. Elle ajoute que même si une telle situation advenait, d’une part l’État n’a pas à s’immiscer dans l’éducation par les parents de leurs enfants. Elle concluait en reconnaissant à ces fillettes le discernement suffisant pour refuser de porter le voile malgré l’avis de ses parents.
Ce positionnement a le mérite de la clarté. Néanmoins, il ne correspond pas aux principes de laïcité et d’assimilation applicables en France et place la députée dans le déni le plus complet.
Tout d’abord, la députée a une conception réductrice de la laïcité en pensant qu’elle repose seulement sur la liberté religieuse de croire ou de ne pas croire ; elle en oublie le deuxième pilier, à savoir le devoir de discrétion dans l’espace public, destiné simplement au respect des autres.
Ensuite, les arguments développés par la députée font complètement abstraction du principe d’assimilation et de la célèbre citation « À Rome, fais comme les Romains » selon laquelle toute personne désirant vivre en France doit respecter les règles et modes de vie des Françaises et des Français. Ce principe d’assimilation a historiquement permis d’intégrer des milliers d’étrangers dans la communauté nationale.
Enfin, dans son intervention sur RMC, cette députée refuse ou feint de voir la réalité dans laquelle le port du voile est, le plus souvent, un signe de soumission et une manifestation d’appartenance communautaire et, donc, séparatiste. Le déni des réalités est à son comble quand elle estime qu’une fillette de 7-8 ans, dotée d’un libre arbitre, peut refuser à ses parents le port du voile.
Ce monde idyllique, construit sur le déni, n’est pas identique, semble-t-il, à celui que vit, au quotidien, Didier Lemaire, professeur de philosophie dans un lycée de Trappes. Ce professeur mentionne (je cite) que « les attaques contre l’école et les enseignants se multiplient, qu’avant on avait des atteintes individuelles à la laïcité ; aujourd’hui, on a des manifestations collectives de séparatisme. En septembre, par exemple, lors d’un atelier sur la transmission du souvenir entre générations, les filles, à l’unanimité, ont refusé d’être filmées sans leur voile. » Il perçoit, chez certains garçons, un dénigrement de la France. Ce professeur voit, lui, des jeunes filles sous pression des garçons et interdites de se rendre dans certains endroits réservés aux hommes.
En définitive, deux personnes, deux regards différents. Un qui constate la sombre réalité de l’islamisme, l’autre qui se complaît dans le déni ou dans la soumission, voire dans le clientélisme politique ?
Christian Montagard, Boulevard Voltaire