Sources Sputnik
Voilà qui ne va pas arranger l’image des médias et des politiques en France. Alors que depuis trois ans, articles et reportages se succèdent sur ces Britanniques qui regretteraient massivement leur vote en faveur du Brexit, la victoire électorale écrasante des Conservateurs le 12 décembre vient démentir cette analyse mainstream. Piqure de rappel…
«Get Brexit done» («faisons le Brexit»), voilà qui pourrait être bientôt chose faite. Après trois ans d’imbroglios et de paralysies politiques, la victoire écrasante de Boris Johnson aux élections générales clarifie la situation, en offrant au Premier ministre britannique les coudées franches pour mener le Brexit à son terme.
Il faut dire que la victoire est loin d’être minime: alors que «BoJo» avait tout misé en provoquant ces Législatives anticipées, le Parti conservateur réalise son meilleur score depuis 1987, alors qu’il était mené par Margaret Thatcher. Les Tories obtiennent ainsi 364 des 650 sièges à la Chambre des communes, alors qu’en face le Parti travailliste subit l’une de ses plus importantes défaites, en perdant 59 de ses 262 sièges.
Face à Jeremy Corbyn dont la campagne ne décollait pas, Boris Johnson était donné «grand favori des élections. Si on en croit les sondages», nuançait-on toutefois dans la presse française jusqu’à la veille de l’élection, le JDD allant jusqu’à titrer sur une victoire «loin d’être assurée». Une presse tricolore qui se montrait particulièrement prudente quant à l’issue d’un scrutin que certains annonçaient sans surprise. Il est vrai qu’on avait connu nos confrères plus enthousiastes vis-à-vis des prévisions électorales, notamment, sur les chances de victoires d’Hillary Clinton aux Présidentielles américaines de 2016 ou encore du Remain lors du référendum britannique quelques mois auparavant. Notons néanmoins que le climat de cette campagne était parvenu à faire perdre ses repères au plus britannique de nos intervenants.
Il faut dire que par leurs enjeux, ces élections faisaient office de second référendum sur la question du Brexit. Or, pour nos confrères, depuis le lendemain du 23 juin 2016, il semblait acquis que –trompés– nos voisins d’outre-manche n’attendaient qu’une chose: revoter afin de rester dans l’Union européenne. «Les Britanniques regrettent déjà leur vote» lançait Europe1 au lendemain du vote. «Certains Britanniques ont voté “Leave” et le regrettent déjà», titrait Slate, un magazine en ligne américain, indiquant également dans un autre article que les Britanniques recherchaient massivement sur Internet, peu après le vote, «Que se passe-t-il en cas de Brexit?». «“C’était une énorme erreur”: pro-Brexit en 2016, ces Britanniques veulent désormais rester dans l’Union européenne», appuyait FranceInfo.
Une chose était sûre déjà avant le vote, le Brexit était annoncé comme une catastrophe économique par ses détracteurs. Un message massivement relayé, notamment dans une presse française qui «prend ses désirs pour des réalités», taclait à notre micro, avant le vote, François Asselineau, Président du parti prônant historiquement la sortie de la France l’UE. Il regrettait l’«intimidation générale» menée auprès de l’opinion tant au Royaume-Uni qu’en France. Ainsi, nous expliquait-on, le Brexit mènerait le pays à la récession, rendrait plus pauvres tous les Britanniques: le chiffre de la destruction de près d’un million d’emplois fut avancé.
Les personnalités de la sphère politico-médiatique ne furent pas en reste, à commencer par l’inénarrable Bernard-Henri Lévy. Bien avant le succès plus que mitigé de sa pièce pro-européenne «Looking for Europe» –dont la tournée fit l’objet d’un documentaire autobiographique en partie financé par l’argent public–, BHL prit la plume pour enjoindre les Britanniques, qui à ses yeux avaient «été abusés», à ne pas commettre l’«irréparable». Il leur enjoignait de réclamer un nouveau vote, car après tout «rien, juridiquement, ne s’y oppose» et qu’il en «allait de la vie et de la mort de la nation européenne». Celui-ci ira jusqu’à se rendre à Londres pour y tenir un monologue anti-Brexit de deux heures.
Les Britanniques, trompés, inconscients de ce qu’ils avaient pu voter et réclamant un nouveau vote? Ce leitmotiv fur repris jusqu’au sommet du FMI, dont l’ex-présidente, Christine Lagarde, récemment nommé à la tête de la Banque centrale européenne, lors d’une conférence en 2018 à Washington affirma qu’«il semble qu’il y ait davantage de Britanniques qui préféreraient rester plutôt que sortir de l’Union européenne.» Du côté sphère financière en tout cas, le résultat de ce vote du 12 décembre actant la sortie de crise du Brexit a été salué par les marchés.