Publié le 17 novembre 2019 – par Charles Demassieux (RL)
Le premier anniversaire des Gilets jaunes a été une réussite… pour le pouvoir.
Pour une fois que je suis d’accord avec Alexis Corbière, je ne vais pas bouder mon plaisir : « Ce n’est pas du maintien de l’ordre mais de la fabrique du désordre ! » a twitté l’intéressé, présent samedi place d’Italie, tout comme votre serviteur.
Et en effet, dès le début du rassemblement – déclaré à la Préfecture –, les barricades ont fleuri, le mobilier urbain a été ravagé sans qu’aucun policier n’intervienne. Eux, ils étaient très en retrait, occupés à rire et fumer des clopes, je peux en témoigner.
Pendant ce temps, l’ultra-gauche, milice bénévole du pouvoir, était à la noce, mettant en danger les Gilets jaunes, qui sont fini par se réfugier dans les cafés de la place.
À un moment, avec les feux qui poussaient comme des cèpes par un beau jour d’automne, il a bien fallu que les uniformes se bougent, frappant alors tous azimuts, insultant à l’occasion des manifestants inoffensifs. Ça canardait dans tous les sens, avec des flash-ball qui visaient les têtes sans complexe et, en face, des pavés qui faisaient la même chose. Les deux faces de la pièce répressive du pouvoir se sont donc bien marrées à s’affronter. Il a dû être content le Didier Lallement, petit roquet bilieux de la Préfecture de Police de Paris qui est à l’honneur ce que Judas est à la fidélité ! Parce que c’était inespéré pour lui ce spectacle de chaos pour enfoncer le clou de l’opprobre sur la croix des Gilets jaunes. Pensez : un an, il faut que ça cesse…
Ainsi, la place d’Italie était un véritable traquenard, destiné à offrir un tableau idéal à tous ceux qui détestent ce mouvement populaire, composé, il est vrai, d’hommes et de femmes qui n’ont pas bien travaillé à l’école, comme dirait l’inénarrable Julie Graziani. Mais tout va bien : les Champs-Élysées – que j’ai essayé d’approcher, en vain – ont été protégés du jaune. Quel spectacle malgré tout de voir ces colonnes de CRS et gendarmes, ces camionnettes, voitures, motos quadrillant la Ville Lumière comme pour un coup d’État ! Enfin, c’était le sentiment de certains touristes qui – désolé les doctrinaires de l’ordre – semblaient effrayés face à ce déploiement délirant.
Petit aparté : nul ne peut me soupçonner de produire un discours anti-flics, à moins d’être un fichu menteur. Cependant, comment donner tort à cette femme d’une cinquantaine d’années qui, boulevard de L’Hôpital, a été brutalement repoussée par des CRS comme une malpropre ? Comment admettre ces tirs intempestifs, et pas toujours justifiés, de lacrymogènes dans les rues de Paris, notamment à la nuit tombée et parmi une foule de badauds avec leurs enfants ? Comment accepter ces fouilles effectuées avec aucune prévenance, parfois sur des jeunes femmes tout à fait étrangères à la mouvance ultra-gauche et ce, par des hommes ? Comment, enfin, concevoir qu’on menace un manifestant déjà éborgné par les bons soins du LBD ?
Au fait, le Black Bloc de la place d’Italie était assez armé pour forcer les maigres barrages qu’on lui opposait et il ne l’a pas fait. Les charges de policiers ont été pendant très longtemps aussi viriles que Michel Serrault dans La Cage aux Folles. Et pourquoi imposer un départ de manifestation sur une place couverte de matériel de chantier quand on soupçonne l’arrivée de l’ultra-gauche ? Il y a aussi ce « léger » détail : jamais je n’ai vu des journaleux à la botte de Macron filmer d’aussi près un Blacks Bloc, comme si on affichait au grand jour les alliances souterraines. Tout ça fleure peut-être bon le complotisme mais je parle de choses vues. Et je ne parle même pas de ces membres de la BAC qui s’en sont revenus du Black Bloc, habillés comme des antifas et vraisemblablement infiltrés… Là aussi, j’avais les yeux qui traînaient.
Sinon, quand une femme en voiture, bloquée par une barricade et devant aller en urgence à l’hôpital, a demandé de l’aide, ce sont les Gilets jaunes authentiques qui ont libéré le passage.
Devant ce déferlement répressif, certains m’ont confié qu’ils ne voyaient désormais plus d’inconvénient à une lutte armée. Provocation ou réalité, je l’ignore. Ce que je sais c’est que le peuple réel est à bout ; un peuple qui n’hésite plus à vilipender un système qui laisse des prêcheurs islamiques déverser leur fiel intégriste dans les rues de Paris lorsqu’il éborgne les Français.
Hélas, la police française est gangrénée par des syndicats acquis à la cause macroniste, sauf quelques vertueux sujets qui doivent jouer des coudes pour être entendus. Je salue ici France Police – Policiers en colère.
Symbole du mépris du pouvoir pour notre passé, la stèle dédiée au maréchal Juin a été ravagée sans que les forces dites de l’ordre ne bougent le petit doigt pour la protéger. Il faut dire – et j’avais filmé cette scène – que ce mêmes forces de l’ordre étaient entrées armées dans une église, quelques mois plus tôt, pour en sortir un homme qui s’y était réfugié…!
Je résume : tout le monde a méprisé d’emblée les Gilets jaunes, sauf quelques rares voix, dont celle du Menhir, qui a salué un « grand mouvement », admiratif de ce symbole fédérateur qu’était le fameux gilet. Quant aux autres, ils n’ont eu de cesse de les accabler de toutes les plaies du monde, salivant sans doute lorsque l’un d’entre eux était mutilé. Gare, la patience du peuple réel n’a qu’un temps. Viendra celui des comptes…
En attendant, contre vents et marées les Gilets jaunes demeurent et je m’excuse ici-même d’avoir voulu, voici quelques mois, les enterrer à mon tour. Je salue ces hommes et ces femmes qui rognent sur leurs maigres économies pour venir battre le pavé et à qui on a volé l’anniversaire samedi 16 novembre 2019.
J’en profite pour saluer les pompiers – certes, parfois chahutés mais pas mutilés comme lorsqu’ils manifestaient un mois plus tôt ! – et les secouristes dont l’abnégation, à chaque manifestation, mérite le respect.
Quelle pauvre France où porter un gilet jaune peut vous coûter un œil et hurler « Allah Akbar ! » dans les rues de Paris est permis…