Aujourd’hui, dimanche 9 septembre, les Suédois sont aux urnes et les grands médias aux abois : la Suède, pays de l’exemplarité sociale, est au bord du gouffre. Tentée de basculer du côté obscur de la force. Selon le dernier sondage, le parti des Démocrates de Suède, qualifié d’extrême droite, est crédité d’une première place aux législatives avec 24,8 % des voix.
L’horreur, donc, et l’incompréhension totale. Comment, ce pays où le merveilleux surgit à chaque coin de rue, où l’on ouvre les bras à l’Autre pour déverser la manne dans sa bouche affamée, ce pays-là serait tenté par la peste brune ? Pourquoi ce peuple d’agneaux est-il prêt à se jeter dans la gueule de la bête immonde ?
Et donc, pour en savoir plus, France 2 propose, samedi, au JT de 20 heures, un reportage censé nous « expliquer cette poussée extrémiste ».
Interrogé par Delahousse, c’est Laurent Desbonnets qui commente le « paradoxe de ce pays » qui bénéficie « d’une croissance solide et d’un chômage quasi inexistant ». Mais la Suède est aussi « le pays qui a accueilli le plus de migrants proportionnellement à sa population ».
« Nous avons pu suivre de l’intérieur tout ce processus d’intégration suédoise, souvent cité en modèle, d’une générosité inédite mais aujourd’hui remise en cause »,
dit le journaliste qui nous emmène alors au cœur de Stockholm, au festival Musique et food trucks, « un modèle de diversité ».
Dans le public et les cuisines, « quelques-uns des 440.000 migrants arrivés ici depuis 2015 » (dont 160.000 pour cette seule année-là) et « pour beaucoup de Suédois, c’est une chance ». De grands blonds aux belles dents bien rangées font ainsi part de leur joie de vivre dans ce pays où, « aujourd’hui, 19 % des habitants sont nés à l’étranger ».
Comment le pays fait-il pour intégrer tout ce monde ? À merveille, bien sûr. D’abord, à l’agence pour l’emploi, tout est traduit en six langues, et puis chaque arrivant reçoit les services d’un interprète. « Les Suédois sont très bien organisés, c’est le luxe, ici », dit un Syrien fraîchement débarqué. L’économie suédoise manque de main-d’œuvre et, « pour aider les nouveaux arrivants, l’État prend en charge jusqu’à 78 % de leur salaire ». Ainsi, 46 % des immigrés trouvent un emploi en moins de trois mois. Et pour ceux qui ne travaillent pas tout de suite ou qui sont trop jeunes, l’État propose « une formation gratuite pour apprendre le suédois, jusqu’à deux ans de cours intensifs ». Cela leur ouvre toute une série d’aides publiques : soins médicaux gratuits, école gratuite, logement, etc
Au total, nous dit-on, la Suède dépense chaque année près de quatre milliards d’euros pour aider et intégrer les migrants, « une générosité aujourd’hui remise en cause par beaucoup de Suédois », et « des critiques relayées par des partis d’extrême droite qui ont réussi à placer l’immigration au cœur de la campagne électorale ».
Et ? Et rien de plus. Pour quelles raisons, ce revirement ? On ne sait pas, car Delahousse enchaîne sur une info capitale : la rencontre Macron-Mélenchon. Parce que ça, c’est de l’info, coco !
Ce reportage est la parfaite illustration du vide de France 2. Totalement orienté, il n’apporte aucune des réponses ni même de simples informations qu’il prétend offrir au téléspectateur. Pas un mot sur le pourquoi du vote « extrême » et la montée des partis qualifiés, avec mépris, de populistes. Point pourtant essentiel à l’affaire, on ne donne même pas le chiffre de la population suédoise ! Elle est de moins de 10 millions d’habitants.
Les Suédois en ont-ils marre de financer l’État-providence ? Se sentent-ils dépossédés de leur histoire, de leur culture ? Y a-t-il des problèmes d’insécurité liés à l’immigration ? On ne sait pas. La réponse n’intéresse pas France 2, qui ne sort pas de son manichéisme à front de bœuf.
Notre télévision d’État préfère voir des nazis partout, c’est plus simple.