Articles : Aout 2025 – Juil. 2025 – Juin 2025 – Mai 2025 –
Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews Music 24/24 : http://DJMUSIC.fr

#webtube : Mélenchon, Bompard et Panot demandent aussi une session extrordinaire pour censurer Bayrou. Cette fois-ci, on ne les prendra pas en défaut : leur récupération tardive du mouvement des gilets jaunes était grossière et maladroite et avait aussi, il faut le dire, contribué à le dénaturer. Quand dominait le drapeau tricolore sur les ronds-points, ils y avaient hissé le drapeau rouge. Avant même le démarrage de ce nouveau mouvement parti des réseaux sociaux appelant à « tout bloquer » le 10 septembre, les leaders LFI Mélenchon, Bompard et Panot annoncent, dans un texte publié par La Tribune Dimanche, avoir « décidé de soutenir l’initiative populaire du 10 septembre ».
Le « tout bloquer », déjà noyauté par l’extrême gauche ?
Les premières enquêtes qui tentent de cerner le mouvement, les confidences des renseignements qui sortent ici ou là attestent bien du caractère 2.0 du mouvement et de son origine plutôt souverainiste, via le compte « Les Essentiels », favorables à la sortie de la France de l’Union européenne et rejoint par d’anciennes figures des gilets jaunes et de l’extrême droite. Sur TikTok, ce compte a lancé, le 24 juillet, un appel au blocage total du pays le 10 septembre, sous la forme d’une sorte de confinement : « Le 10 septembre 2025, la France se confine. Ce jour-là, nous ne sortirons pas. Pas de travail, pas d’école, pas d’achat. Juste le silence d’un peuple qui reprend son pouvoir. » À ce stade, les services de renseignements, interrogés par France Info, relèvent des nuances politiques disparates : « Une frange qui paraît plutôt d’extrême droite, d’autres plus d’extrême gauche, des anciens gilets jaunes et des personnes sans aucune idéologie. » Dès le 5 août dernier, Boulevard Voltaire, sous la plume d’Étienne Lombard, avait démasqué le prétendu apolitisme du mouvement et pointé les visées de la CGT, de Mélenchon ou de Léaument, déjà à la manœuvre. Devant ce qui aurait pu être un nouveau mouvement court-circuitant les instances politiques et syndicales, l’extrême gauche, craignant que le peuple ne lui échappe à nouveau, a senti le danger et décidé de prendre les devants. Et aujourd’hui, Mélenchon officialise le patronage. Le calcul politique est risqué : certes, si cela devient un mouvement populaire majeur et digne, Mélenchon pourra bomber le torse et en tirer profit ; si cela se résume, comme bien des « mobilisations populaires » d’extrême gauche passées, à une énième bordélisation du pays, LFI demeurera cette secte d’agités qu’il convient de tenir loin du pouvoir, comme s’en rendent compte ceux qui ont voté LFI sous prétexte de front républicain.
À ce sujet — L’appel « apolitique » au blocage le 10 septembre est un mythe. Voici pourquoi
Une cristallisation autour du budget Bayrou et des deux jours fériés
Une chose est certaine : le mouvement se cristallise autour du budget Bayrou et d’une mesure que le Premier ministre pensait, au contraire, susceptible de masquer les hausses d’impôt qu’il prévoit. C’est raté : la suppression des deux jours fériés, sur laquelle il a insisté cet été, est devenue un point de fixation, tant à droite, comme le soulignait Gabrielle Cluzel, qu’à gauche. Jérôme Fourquet, dans Le Point, a bien cerné le potentiel explosif de la mesure dans un pays à cran face à un pouvoir exécutif impopulaire : « Et c’est sur ces braises encore rougeoyantes que le gouvernement a versé un bidon d’essence avec son plan de rigueur […], l’allume-feu étant la suppression de deux jours fériés. »
Mélenchon veut « une motion de censure immédiate » : et à droite ?
Mais le texte des Insoumis veut associer à cette « mobilisation populaire tous azimuts » « une motion de censure immédiate » et demande « que l’Assemblée nationale soit réunie au plus vite en session extraordinaire ». Là encore, Mélenchon a voulu prendre date et faire une OPA sur une censure de plus en plus probable, en espérant en tirer profit lors des élections qui suivraient une nouvelle dissolution. Et la droite, dans tout ça ? Convergence improbable des luttes : elle a, en fait, le même agenda que Mélenchon et elle aussi a intérêt à censurer ce budget Bayrou qui multiplie les hausses d’impôts déguisées (gel du barème, jours fériés, etc.). Politiquement, son électorat – celui des classes moyennes comme l’électorat populaire – est également très remonté. Quant à ses leaders, ils n’ont rien à tirer d’un maintien du macronisme façon Bayrou sous respiration artificielle : Retailleau, porté par sa popularité, a tout intérêt à s’en dissocier rapidement. Et le RN, laissant à Mélenchon ses appels au Grand Soir et à la bordélisation, à rappeler que rien ne peut être fait sans lui. À commencer par la censure de Bayrou.
Frédéric Sirgant, dans BV