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#webtube : La récente vague de violence impliquant des jeunes Marocains à Torre Pacheco (Murcie) a une nouvelle fois mis en évidence un schéma familier en Europe : agressions, troubles sociaux et silence des institutions. S’agit-il de crimes commis au hasard par des jeunes, ou bien y a-t-il quelque chose de plus profond et de plus structurel en jeu ? Pour Taleb Alisalem, écrivain et analyste sahraoui exilé en Espagne, la réponse est claire : le Maroc utilise l’immigration comme une arme politique pour faire chanter les gouvernements européens, en particulier le gouvernement espagnol.
Son expérience en tant que militant pour l’autodétermination du Sahara occidental et sa connaissance des structures du pouvoir marocain font de lui une voix crédible pour analyser ce que beaucoup préfèrent ignorer. Dans cette interview menée par Javier Villamor pour The European Conservative, il dénonce la manière dont le régime du roi marocain Mohamed VI a infiltré les communautés, corrompu les institutions et pris l’Europe en otage pour servir ses ambitions expansionnistes.
Que se passe-t-il réellement dans des endroits comme Torre Pacheco ? S’agit-il simplement de criminalité, ou y a-t-il autre chose ?
Taleb Alisalem : C’est bien plus que cela. Ce que nous voyons à Torre Pacheco, Almería, Aranda de Duero ou Barcelone ne sont pas des événements isolés, mais les symptômes d’une stratégie délibérée. Le Maroc instrumentalise depuis des années l’immigration comme un outil de pression politique. Il utilise les migrants comme des pions : il les lâche quand il a besoin de quelque chose, les radicalise quand il le souhaite et les contrôle depuis ici, à travers les mosquées et les associations culturelles.
Le Maroc radicalise-t-il les immigrés une fois qu’ils sont en Europe ?
Taleb Alisalem : Absolument. Le contrôle du Maroc sur les mosquées en Europe est total, en particulier en Espagne et en France. Les imams sont nommés et financés par Rabat. Chaque semaine, des sermons sont envoyés par e-mail depuis le Maroc. Ils peuvent promouvoir la coexistence pacifique ou la haine, si cela convient au régime. Le Maroc a le pouvoir d’activer ou de désactiver la radicalisation à sa guise, en fonction de ses objectifs politiques.
Et les autorités européennes le permettent-elles ?
Taleb Alisalem : Elles ne le permettent pas seulement, elles le favorisent. Un complexe de culpabilité profondément enraciné en Europe empêche les gens de nommer cette réalité. Toute tentative de dénonciation est qualifiée de raciste ou d’extrême droite. Mais il ne s’agit pas d’idéologie : c’est une véritable question de sécurité et de souveraineté. Le Maroc n’est pas une démocratie. C’est une dictature théocratique déguisée en démocratie, qui fonctionne comme une mafia géopolitique.
Pourquoi le gouvernement espagnol semble-t-il si soumis au Maroc ?
Taleb Alisalem : C’est la grande question. La cession du Sahara occidental par Pedro Sánchez n’était pas seulement un revirement diplomatique, mais une capitulation. Et ce n’est pas la première. Felipe González possède un manoir au Maroc. Zapatero se rend à Rabat pour prononcer des discours très bien rémunérés. José Bono aussi. Et puis il y a ce que nous ne savons pas : qu’est-ce que le Maroc a qui lui donne un moyen de pression sur le gouvernement espagnol ? Beaucoup d’entre nous soupçonnent que le logiciel espion Pegasus fait partie de la réponse.
Comment expliquez-vous le silence des médias à ce sujet ?
Taleb Alisalem : Le Maroc exerce une influence sur les médias et sait jouer ses cartes. Lorsque le scandale du Moroccogate a éclaté à Bruxelles, impliquant plus de 60 députés européens dans un réseau de corruption marocain, il n’a fait la une des journaux que pendant une semaine. N’importe quel autre pays aurait été crucifié. Mais le Maroc étouffe tout. Même le Qatargate, plus connu, a utilisé le réseau déjà mis en place par le Maroc.
Quel rôle joue la France dans cette équation ?
Taleb Alisalem : La France est complice. Le Maroc est une extension géostratégique de Paris. Ils se comprennent et se protègent mutuellement. Chaque fois que l’Espagne traverse une crise avec Rabat, la France reste neutre ou se range du côté du Maroc. Et à Bruxelles, ils utilisent leur poids pour obtenir des accords commerciaux qui violent le droit international concernant le Sahara occidental.
Et l’UE ? Agit-elle contre ses intérêts ?
Taleb Alisalem : Des millions d’euros de fonds de coopération de l’UE sont versés au Maroc, soi-disant pour freiner l’immigration. Mais le Maroc utilise cet argent pour renforcer son armée, financer sa propagande ou poursuivre son occupation du Sahara. Pendant ce temps, les agriculteurs européens, en particulier les Espagnols, sont confrontés à des réglementations absurdes, tandis que les produits marocains entrent sans contrôles appropriés. Nous abandonnons notre souveraineté alimentaire et économique à un pays qui revendique ouvertement Ceuta, Melilla et les îles Canaries.
La menace expansionniste marocaine est-elle réelle ou exagérée ?
Taleb Alisalem : Elle n’est pas du tout exagérée. L’ancien Premier ministre marocain a déclaré qu’après le Sahara occidental, les prochaines cibles seraient Ceuta, Melilla et les îles Canaries. Et ils ne s’en cachent pas. Rabat a même réactivé un comité officiel pour leur « récupération ». Pendant ce temps, le gouvernement espagnol les finance avec des véhicules blindés, leur offre des armes ou achète leur silence.
En tant que Sahraoui, comment avez-vous vécu la politique coloniale du Maroc ?
Taleb Alisalem : L’occupation du Sahara occidental n’était pas seulement militaire. Le Maroc a fait venir des colons afin que nous, les Sahraouis, soyons désormais minoritaires sur notre propre terre. Ils ont tout essayé pour nous « maroccaniser ». Nous sommes un peuple spirituel, pacifique et nomade, très différent des Marocains. Ils nous méprisent. Nous sommes victimes de racisme, d’agressions et de menaces. Même ici, en Espagne, il y a des quartiers que j’évite pour ma sécurité. Mais personne ne dit rien, car l’agresseur est marocain.
Qui sont vos alliés restants en tant que Sahraouis ?
Taleb Alisalem : Légalement, toute l’Europe devrait être de notre côté. Le droit international nous soutient. Mais dans la pratique, seuls l’Algérie et la Mauritanie nous soutiennent. Ils le font par justice, mais aussi pour des raisons stratégiques : le Maroc a un plan expansionniste clair. L’Algérie sait que si Rabat s’empare du Sahara, sa prochaine cible sera le sud-ouest algérien. C’est pourquoi elle reconnaît la République sahraouie. L’Espagne devrait faire de même, par principe et par instinct de survie.
Comment les citoyens européens peuvent-ils réagir face à cette situation ?
Taleb Alisalem : En se réveillant, en s’informant et en retirant le bandeau idéologique qui leur cache la réalité. Le Maroc a construit un réseau de chantage, de radicalisation et de corruption à travers toute l’Europe. Si nous ne l’arrêtons pas maintenant, le coût pour nos sociétés sera énorme. Et le pire, c’est que nos gouvernements laissent faire.