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#webtube : Ce dernier week-end de juin, à moins d’un an des municipales et deux de la présidentielle, est d’ordinaire l’occasion pour les partis politiques et leurs leaders de prendre date, de tester un slogan et de bien montrer qui est le patron. C’est bien ce qu’ont fait Bruno Retailleau, qui vivait son premier conseil national LR en tant que nouveau président, et Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée lors d’une « convention de l’Union nationale », réunissant des parlementaires nationaux et européens de l’alliance RN-UDR (ciottistes).
Bruno Retailleau rode son discours et impose sa ligne
Tout auréolé de son élection triomphale, il y a un mois, à la présidence LR qui a affermi encore une popularité acquise à Beauvau, Bruno Retailleau a profité de ce premier conseil national pour renouveler les instances du parti et y placer ses proches à des postes clefs : Othman Nasrou en tant que secrétaire général, François-Xavier Bellamy au poste de vice-président délégué et Pierre Danon comme trésorier. Il a repris son discours sur et à destination de « la France des honnêtes gens », « cette France qui ne pille pas, n’agresse pas, n’attaque pas mais qui paie cher le coût de la sécurité, qui travaille dur et paie cash le prix de l’assistanat ». Ensuite, dans la perspective des municipales, Bruno Retailleau a clairement désigné l’ennemi : « la gauche mélenchonnisée » : « La gauche insoumise ou soumise à LFI, voilà nos adversaires », a-t-il lancé. Quant aux macronistes, il a tenu à clarifier son positionnement en justifiant l’entrée au gouvernement des LR depuis Barnier. Selon Retailleau, c’était un « défi qui n’était pas gagné » d’avance. « Nous sommes et nous étions des opposants à Emmanuel Macron », a-t-il rappelé, en écho au « Nous ne sommes pas devenus macronistes ! » lâché avec force par Gérard Larcher, quelques minutes plus tôt.
À ce sujet — [ÉDITO] Macron, « au bout du bout » !
Question de responsabilité, la même certainement qui fait que le RN ne votera pas la censure du PS : « C’était un choix pour éviter le pire, éviter le chaos budgétaire et la crise financière », mais pour éviter aussi « la gauche mélenchoniste ». Et les accords locaux LR-macronistes pour les municipales ? « Hors de question de leur offrir des victoires. » « Nous voulons faire élire des maires LR partout où nous pouvons et imposer nos couleurs », précise Otman Nasrou. Il n’empêche qu’au niveau local « pour les municipales, ça négocie de partout et ça va continuer », comme le confie un cadre au Monde. Enfin, Bruno Retailleau a bien pris soin de ne jamais évoquer le Rassemblement national. Il n’en est pas encore au « pas d’ennemi à droite », mais il parle de faire « barrage »… à la gauche ! On progresse ! Pas évoquées, non plus, d’éventuelles législatives ou présidentielle anticipées. De toute façon, désormais, avec un leader populaire incontesté en son sein qui est aussi présidentiable crédible, et un parti qui engrange les adhésions et a retrouvé une dynamique, LR peut aborder toutes ces échéances plus sereinement que ces dernières années.
Marine Le Pen et son « Ne procrastinez pas ! »
Il y avait le « Il faut donner du temps au temps » de Mitterrand. Il y aura désormais le « Ne procrastinez pas ! » de Marine Le Pen. Lors d’une réunion des parlementaires RN et UDR à l’Assemblée, elle a appelé les élus à se tenir prêts à une nouvelle dissolution : « N’oubliez pas que notre pire ennemi, c’est le temps. » Citant le général MacArthur, pour qui « les batailles perdues se résument en deux mots : trop tard », elle lance aux parlementaires : « Ne procrastinez pas ! À partir du moment où il y a une possibilité de dissolution, notre devoir, c’est de nous y préparer. » Pour Marine Le Pen, il s’agit d’éviter que se renouvelle la contre-performance des dernières législatives où les sondages promettaient une majorité au RN.
Que fera Macron, une fois Bayrou tombé ?
La fin du gouvernement Bayrou est dans toutes les têtes. Le PS est désormais prêt à le censurer, le RN a fixé l’échéance lors du budget et même Bruno Retailleau a prévenu, samedi, lors du conseil national : « Si demain il y avait, soit par des actes, soit parce que les uns ou les autres voudraient nous engager sur un chemin qui serait contraire à nos convictions ou qui serait contraire aux intérêts fondamentaux de la nation, alors nous pourrions en tirer les conséquences. Il n’a jamais été écrit que nous appartiendrons à ce gouvernement ou à un gouvernement pour l’éternité. » Tout est désormais l’affaire de quelques semaines, et des circonstances. Du kairos, aurait dit un certain Emmanuel Macron, au temps où il se prenait pour Jupiter. De Jupiter, il ne conserve plus que deux éclairs : le pouvoir de dissolution et la démission. La dissolution, qui serait une dissolution imposée, consacrerait l’abaissement absolu du Président. Et elle n’accoucherait pas forcément d’une majorité… Devant cet échec final, la démission s’imposerait. À moins que ce ne soit l’option qu’Emmanuel Macron active en premier ressort. Les appels en ce sens se multiplient, ces derniers jours. Et la démission lui permettrait d’éviter de s’abîmer définitivement. En tout cas, LR et RN sont prêts dans les deux cas. Et la question du « Trop tard » se pose aussi à Emmanuel Macron…
Frédéric Sirgant, dans BV