. Danielle et Fadi se sont dit oui. Mariage d’amour, blanc ou gris ?

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°° WEBTUBE : Danielle a 70 ans. Fadi, lui, est âgé de 30 ans. Elle est française. Lui est tunisien et sans papiers. Ils sont mariés depuis le 29 mars dernier. Cela ne s’est pas fait tout seul. Anne Trottin, maire de Montpont-en-Bresse (Saône-et-Loire), commune où les deux tourtereaux devaient s’unir, soupçonnait qu’il s’agisse d’un mariage blanc.

Comme il se doit, elle avait donc fait un signalement au procureur afin qu’une enquête soit menée. L’enquête a conduit au report de la cérémonie, à deux reprises. Néanmoins, après des mois d’attente, le procureur de la République de Chalon-sur-Saône, Patrice Guigon, a autorisé le mariage. Le parquet rapporte à France 3 que « l’enquête n’a pas permis d’établir que le projet de mariage était dénué d’intention matrimoniale, une communauté de vie entre les futurs époux étant même constatée ».

Un mariage grisonnant

Pour le procureur, le mariage n’est pas blanc, mais est-il gris ? Pour rappel, comme défini par la préfecture de Seine-et-Marne, un mariage gris est un mariage « dans lequel le ou la conjoint(e), ressortissant(e) français(e), est dupé(e) par une personne de nationalité étrangère dans le seul but d’obtenir un droit au séjour en France ». Dans le cas présent, cela voudrait dire que Danielle, la retraitée française, pourrait avoir été dupée par son mari, Fadi. Cette ancienne candidate pour le Rassemblement national lors des élections départementales de 2021 ne peut y croire. Elle confie à France 3 : « J’aime Fadi, c’est ma vie, sa famille est ma famille. […] Fadi est un homme adorable, aimant, sensible, Fadi, c’est toute ma vie, je ne peux pas vivre sans lui. » Pour elle, c’est évident, son mari est « sincère ». Rien ne permet d’affirmer le contraire.

Kamel Ouail, président de l’association « Contre le mariage gris et bébés papiers », n’est pas de cet avis. Il confie à BV croire dur comme fer que cette union est un mariage gris : « C’est sûr et certain. Les réelles intentions ne sont pas sentimentales », avance-t-il. Leur rencontre sur les réseaux sociaux en 2019, leur différence d’âge, le fait que le marié n’ait pas de logement et qu’il soit sans travail – il serait même sous le coup d’une OQTF, selon le député UDR de Saône-et-Loire Éric Michoux – sont des éléments évocateurs, pour le président de l’association. Rien ne prouve, néanmoins, formellement que les deux protagonistes ne sont pas follement amoureux l’un de l’autre.

Un problème ultra-classique. En règle générale, même s’il y a un faisceau d’indices, du fait de la sincérité de l’une des deux parties, le mariage gris s’avère extrêmement compliqué à démontrer avant sa célébration. C’est lorsque le conjoint fraudeur a obtenu ses papiers que l’union prend parfois l’eau. Kamel Ouail explique : « Généralement, on décèle le mariage gris avant trois ans, mais ça peut durer dix ans. Il peut y avoir trois enfants au sein du couple, car les enfants rapportent 1.800 euros d’aide lorsque la femme s’en va et devient mère isolée. »

Un phénomène croissant

Le phénomène est de plus en plus courant. Pour le président de l’association, qui reçoit quatre ou cinq appels de victimes par jour, il conviendrait même désormais de parler de « fléau », tant les « escroqueries sentimentales à but migratoire » sont nombreuses. Il précise : « Comme la France distribue moins de visas, l’escroquerie devient commune. »

Les méthodes sont différentes. Selon Kamel Ouail, pour les hommes, la plus courante est de faire un enfant à une Française, car être papa d’un enfant français permet d’avoir un titre de séjour de plein droit. Pour les femmes, c’est le filon des violences conjugales qui est le plus exploité, puisqu’il donne aussi droit à une régularisation de plein droit. Sur les réseaux sociaux comme TikTok, des influenceurs expliquent la marche à suivre à ceux qui veulent se lancer dans ce type d’escroquerie. Les fraudeurs n’ont plus qu’à suivre « la feuille de route à la lettre » et « à être patient ».

Lui-même victime, le président de l’association milite ardemment « contre ces lois de régularisation de plein droit » qui encouragent la fraude. Il a envoyé un projet de loi en ce sens à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, et à Gérald Darmanin, ministre de la Justice. Pour lui, « les choses doivent changer ». Reste à savoir s’il sera entendu.

Sarah-Louise Guille, dans BV