. [NOTRE CARTE INTERACTIVE] Combien de mosquées dans votre département ?

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Articles    : Nov 2024Oct 2024Sept 2024Aout 2024 – Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews Music 24/24 : http://DJMUSIC.fr

°° WEBTUBE : Pour la première fois, BV offre une vision globale de la France musulmane. Conçue avec la société Datarealis, cette carte de France porte un message explosif. De huit mosquées en 1975, la France est passée à 2600 lieux de culte musulmans en 2024, outre-mer compris. Par-delà les chiffres officiels, l’implantation du culte musulman en France subit une profonde mutation depuis une dizaine d’années : l’islam des mosquées comme édifices de culte à part entière supplante l’islam des caves et des foyers Sonacotra. En France, l’islam s’étend, s’installe et se structure. 

https://www.bvoltaire.fr/notre-carte-interactive-combien-de-mosquees-dans-votre-departement

Notre carte de France des lieux de culte musulman représente cette évolution spatiale profonde : tous les départements de métropole comptent au moins deux communes abritant une mosquée. Au total, l’islam est implanté dans 1095 communes de métropole. Et cette expansion territoriale ne va pas s’arrêter puisque, si la capacité d’accueil des lieux de culte musulman a atteint les 500 000 places selon l’Observatoire de la laïcité, le Conseil français du culte musulman (CFCM) estime qu’il faudrait satisfaire près d’un million de fidèles.

Les derniers chiffres officiels précis concernant le nombre de lieux de culte musulman en France datent de… 2013 ! Il s’agissait d’une réponse du Ministère de l’Intérieur à une interrogation d’Éric Ciotti. La voici : « Les mosquées et lieux de culte étaient en 2012 au nombre de 2449, dont 272 à Mayotte et 46 dans les autres départements et collectivités d’outre-mer. » En déduisant les mosquées d’outre-mer, cela donnait un total de 2131 mosquées en métropole. Deux ans plus tard, un rapport parlementaire précisait que ces mosquées étaient « surtout situées dans les grands bassins de population et majoritairement en région parisienne (459 mosquées), puis en région lyonnaise (319) et autour de Marseille (218) » (rapport Maurey du 17 mars 2015).

Le 26 février 2024, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur,  évoquait « les quelques 2600 mosquées que compte la France » à l’occasion du deuxième Forum de l’islam de France. De 2012 à 2024, le nombre des mosquées serait donc demeuré stable. Pas de quoi fouetter un infidèle donc. Pourtant, les 2600 lieux de culte de 2024 n’ont plus grand chose à voir avec ceux de 2012.

En effet, de l’islam des caves et des foyers pour travailleurs immigrés – il en reste de moins en moins à mesure que les milliards d’euros de la politique de la ville détruisent tours et barres HLM –, on est passé à l’islam des mosquées comme édifices de culte à part entière. Et aussi à l’islam des campagnes, puisque 1 095 communes de métropole et de Corse abritent au moins un lieu de culte musulman.

Huit mosquées en 1975

En parcourant les archives de l’Assemblée nationale, on peut retracer l’évolution du nombre des mosquées en France. Une évolution saisissante et révélatrice d’un mouvement de masse.

Le nombre de mosquées a explosé en France depuis 50 ans. Nous proposons une variante puisqu’une réponse ministérielle indique 252 lieux en 1983 quand une autre parle de 72 « mosquées » en 1985. On observe nettement deux décennies de forte croissance : les années 1980 et les années 2000.

Les années 2010, comme les années 1990, sont des années de consolidation. Dans les années 90, les musulmans se sont constitués en associations locales. Durant les années 2010, ils ont transformé la salle de prière en mosquée.

Des mosquées au grand jour

En observant dans le détail cette carte des mosquées, on distingue encore les lieux de culte issus des anciens foyers de travailleurs turcs ou maghrébins des années 70. La plupart de ceux qui demeurent aujourd’hui sont turcs : l’islam turc est volontiers patriote si ce n’est enrégimenté via deux grandes organisations, la Ditib, directement affiliée au gouvernement turc, et la Millî Görüş, proche des Frères musulmans comme de l’AKP d’Erdogan.

Mais ces lieux de culte nationaux (turcs, marocains, tunisiens…) ne sont plus qu’une minorité, même si les nouveaux immigrés musulmans d’Asie (Pakistan, Bangladesh, Afghanistan) tendent à se regrouper eux aussi sur base ethnique. Ce que la carte des mosquées révèle, c’est l’explosion des associations cultuelles et culturelles locales : Association culturelle de Pierrelatte ; Association des musulmans de Guéret ; Association musulmane nuitonne (Nuits-Saint-Georges) ; Rassemblement des musulmans de Pessac ; Association islamique de Romilly-sur-Seine ; Union des musulmans de Guyancourt, etc. Ces structures, pour la plupart créées entre 1990 et 2010, ont mis sur pied des édifices entièrement dédiés au culte, aménagés ou construits à cet effet.

Le phénomène est difficile à saisir avec précision. Les principaux sites musulmans que nous avons consultés continuent de donner des adresses de lieux de culte désormais abandonnés, ce qui rend compliqué le décompte exact des mosquées en activité. La mosquée du 5 place Fragonard à Nîmes est, par exemple, encore présente sur le site trouvetamosquee.fr par exemple, alors que le bâtiment a été détruit en 2015… Mais la dynamique de développement est là, notamment dans les petites villes.

Quartier Valdegour de Nîmes, parfait exemple du passage de l’islam des barres HLM à celui de la mosquée cathédrale. À gauche l’ancien lieu de culte du 5 place Fragonard, à droite la mosquée Lumière et Piété. (images google)

Des mosquées dans les petites villes

À Is-sur-Tille, bourg de 5000 habitants du nord de la Côte d’Or, la communauté musulmane a construit sa mosquée il y a une dizaine d’années et entreprend aujourd’hui de l’agrandir.

À Roquemaure, village de bord du Rhône dans le Gard, « face à un afflux croissant de fidèles qui dépasse les capacités d’accueil de la mosquée », les fidèles se sont engagés dans l’agrandissement des locaux de la mosquée et ont procédé « à l’acquisition d’un immeuble entier accolé à la mosquée afin d’augmenter la superficie de manière conséquente ». À Farébersviller, en Moselle, les musulmans locaux ont mis la mosquée au centre du village dès 1994. Brive a la sienne depuis 2011, Rochefort (Charente-Maritime) depuis 2012.

Sur les hauteurs du Puy, l’inculturation est en marche. À Saint-Chamond, dans la Loire, la mosquée de la Fraternité vient d’inaugurer son dôme en verre.

La stabilité du nombre de lieux de culte musulman cache ainsi cette évolution profonde : la capacité d’accueil de ces lieux de culte explose. L’Observatoire de la laïcité l’exprimait dans son rapport 2019-2020 :

– L’islam est la religion qui, après le catholicisme, compte le plus de fidèles et de pratiquants. La capacité maximale d’accueil de (ses) lieux de culte est estimée à environ 500 000 fidèles alors que le nombre de fidèles participant à la prière du vendredi est estimé, selon le Conseil français du culte musulman (CFCM), à près d’un million de personnes.

Après des années de négation des dynamiques démographiques et des flux migratoires, l’islamisation de la France n’est décidément une chimère…


Méthodologie

Nous avons agrégé les données de trois sites, parmi les plus utilisés par les musulmans pour trouver leur lieu de culte :

  • 603 lieux de prière récupérés sur lesmusulmans.fr,
  • 2484 lieux de prière récupérés sur trouvetamosquee.fr,
  • 1441lieux de prière récupérés sur mawaqit.net.

Soit un total de 4528 adresses que nous avons dédoublonnées pour ne retenir que 3159 lieux desquels nous avons retirés une centaine de lieux situés outre-mer.

Faute de pouvoir vérifier une à une les adresses, nous les avons regroupées par commune : ce sont ces 1095 communes qui sont représentées sur notre carte interactive :

  • en cliquant sur le nom de la commune vous avez une infobulle indiquant le nombre de lieux de culte relevés pour cette commune,
  • en survolant les départements,  vous avez l’indication du nombre de communes d’implantation du culte musulman dans le département : plus le département est vert foncé, plus il compte de communes d’implantation de l’islam.


Guillaume Pallottino/DATAREALIS
, Boulevar Voltaire

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