Selon le JDD, Macron se préparerait à la dissolution : chiche !

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Voici que Macron se prend pour de Gaulle : selon le JDD, il serait sur le point de dissoudre l’Assemblée nationale pour que les Français lui donnent une majorité absolue. N’est pas de Gaulle qui veut ! En stratégie politique, Macron ne lui arrive pas à la cheville et une telle initiative pourrait bien se retourner contre lui. Il a beau avoir une confiance excessive en lui-même, il est probable qu’il ne se lancera dans une telle aventure que contraint et forcé.

« La question n’est plus de savoir s’il y aura une dissolution, mais quand », écrit le JDD. Du côté de Renaissance, tout serait prêt. Selon Stéphane Séjourné, son secrétaire général, un « protocole de dissolution », avec « rétroplanning détaillé » serait déjà établi, les caisses sont pleines pour financer les campagnes des candidats. La tactique ? Demander aux Français de choisir entre l’ordre et le chaos. « Pour nous, c’est le clivage des mois qui viennent », aurait confié un proche de l’Élysée. C’est beau sur le papier, mais plus difficile à réaliser.

Emmanuel Macron essaierait donc de préparer les esprits à cette éventualité. Le 28 septembre déjà, devant les cadres de la majorité, il avait assuré qu’il dégainerait l’arme de la dissolution si les oppositions votaient ensemble une motion de censure. « Il y a des instruments qui sont dans la main du président de la République », a prévenu son ministre Olivier Dussopt, fin octobre, sur France 2« Je pense que les Français ne le souhaitent pas », a répondu le peu crédible Olivier Véran sur France 3, interrogé sur l’imminence d’une dissolution. Il entretient le flou, habitude macronienne.

En brandissant cette menace, Macron fait de la dissuasion, il espère n’avoir pas besoin de s’en servir, car l’issue d’un nouveau scrutin ne lui serait pas a priori favorable. Il voudrait tout d’abord resserrer les rangs de la majorité : le MoDem et Horizons commencent à donner des signes d’émancipation, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2027, où Macron ne pourra plus se représenter. Mais même si la majorité présidentielle reste soudée, elle sera relative, à moins de trouver un renfort lors des votes importants. Gérald Darmanin, invité du Grand Rendez-Vous Europe 1/CNews/Les Echos, ce dimanche, a lorgné avec insistance vers les Républicains, qui, eux non plus, dans l’état où ils sont, n’ont guère intérêt à de nouvelles élections.

Pour les macronistes, le diable, c’est moins la NUPES, qui se déconsidère par ses excès, que le Rassemblement national, qui est en plein essor. Le procès stalinien intenté à un député RN a confirmé les accointances qui existent entre l’extrême-gauche et Renaissance pour faire barrage au parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Du reste, Clément Beaune, ministre des Transports, invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, toujours ce dimanche,  n’a-t-il pas déclaré : « L’ennemi politique numéro un, c’est le Rassemblement national » ?

Finalement, cette annonce d’une possible dissolution témoigne surtout du désarroi de la majorité présidentielle, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Elle espère créer les conditions propices pour faire adopter, par des alliances de circonstance, des textes comme la réforme des retraites ou la loi relative à l’immigration. À défaut, elle se résoudra à la dissolution et à de nouvelles élections législatives. En attendant, il faut apparaître comme le parti de l’ordre ou, plutôt, faire passer à tout prix ses adversaires pour le parti du désordre. À ce jeu, Macron pourrait bien perdre la face et recevoir la plus grande claque électorale de son histoire.

Philippe Kerlouan, BV

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