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Les élections législatives ont déjà commencé, avec le vote et les résultats anticipés des circonscriptions des Français de l’étranger et de la Polynésie. Et elles commencent mal pour la Macronie, puisque Manuel Valls, officiellement investi par la majorité présidentielle pour la 5e circonscription des Français de l’étranger, celle qui englobe son Espagne de cœur, n’accède même pas au second tour. Il opposera le candidat NUPES au dissident macroniste, député sortant. Une défaite relative pour la Macronie, donc, au moins pour le moment. Car le candidat mélenchoniste a réussi à virer en tête, à 27 %, suivi par le dissident macroniste à 25 %, l’ancien Premier ministre ne rassemblant que 15 %. Sportif, il a clairement reconnu son échec sur Twitter : « Si la dissidence et la division ont semé la confusion, je ne peux pas ignorer mon score et le fait que ma candidature n’a pas convaincu, a reconnu Manuel Valls sur Twitter. Une élection est un moment de vérité. » Autre figure battue : Joachim Son-Forget (Suisse) : député sortant, mais dissident, son positionnement parfois difficilement lisible (Macron puis Zemmour puis Macron) l’a certainement desservi.
Même s’il est difficile d’extrapoler à partir de ces circonscriptions très particulières pour les résultats des 12 et 19 juin prochains, un premier enseignement à valeur nationale peut être tiré : le dynamisme de la NUPES est bien une réalité puisqu’elle réussit à se qualifier dans 10 circonscriptions sur 11 et à arriver en tête dans deux. On s’achemine donc vers des duels Macron-Mélenchon. La droite est la grande perdante : elle n’arrive en tête que dans une circonscription (Italie-Israël), avec Meyer Habib (UDI).
Mais la défaite de Manuel Valls est peut-être aussi la première note d’une petite musique, alimentée par certains sondages, qui commence à monter : plusieurs autres figures de la Macronie, et notamment des ministres récemment nommés, seraient en difficulté. Or, Emmanuel Macron a reconduit la jurisprudence Juppé : tout ministre battu ne sera pas reconduit au gouvernement. Certains l’ont bien compris et ont évité de se représenter, comme Bruno Le Maire. D’autres, encore en début de carrière et contraints de passer par la case « législatives », jouent gros.
C’est notamment le cas de Clément Beaune, un tout proche du Président, nommé ministre des Affaires européennes dans le gouvernement Borne. Un sondage IFOP-Fiducial pour le JDD et Sud Radio le donne en effet battu face à la candidate NUPES Caroline Mecary (LFI), avocat de 59 ans connu pour son engagement dans la cause LGBT, ancienne d’EELV, à 36 % contre 41 % au premier tour et 49/51 au second. Sondage et marge d’erreur évidemment, mais cela montre que, tout comme les circonscriptions des Français de l’étranger, celles de Paris, et plus généralement des grandes villes, vont voir s’affronter quasi exclusivement la gauche Mélenchon et la gauche Macron.
Mais le JDD a listé cinq autres ministres en situation délicate : Damien Abad, bien sûr, dans l’Ain, doublement desservi par sa désertion de LR et la polémique lancée par Mediapart contre lui ; Amélie de Montchalin (Planification écologique) dans l’Essonne ; Stanislas Guerini (Fonction publique) à Paris ; Brigitte Bourguignon (Santé) dans le Pas-de-Calais ; Justine Benin (Mer) en Guadeloupe.
Outre ces ministres actuels potentiellement menacés, la partie s’annonce difficile pour ceux qui n’ont pas été reconduits et se voient contraints d’aller chercher une légitimité électorale, comme Jean-Michel Blanquer. Son entartage à la Chantilly a masqué les difficultés réelles de son parachutage, soulignées par plusieurs enquêtes : la 4e circonscription du Loiret, rurale, avait placé Marine Le Pen en tête au premier et au second tour. Selon un sondage Ifop cité par Les Echos, Jean-Michel Blanquer n’aurait pas forcément sa place pour le second tour et pourrait être éliminé dès le 1er (dominé par le candidat RN), comme Manuel Valls.
Ainsi, les têtes de gondole de la Macronie pourraient être frappées à la fois par un syndrome Juppé et un syndrome Valls. Plusieurs défaites de ses figures les plus médiatiques, même en cas de majorité absolue ou relative, auraient valeur de symbole et d’avertissement pour le Président : après un président sans état de grâce, nous aurions un gouvernement abîmé avant même d’avoir oeuvré et une majorité sans élan.
Frédéric Sirgant Boulevard Voltaire
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