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#webtube : Depuis dix ans, Yolaine de la Bigne, journaliste passionnée et infatigable exploratrice du vivant, donne la parole aux animaux… et à ceux qui les écoutent. À travers les Rencontres des intelligences animales, elle invite le public à repenser son rapport au monde, loin du béton et de l’arrogance humaine. Pour cette 10e édition, organisée du 22 au 24 août 2025 au parc animalier de Branféré (Morbihan), c’est un programme riche, scientifique, accessible et profondément émouvant qui attend petits et grands : renards rusés, canards bavards, oiseaux chanteurs et créatures marines seront au rendez-vous. Entretien avec une femme qui milite pour que l’on cesse enfin de prendre les bêtes pour des imbéciles.
Breizh-info.com : Cette 10e édition marque une étape symbolique. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru depuis la première édition ?
Yolaine de la Bigne : Le chemin est immense ! Lorsque j’ai commencé à travailler sur ce sujet, les intelligences animales ne passionnaient pas encore le grand public alors qu’aujourd’hui, beaucoup d’articles, de conférences lui sont consacrés et c’est une très bonne nouvelle car accepter que les animaux soient intelligents est déjà un grand pas pour les respecter et pour changer notre vision du monde
Breizh-info.com : Pourquoi avoir choisi le Parc de Branféré cette année ? Qu’apporte ce lieu en termes d’éthique et de pédagogie pour un tel événement ?
Yolaine de la Bigne : Je suis très heureuse d’être au parc de Branféré, c’est un parc botanique magnifique avec des arbres remarquables, mais surtout les animaux y vivent liberté ce qui est un but à atteindre pour tous les établissements où l’on garde des animaux. Par ailleurs, c’est une association qui dépend de la Fondation de France et qui est très axée sur le bien-être animal, nous nous retrouverons donc sur beaucoup de valeurs communes.
Breizh-info.com : Le programme est riche et pluridisciplinaire. Comment sélectionnez-vous les intervenants et les thématiques abordées chaque année ?
Yolaine de la Bigne : C’est en effet un programme très diversifié et j’y tiens, je ne choisis jamais de thématique annuelle car il est très important de faire comprendre que les intelligences animales touchent toutes sortes d’animaux et toutes sortes de thématiques. C’est cette richesse et cette diversité que nous devons mieux connaître et admirer. Pour choisir les intervenants le plus souvent c’est grâce aux livres qu’ils viennent de publier, j’aime beaucoup les livres donc c’est une façon pour moi de les défendre et puis d’aider des auteurs qui souvent travaillent durant des années sur un thème. Ça leur permet de mettre en valeur ce thème et de faire des dédicace auprès d’un public très friand d’ouvrages sur ces sujets.
Breizh-info.com : Cette année, on parle du renard, des canards, des guépards, des oiseaux… Quels messages espérez-vous faire passer à travers ces espèces ?
Yolaine de la Bigne : Des messages d’admiration et de respect. Le guépard est un animal exceptionnel notamment par son adaptation à la vitesse; Christian Barbaud nous expliquera ses stratégies pour survivre. Le renard est magnifique et particulièrement rusé, pourtant poursuivi et martyrisé depuis des siècles comme nous l’expliquera Nichols Baron malgré les grands services qu’il nous rend d’un point de vue écologique ou sanitaire. Les oiseaux nous font du bien par leur grâce et la beauté de leur chant etc. Le but, chaque année est de provoquer l’émerveillement afin de donner envie de protéger et de respecter ces animaux qui sont maltraités, chassés et en train de disparaître.
Breizh-info.com : Une conférence évoque “l’éthologie (presque) facile”. Pensez-vous que la vulgarisation scientifique est aujourd’hui essentielle pour éveiller les consciences ?
Yolaine de la Bigne : Oui l’éthologue Agatha Liévin Bazin nous parlera de l’éthologie actuelle, ses relations avec l’IA, la passion qu’elle suscite auprès du grand public. La vulgarisation scientifique est en effet indispensable car la science intéresse beaucoup de gens, et qui parfois n’ayant pas eu de formation scientifique n’osent pas aller plus loin or les intervenants qui viennent aux Rencontres des intelligences animales ont toujours un discours très facile d’accès et ouvrent la porte vers d’incroyable univers. Par ailleurs, dans notre société qui part dans tous les sens, entre méconnaissance, indifférence et fake news, la science par sa rigueur et son travail à long terme, nous donne une vision plus claire et plus juste des choses. Notamment en qui concerne la biodiversité et les animaux. Si nous dirigeants écoutaient plus et mieux les scientifiques, le monde irait mieux.
Breizh-info.com : En quoi les enfants et les familles sont-ils un public clé pour l’événement ? Des activités leur sont-elles spécifiquement dédiées ?
Yolaine de la Bigne : Grâce à l’Ecole de la nature de Branféré, les Rencontres des intelligences animales vont en effet plus s’orienter vers les enfants qui représentent l’avenir. Si les enfants apprennent à mieux observer, mieux comprendre, mieux respecter la nature, l’avenir sera plus tolérant. Alors que nos intervenants ont toujours été des adultes, cette année nous avons Timothée, un jeune garçon de 11 ans, passionné par les canards, nous racontera sa vie avec eux et l’espace qu’il est en train de construire pour eux. Une démonstration que la passion et la connaissance n’ont pas d’âge.
Breizh-info.com : Vous avez souvent défendu l’idée que les animaux ont une intelligence émotionnelle. En quoi cela nous oblige-t-il, en tant qu’humains, à repenser notre rapport au vivant ?
Yolaine de la Bigne : Il ne s’agit pas de faire un concours d’intelligence, mais en effet les humains ont une intelligence abstraite supérieure à tous les autres êtres vivants qui nous permet d’inventer l’ordinateur et d’aller sur la lune. Mais justement cette faculté à l’abstraction nous fait oublier notre intelligence émotionnelle qui pour les animaux reste une base de la survie. Comprendre les autres permet souvent de sauver sa peau. Nous les humains, nous avons tendance à renfermer nos émotions, à ne pas pouvoir les exprimer, à ne pas savoir appréhender celles des autres etc Il faut parfois voir un psy pour se comprendre soi-même. Les animaux nous donnent de grandes leçons de savoir être et de savoir vivre sur ce sujet. Ainsi Elise, Rousseau et Jacques Dubois, nous parlerons de l’impact étonnant sur notre santé mentale de la nature, quand on se promène, qu’on écoute les chants des oiseaux et qu’on redécouvre certaines émotions délaissées dans nos sociétés bétonnées.
Breizh-info.com : L’intelligence animale est parfois moquée ou ignorée dans les cercles scientifiques traditionnels. Observez-vous un changement dans les mentalités ?
Yolaine de la Bigne : C’est franchement de plus en plus rare. Il y a encore 20 ou 30 ans, les scientifiques trouvaient que l’intelligence animale n’était pas un sujet. Aujourd’hui ça a complètement changé car à travers le mot intelligence – qui est un mot grand public, les scientifiques utilisent plutôt le terme cognition -, on étudie le comportement, les relations sociales, la faculté à anticiper l’avenir, les partenariats etc. bref c’est un sujet immensément riche et très passionnant d’un point de vue scientifique. D’ailleurs il suffit de voir le nombre d’études publiées chaque mois dans le monde pour constater que le sujet passionne les scientifiques.
Breizh-info.com : Des intervenants comme Manon Berardi abordent le monde sous-marin. En quoi cette exploration des “mondes du dessous” est-elle cruciale aujourd’hui ?
Yolaine de la Bigne : Elle nous ouvre sur un univers incroyable que nous connaissons à peine à découvrir, un univers non seulement passionnant avec des modèles remarquables d’adaptations, notamment à cause du manque de lumière, mais un univers aussi qu’il va falloir protéger. Déjà des entreprises veulent aller exploiter les abysses qu’elles détruirons sans état d’âme. C’est stupide car ces univers que nous ne connaissons pas encore pourraient nous inspirer d’un point de vue économique dans des secteurs comme la bio inspiration par exemple. L’avidité capitaliste à court terme détruit avant de réfléchir !
Breizh-info.com : Enfin, en 2025, que signifie “être humain” face à la complexité et à la richesse du monde animal ?
Yolaine de la Bigne : On peut déjà s’amuser à constater la bêtise humaine dans un monde qui pille une nature nourricière, ce qui met en grand danger l’avenir même de l’humanité. En soulignant que le mot bêtise et le mot bête ont la même racine. Ce qui a toujours rassuré les humains. Les récentes découvertes nous démontrent pourtant que chaque être vivant a sa forme d’intelligence et d’adaptation. Que nous faisons partis d’un ensemble fabuleux de dynamisme et que nous sommes tous liés, humains, animaux, végétaux. Mais l’être humain est aussi extrêmement intelligent. Il faut donc espérer qu’il saura réagir face à un avenir complexe. Ce n’est pas parce que nous sommes coupables du passé que nous devons ne pas être responsable de l’avenir, notamment vis-à-vis de nos enfants.
Dans ce profond changement de société actuelle, on peut aussi se rappeler une grande leçon d’humidité pour nous les humains, dont l’ego est sur-dimensionné : nous sommes des animaux comme les autres. Ne l’oublions pas. Nous faisons partie de cette nature et si nous la détruisons nous disparaîtrons avec elle.
Propos recueillis par YV
Breizh-info.com