Articles : Juil. 2025 – Juin 2025 – Mai 2025 – Avril 2025 –
Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews Music 24/24 : http://DJMUSIC.fr

#webtube : Cocaïne, corruption, favoritisme : l’affolante affaire immobilière qui éclabousse la ville provençale. Mais que se passe-t-il à Martigues ? Son maire de 83 ans a été mis en examen « pour favoritisme », le 29 avril, une information révélée par le média Blast et confirmée par France 3 Provence-Alpes. Gaby Charroux est une vieille figure locale du Parti communiste français qui tient la ville depuis 1959. Les classes populaires ne s’étaient pas encore tournées vers le Rassemblement national : c’était avant qu’elles ne se rendent compte que le PCF ne leur vendait que des chimères. Cette mise en examen a lieu dans l’affaire de la Société d’économie mixte immobilière de la ville de Martigues (SEMIVIM), le bailleur social de la commune qui a la charge des 3.000 logements sociaux. Un dossier de vaste corruption et de favoritisme dans l’attribution des marchés publics du logement social.
Une corruption tentaculaire
Ce sont, tout de même, onze mises en examen, dont la directrice du patrimoine de la société communale, un assistant à la maîtrise d’ouvrage (responsable de la rédaction des cahiers des charges, il devait noter les entreprises soumissionnaires), une directrice générale, deux adjoints au maire ainsi que trois entreprises du BTP qui ont été opérées pour la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité et la délinquance organisées) de Marseille. À l’origine de l’enquête, une rocambolesque histoire de trafic de drogue digne du film La French. En 2020, les douanes interceptent à Marseille 3,3 tonnes de cocaïne planquées dans un conteneur à bananes. Une balise GPS va mener les douaniers jusqu’à une villa près de Martigues, habitée par un chef d’entreprise locale lié à la SEMIVIM. Depuis, les enquêteurs remontent le fil.
Cette mise en examen ne paraît pas surprenante, dans la mesure où le maire est le président de la SEMIVIM. L’édile était-il au courant de l’attribution des marchés publics ? C’est tout ce que les enquêteurs cherchent à savoir. Des entreprises ont-elles été favorisées ? Sans aucune contrepartie et sans aucun enrichissement ? « Cette mise en examen est donc l’aboutissement d’une procédure, […] elle n’enlève rien à mon innocence, se défend, auprès de Blast, Gaby Charroux : Je sais ce que j’ai fait et les gens qui me connaissent comme mes administrés savent que j’ai toujours agi avec honnêteté et intégrité, dans l’intérêt général et jamais pour un intérêt particulier. » Une affaire qui tombe bien mal, à un an des municipales.
« Les pots-de-vin ont la vie dure »
Pour Jean Sansone, président de l’association SOS Corruption 13, la mise en examen de l’édile suit en effet le processus normal de l’enquête, mais il craint un résultat décevant : « Cela risque de finir en responsable mais pas coupable », soupire-t-il, auprès de BV. En revanche, l’homme qui ferraille depuis plusieurs années contre le maire et sa gestion espère que la seconde procédure apportera plus de réponses. Une autre enquête pour harcèlement est en effet aussi en cours. « Il joue le grand père paternaliste, mais les employés de la commune se plaignent depuis 2012 », affirme Jean Sansone, et le dossier est lourd : « Seize dossiers qui comprennent des mises au placard, des licenciements déguisés, des dépressions. »
Contacté par BV, un spécialiste de l’immobilier dans les Bouches-du-Rhône ne s’étonne pas de la gigantesque galéjade martégale : « La corruption est malheureusement fréquente, dans ce secteur où les pots-de-vin ont la vie dure. » Un parlementaire LR local esquisse un sourire, auprès de BV : « Favoritisme et communisme, cela rime », avant de dresser un constat peu amène : « Les communistes ont toujours eu une gestion clanique. »
À l’heure où nous bouclons, la mairie de Martigues n’a pas encore répondu à notre sollicitation.
Yves-Marie Sévillia, dans BV