. 10 septembre : des appels à bloquer la France qui posent question

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Articles : Juil. 2025Juin 2025Mai 2025 – Avril 2025
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#webtube : Cet appel emprunte à la gauche syndicale pour ses revendications et aux gilets jaunes de gauche pour ses méthodes. Une fois n’est pas coutume : toute la presse, de droite comme de gauche, tombe d’accord pour se poser la même question. « “Un arrêt total et illimité du pays” : c’est quoi, ce mouvement qui appelle à bloquer la France “à partir du 10 septembre” ? » On trouve peu ou prou ce même titre dans Le Parisien20 MinutesL’Humanité ou encore La Voix du Nord. La même question est posée aussi, formulée à peine différemment, par Le FigaroNice Matin et Le Courrier picard.

Des revendications très « syndicales »

Au-delà de cet unanimisme provoqué avant tout par l’anonymat des auteurs de ces appels, et même si l’opération a été relayée par des sites patriotes, comme AuBonTouiteFrançais, il est intéressant d’observer que L’Humanité et Le Figaro s’accordent aussi à constater que les revendications exprimées empruntent au répertoire de gauche.

Qu’en est-il ? Le site mobilisation10septembre fédérant les initiateurs de l’appel au blocage liste cinq attentes :
– un réinvestissement massif dans les services publics : santé, éducation, transports, justice » ;
– l’arrêt immédiat des suppressions de postes et des logiques comptables inhumaines » ;
– un système de santé accessible à toutes et tous, sans franchises injustes » ;
– le maintien de tous les jours fériés et des droits sociaux conquis »
– la revalorisation des retraites, minimas sociaux et salaires, indexée sur la vie réelle ».

Ces revendications sont autant de réactions au « plan Bayrou » pour le budget, auquel il est reproché son « absence d’investissement dans les salaires, les retraites et les services publics, la suppression de 3.000 postes supprimés, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, les économies sur la santé, la suppression de deux jours fériés et la non-revalorisation des aides et pensions ».
En conclusion, les « bloqueurs » s’adressent aux politiques, affirmant ne pas vouloir « gérer leur crise » mais vouloir « changer de cap. Pour de bon. Avec et pour le peuple. Pas contre lui », et appelant les députés à « voter la motion de censure contre ce plan injuste et dangereux ».

Gilets jaunes de gauche ?

Si le langage revendicatif semble tout droit sorti d’un tract CFDT, voire CGT ou SUD, l’anonymat des auteurs interroge, et bien plus encore les modes d’action qu’ils proposent. Le premier est le boycott, le site appelant à « ne plus acheter dans les grandes surfaces, à retirer son argent des grandes banques et à refuser de consommer ce qui alimente le système (essence, fast fashion, plates-formes numériques prédatrices de type Uber ou Deliveroo ». Mais il est aussi proposé de « cesser de travailler dans la mesure du possible ». Aux plus courageux (ou suicidaires), il est proposé de « ne plus valider ses tickets de transport, retarder ses impôts symboliquement pour dénoncer leur usage injuste… à organiser juridiquement » (sic) et, enfin, de « soutenir les circuits courts ».

Viennent ensuite des actions de désobéissance civile, qui vont du non-zèle dans les démarches administratives à des opérations de blocages ciblées de lieux symboliques. Enfin, sous le titre « solidarité citoyenne » sont listées toutes sortes d’initiatives permettant d’organiser le mouvement dans un esprit « intersyndical » avec un objectif de « convergence des luttes ».

On comprend, dès lors, la perplexité et la méfiance générales que provoque une initiative qui semble s’inspirer des gilets jaunes (phase deux, après leur récupération par la gauche), mais avec des modes d’action nouveaux, cherchant visiblement à éviter les grandes manifestations qui avaient débouché sur des violences déclenchées par des Black Blocs puis instrumentalisées par le pouvoir.

Les Gueux disent non

Joint par BV, Alexandre Jardin a précisé que « les Gueux ne participent pas à cette initiative », qu’il n’a « pas été contacté par ses auteurs » et ne peut donc « pas soutenir un mouvement qui reste anonyme ». Estimant que « toute la France n’est pas forcément prête à faire la révolution », il pense cependant que « toute la France n’a pas envie de payer sa facture d’électricité double » et qu’il faut donc se focaliser sur du concret, « cause après cause ». Les Gueux et les organisations les rejoignant travaillent donc actuellement sur leur propre agenda. « Fin août, on va faire un premier blocage pour demander un moratoire et la non-publication de la loi sur l’énergie », précise Alexandre Jardin, qui compte laisser, ensuite, un mois aux politiques pour prendre position, « et s’ils ne le font pas, là, les blocages du pays seront beaucoup plus forts à partir du 27 septembre ». La rentrée s’annonce d’ores et déjà sportive.

Etienne Lombard, dans BV