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#webtube : Les économies liées à l’isolation énergétique ont été largement surestimées. Les Français en sont pour leurs frais. Le 10 juillet dernier, l’Insee publiait une étude nommée : Effets de l’isolation thermique des logements sur la consommation réelle d’énergie résidentielle. Au vu du tapage qui a été fait auprès des propriétaires pour qu’ils rénovent leurs logements, tout un chacun pouvait s’attendre à ce que les bénéfices soient importants. Que nenni !
Mise en situation : en janvier dernier, Madame Lambda appelle un spécialiste pour faire entretenir sa chaudière à gaz. Le professionnel découvre, cachée dans un placard, une vieille dame (la chaudière et non la propriétaire) de 42 ans. S’ensuivent poussées d’urticaire et cris d’orfraie. Pourquoi madame Lambda, qui semble être une personne raisonnable, conserve son vieil appareil ? Le professionnel tente de le savoir. La réponse est sans appel : « Pourquoi je changerai ma chaudière alors qu’elle fonctionne ? » Le professionnel entend mais ne comprend pas. Il sort son meilleur argumentaire pour convaincre sa cliente. « Si vous tombez en panne, nous ne pourrons pas la réparer », « sur ce genre d’appareil, il n’y a pas de maintenance », « les révisions ne sont pas garanties »… Puis, il abat sa dernière carte : « Avec un nouveau modèle, vous pourrez faire jusqu’à 30 % d’économie ! » Madame Lambda reste droite dans ses bottes, elle ne flanche pas. Chauffant très peu, elle sait qu’elle ne rentabilisera pas l’investissement. L’Insee vient de lui donner raison.
Données erronées
L’institut de statistique prend des pincettes en précisant qu’à « ce stade, les économies réelles permises par les gestes de rénovation énergétique restent peu documentées » mais admet que « la littérature économique montre l’existence d’un energy performance gap, soit un écart substantiel entre les économies conventionnelles prédites par les modélisations ex-ante et les économies réelles mesurées ex-post ». Autrement dit, les économies liées aux rénovations énergétiques ont été surestimées. Et pas qu’un peu ! Les économies réelles sont huit fois moins importantes que les économies estimées.
Pourquoi ? Georges Le Breton, haut fonctionnaire en activité, spécialiste des politiques publiques et du logement, explique : « En France, les études d’impact n’intéressent pas. On produit des normes et on prend des décisions sans faire d’étude scientifique. Quelques années après, on mesure et on se rend compte que ça ne sert à rien. C’est pathologique ».
Quelques années après, l’Insee se rend compte et rapporte : « À la suite des gestes d’isolation thermique des logements, nous estimons une baisse de la consommation d’électricité de 5,4 % pour les maisons chauffées à l’électricité et de 8,9 % de la consommation de gaz pour les maisons chauffées au gaz. » Pour les personnes chauffées à l’électrique, « le coût moyen de l’isolation est de 14.300 euros, tandis que l’économie de consommation d’énergie pour ces ménages est de 120 euros par an en moyenne. » Pour celles chauffées au gaz, « le coût moyen de l’isolation est de 13.700 euros. Pour ces ménages, le gain annuel moyen estimé sur la facture est de 150 euros. » Pour rentabiliser leurs investissements, les ménages électricité et gaz devront respectivement attendre 119 et 91 ans. Ils ne seront plus là pour le voir et, d’ici là, leur installation sera devenue obsolète.
Résultats désastreux
Ces travaux ne valent évidemment pas le coût. Les Français ont été trompés et pas seulement ceux qui ont entrepris des travaux car rappelons-le, en matière d’isolation thermique, l’État n’a pas été avare en aides. MaPrimeRénov, la prime « Coup de pouce chauffage » et des aides départementales et régionales ont été largement distribuées. Elles sont évidemment faites d’argent public (3,6 milliards en 2025). Georges Le Breton résume : « Le modèle économique de la réhabilitation thermique des logements est problématique. » Il est fondé sur une idéologie de gauche et du centre « disant que la consommation énergétique des logements est une partie importante de la génération des gaz à effet de serre ». Puis, « on passe en force avec des normes, on crée une incitation pour les acteurs économiques et les ménages afin d’accélérer le mouvement. On dit qu’il va y avoir un bénéfice et en fait il n’y en a pas ».
Pire, à cause de ces normes, certains logements ont été sortis du parc locatif car jugés trop énergivores. Chose qui a contribué à accentuer la crise du logement et la crise économique. Avec des politiques publiques aussi coûteuses et néfastes, pas étonnant que la France soit proche de la banqueroute et que les Français tirent le diable par la queue.
Sarah-Louise Guille, dans BV