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#webtube : On n’a pas envie de risquer de rencontrer la France, la vraie… Le Quartier latin est l’un des plus chics de Paris, l’un des plus chers, l’un des plus à gauche. Forts de ces apparentes contradictions, et sans la moindre vergogne, des habitants du quartier ont lancé une pétition pour s’opposer à l’ouverture d’un Carrefour City au coin des rues Vavin et Bréa. Ils ont peur que ce supermarché, dont les heures d’ouverture sont étendues et dont la clientèle risque de déparer un petit peu avec les célébrités qui évoluent habituellement dans ces rues cossues, n’attire « des attroupements de jeunes », « des livraisons à 6 heures du matin » ou encore « la proximité des mineurs isolés ».
La supérette doit ouvrir le 21 août, mais les habitants de ce quartier « cossu » (c’est leur terme), où l’on est attaché à la « qualité de vie », ne l’entendent pas de cette oreille. On les comprend : le mètre carré vaut entre 20 et 30.000 euros, dans ce quartier. Ce qui est beaucoup plus amusant, dans cette histoire, ce sont les noms des signataires de cette pétition, qui a été lancée par Bruno Segré, ancien journaliste économique et enfant du quartier. On trouve, parmi ceux-ci, Jacques Toubon, ancien « Défenseur des droits », c’est-à-dire icône du politiquement correct, Ruth Elkrief, inoxydable pourfendeuse de la droite sous couvert d’objectivité journalistique, le chanteur Alain Souchon et ses enfants, la comédienne Catherine Frot et le comédien Pierre Richard ou encore l’homme d’affaire Denis Olivennes, qui se dit lui-même attaché à « un certain conservatisme urbain ».
Regardez quels engagements politiques ont pris nombre de ces personnalités pendant les dernières décennies. On peinerait à trouver la trace d’une révolte contre la racaillisation de la France, l’enlaidissement de la province, les « mineurs isolés » qui déferlent par milliers sur la France ou encore « les livraisons à 6 heures du matin », comme ils le disent eux-mêmes. Non, ce qui les dérange, en quelque sorte, c’est que la France qu’ils ont contribué à créer vienne finalement frapper à leur porte. N’ont-ils pas payé suffisamment cher pour ne pas voir, en bas de chez eux, les conséquences de leurs actes ? Un Carrefour City en bas de chez eux, ce n’est pourtant pas grand-chose. Ce n’est pas un kebab, un magasin Foot Locker ou un point de deal. Mais pour eux, c’est déjà trop, et cela mérite que l’on se révolte.
Résumons-les : pour les gueux, l’immigration est une chance. Il faut leur imposer toujours plus de migrants venus d’Afrique, toujours plus de commerces destinés au blanchissement de l’argent de la drogue. Mais pour ceux qui ont payé le prix exorbitant de la tranquillité bourgeoise, il est inconcevable de vivre avec les idées que l’on professe. Dans le VIe, on est entre l’École alsacienne et Normale Sup, au cœur du territoire de la bourgeoisie intellectuelle. Plafonds à la française, parquets Versailles, courses à vélo, bibliothèques choisies (Vrin, NRF et vieux Pléiade). On n’a pas envie de risquer de rencontrer la France, la vraie, fût-ce par l’innocent truchement d’une supérette Carrefour. Quelle hypocrisie révélatrice !
Arnaud Florac, dans BV