. Guerre Iran-Israël, un goût d’inachevé qui n’augure rien de bon

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Articles : Juin 2025Mai 2025 – Avril 2025Mar 2025
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#WEBTUBE : Trump vient de briser l’élan de Tsahal qui menait tambour battant son assaut victorieux contre la république islamique d’Iran. Une décision incompréhensible qui pourrait se révéler lourde de conséquences dans le futur. 

Ce cessez-le-feu brutalement imposé par Trump me fait penser au général Maharbal, un des piliers de l’armée d’Hannibal commandant la redoutable cavalerie numide. C’est ce général qui dit au prestigieux conquérant carthaginois, après son éclatante victoire sur l’armée romaine à Cannes, en 216 avant J.-C., alors que celui-ci renonçait à poursuivre son offensive pour écraser Rome : « Tu sais vaincre Hannibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire. »

En effet, les deux guerres puniques n’ont guère changé le monde antique. Rome a tremblé mais n’a pas sombré. Elle s’est ressaisie et quatorze ans après sa mémorable victoire de Cannes, Hannibal était vaincu à Zama (Tunisie actuelle).

Évidemment, ni Trump, ni Netanyahou n’ont vocation à entrer dans l’Histoire comme des grands conquérants, mais bien des victoires éclair mal exploitées ont fini par tourner au désastre par la faute de vainqueurs irrésolus.

Et aujourd’hui, si Netanyahou me paraît déterminé, Trump quant à lui est un modèle d’irrésolution. Aussi déroutant qu’imprévisible, il n’aide vraiment pas Israël, car rien n’est réglé.

Dans cette guerre de Douze jours, les trois principaux acteurs, Israël, Iran et États-Unis, revendiquent tous la victoire en avançant des arguments différents.

– Trump peut se vanter d’avoir calmé les belligérants et obtenu une victoire diplomatique, en évitant un hypothétique embrasement régional ;

– Netanyahou revendique la destruction des installations nucléaires iraniennes ;

– Les mollahs ont sauvé les meubles et traquent l’opposition pour garder le pouvoir.

Mais tout cela n’est que communication à destination des peuples. Un écran de fumée qui masque les réalités.

Car selon le renseignement américain, le programme nucléaire iranien est très loin d’être liquidé. Il a subi un coup sévère et prendra quelques années de retard, mais l’essentiel est préservé. En clair les superbombes de 15 tonnes n’ont pas fait le job comme espéré. On ne pulvérise pas les montagnes aussi facilement.

De plus les stocks d’uranium enrichi ont été disséminés dans des endroits sûrs, sans attendre le déluge largué par les bombardiers B2, annoncé depuis des lustres.

https://reseauinternational.net/selon-les-services-de-renseignement-americains-les-sites-nucleaires-iraniens-nont-pas-ete-detruits

Ajoutons que Pakistan et Corée du Nord aideront Téhéran à réparer les dégâts et combleront le vide des arsenaux de munitions et de missiles.

Jeffrey Lewis, expert en armement et professeur à l’Institut d’études internationales de Middlebury, qui a examiné de près des images satellites commerciales des sites visés, partage lui aussi l’avis selon lequel les frappes ne semblent pas avoir mis fin au programme nucléaire iranien.

« Le cessez-le-feu est intervenu sans qu’Israël ni les États-Unis ne parviennent à détruire plusieurs installations nucléaires souterraines clés, notamment près de Natanz, d’Ispahan et de Parchin. Ces installations pourraient servir de base à une reconstitution rapide du programme nucléaire iranien. »

Par ailleurs, puisque Trump refuse de toucher au régime en place à Téhéran, le Hezbollah et le Hamas renaîtront de leurs cendres et les milices chiites resteront les supplétifs des mollahs.

En clair, la menace pèsera toujours sur Israël, car Netanyahou a été empêché d’atteindre ses trois objectifs : destruction du programme nucléaire, destruction de l’outil militaire iranien, renversement du régime.

Les raisons de ce misérable recul de Trump ?

Peut-être a-t-il renoncé suite aux pressions de Poutine qui ne tient pas à voir l’Iran, allié de la Russie, basculer dans le camp pro-américain, ce qui serait probable si le fils du Chah arrivait au pouvoir. Mais cette hypothèse me paraît peu crédible.

Peut-être l’indécision de Trump ne tient-elle qu’à son image de faiseur de paix qu’il tient à préserver. Il est vrai qu’il s’est fait élire sur ce critère, après tous les humiliants fiascos des expéditions coloniales de l’Oncle Sam.

Peut-être pense-t-il aux élections de mi-mandat dans 18 mois. Après avoir échoué à ramener la paix en Ukraine, une guerre longue en Iran serait fatale au parti républicain.

Mais ce ne sont certainement pas les pressions européennes qui ont fait reculer Trump. Les appels au respect du droit international, c’est le dernier souci de l’Amérique. Les appels au calme de l’ONU ? Une quantité négligeable aussi bien pour Washington que pour Israël.

L’Europe, c’est la voix de l’impuissance et Macron est totalement inexistant, avec sa diplomatie de va et vient, style porte de saloon.

Donc je crois que Trump a raté une belle occasion de restaurer une paix durable au Moyen-Orient. L’Occident ferait mieux de chasser les mollahs du pouvoir que de copiner avec Ahmed al Charaa, planificateur de bon nombre d’attentats terroristes.

Les deux peuples d’Iran et d’Israël en seraient les grands bénéficiaires.

Évoquer le risque de chaos en comparant l’éviction des mollahs aux printemps arabes est franchement stupide. Ce n’est absolument pas comparable.

– Dans le premier cas on élimine une théocratie qui arme et finance l’islamisme et le terrorisme ;

– Dans le deuxième cas, l’Occident a fait lui-même le lit des islamistes, en liquidant les autocrates qui combattaient l’islamisme sans merci.

Américains et Européens préfèrent combattre la Russie, pays blanc et chrétien, que nous avons jeté dans les bras de la Chine, de la Corée du Nord et de l’Iran, alors que Gorbatchev nous tendait la main en 1991. Et tout cela pour défendre un pays mafieux et corrompu qui n’a jamais voulu respecter les accords de Minsk et qui fait la guerre aux Russes du Donbass depuis 2014. Difficile de faire politique plus pitoyable !

L’Occident n’est plus qu’un ramassis de dangereux crétins, car il me semble que la sécurité d’Israël prime sur toute autre considération.

S’il s’avère que le nucléaire iranien est préservé à 80 %, c’est une raison suffisante pour poursuivre les buts de guerre de Netanyahou en chassant les mollahs du pouvoir. En les préservant, Trump ne fait que soutenir indirectement le terrorisme.

Comme soutien à Israël, on a connu mieux.

Jacques Guillemain, Riposte Laïque