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°° WEBTUBE : Nous avons tous en tête Les Trois Frères, cette comédie déjantée des Inconnus où trois clampins apprenaient avec émoi leur lien fraternel et étaient contraints de se lier sous le poids des événements. Une situation inextricable dans laquelle les personnages ne cessaient de se tirer vers le bas, pour le plus grand plaisir du spectateur. Plus en retenue, la nouvelle comédie d’Emmanuel Courcol (Cessez-le-feu, Un triomphe) prend le parfait contrepied pour nous raconter l’histoire de deux frères persuadés au départ de n’avoir rien en commun, qui se découvrent finalement une passion commune pour la musique, construisent autour d’elle une relation forte, puis parviennent mutuellement à se tirer vers le haut.
Naissance d’un amour fraternel
Contrairement à ce que suggère son titre, En fanfare débute son récit dans la détresse, celle d’un grand chef d’orchestre de musique classique, Thibaut, interprété par Benjamin Lavernhe, qui se bat contre une leucémie. Sa sœur est naturellement disposée à lui faire don de sa moelle osseuse, mais des tests de compatibilité révèlent qu’ils n’ont aucun lien génétique… Thibaut apprend alors qu’il a été adopté et qu’il a un frère, Jimmy, incarné par Pierre Lottin, cantinier dans le nord de la France. Sur la réserve, peu enthousiaste, ce dernier accepte par charité, mais à contrecœur, de faire don de sa moelle à ce parfait inconnu qui se prétend son frangin et qui, manifestement, a eu la vie plus facile que lui. L’opération se déroule comme prévu, les mois passent, et alors que Thibaut vient rendre visite à Jimmy pour l’informer de l’amélioration de son état de santé, il s’aperçoit que son sauveur non seulement joue du trombone dans une fanfare, mais qu’il est mélomane et possède l’oreille absolue, à savoir la capacité à reconnaître les notes automatiquement, sans note de référence. Dès lors, basée sur une passion musicale commune, leur relation prend une tout autre dimension, Thibaut ayant à cœur d’aider Jimmy à exploiter pleinement son potentiel en le poussant à devenir chef d’orchestre de la fanfare locale…
La sensibilité artistique au-delà des divergences sociologiques
À ce sujet — Cinéma : Un triomphe, d’Emmanuel Courcol
Histoire d’une (double) greffe qui peut parfaitement réussir ou se solder par un rejet, En fanfare s’avère une belle surprise, un film familial réjouissant tel qu’on en voit rarement au cinéma, c’est-à-dire sans message politiquement correct, sans vulgarité et sans avalanche de gags. Une comédie sociale pondérée, à l’anglaise, un peu pathos mais pas trop, sur fond de lutte des classes et d’inégalité des chances, selon qu’on a été élevé en métropole par des bourgeois ou au sein d’un milieu ouvrier dans le nord de la France. Malgré leur différence de parcours – et c’est peut-être une naïveté du cinéaste que d’y croire -, les deux frères vont faire parler les liens du sang et réussir à se connecter mentalement à travers la musique, attestant l’idée que l’art adoucit, ou du moins facilite, les relations humaines – ce qui était déjà au cœur du film Un triomphe.
Rencontre improbable entre Les Trois Frères et Les Virtuoses, de Mark Herman, En fanfare ne doit pas tant sa réussite à sa mise en scène qu’à son écriture, tout en sobriété, et à ses têtes d’affiche volontairement dissonantes : Benjamin Lavernhe, chez qui émane une majesté naturelle, idéale pour son rôle de chef d’orchestre de renom, et Pierre Lottin, plus revêche, et par conséquent plus crédible dans un personnage de prolo en phase avec le réel. La réussite du film dépendait largement de l’alchimie entre les deux comédiens – tous deux musiciens dans la vraie vie –, on peut dire de façon affirmative qu’Emmanuel Courcol a remporté son pari.
À voir en famille.
4 étoiles sur 5
- Pierre Marcellesi, Boulevard Voltaire