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°° WEBTUBE : À la fin du deuxième trimestre 2024, la dette publique française s’établit à 3 228,4 milliards d’euros d’après la dernière publication de l’INSEE en date du 27 septembre 2024, soit 112 % du PIB. Le déficit public est quant à lui chiffré à 6,6 points de PIB. Les Etats-Unis font largement pire au niveau dette avec 122,3% et un peu « moins pire » quant au déficit public : 6,4%. Alors que la dérive des dépenses publiques est un sujet d’inquiétude en France, il ne l’est pas aux Etats-Unis. Les Américains sont en effet les premiers détenteurs de leur dette. Par ailleurs la dette est productive aux Etats-Unis, contrairement à la France. Enfin, les Américains peuvent compter sur le dollar comme monnaie de référence, assurant l’attractivité des bons du Trésor américain.
Les Américains sont en effet les premiers détenteurs de leur dette. Par ailleurs la dette est productive aux Etats-Unis, contrairement à la France. Enfin, les Américains peuvent compter sur le dollar comme monnaie de référence, assurant l’attractivité des bons du Trésor américain. Le dollar représente 60% des monnaies de réserve du monde. De quoi voir venir les court et moyen termes avec une certaine confiance. Quant au long terme, nous serons tous morts, comme le disait fort justement Keynes.
Le montant de la dette publique américaine atteint 34.500 milliards de dollars, soit six fois son montant brut de l’année 2000 et plus de 10 fois celui de l’année 1990. Le service de la dette (le paiement des intérêts) sera en 2024 le premier poste de dépense publique, avec le chiffre astronomique de 870 milliards de dollars, grosso modo le budget de l’Etat français, 20 milliards de plus que ce que l’Oncle Sam consacre à son armée… Mais ni Harris ni Trump ne parlent dette ou déficit dans leur campagne. Difficultés de logement, coût de la vie, inflation, emploi, taux d’intérêt, attractivité, réindustrialisation, concurrence chinoise, voilà ce qui préoccupe les Américains. Les candidats à la Maison-Blanche allèchent leur électorat par des mesures qui sont de nature à accroître le déficit, baisses d’impôts en tout premier lieu.
Le déficit public américain permet d’avoir des gains de productivité de 3% par an, quand la France est dans le rouge à -1%. Les politiques publiques américaines ciblent des secteurs d’activités dynamiques et les relocalisations d’industries, semi-conducteurs par exemple. Les politiques françaises privilégient au contraire les dépenses de fonctionnement ou de sauvegarde du pouvoir d’achat.
Aux États-Unis, l’Inflation Reduction Act (IRA) à l’origine du creusement des déficits représente un investissement en crédits d’impôt estimé à 428 milliards de dollars d’ici à 2033. Mais ce sacrifice financier devrait se traduire par 3.000 milliards de dollars d’investissements privés et publics au cours des dix prochaines années. Des montants colossaux qui se traduisent déjà par un spectaculaire mouvement de réindustrialisation. Méga-usines de batteries de groupes coréens ou japonais, extensions de sites de production de véhicules électriques comme ceux de Volkswagen, kyrielle de projets de fabricants de panneaux solaires… Chaque dollar de déficit produit des effets positifs sur la croissance et l’emploi.
À l’inverse, les dépenses publiques en France sont beaucoup moins productives. En 2022, les dépenses sociales publiques (vieillesse, santé, famille, chômage, pauvreté-exclusion…) représentaient 31,6% du PIB (elles étaient de 18% en 1973) contre seulement 18,5% aux États-Unis.
Par ailleurs, une bonne partie de la dette publique globale n’est pas sur les marchés. Le système fédéral permet aux États de la Fédération de s’acheter de la dette entre eux. Une part non négligeable de celle-ci est détenue par le gouvernement lui-même, notamment par le biais du Fonds de garantie de la sécurité sociale. Les intérêts versés par le Trésor sur cette portion représentent les revenus d’intérêts du Fonds de garantie : le gouvernement ne fait que payer des intérêts à lui-même.
Les agences de notation gardent leur confiance dans la dette américaine. Elle a certes perdu son triple A chez Fitch en 2023, mais elle conserve la note maximale chez les deux autres agences-phare, Moody’s et Standard&Poor’s. Cette confiance est fondée sur le dynamisme de l’économie américaine. Depuis 2022, la croissance américaine est en moyenne de 2,8% par an quand la zone euro plafonne à 1%.
Il y a enfin une habitude culturelle de la dette aux Etats-Unis. Les ménages américains sont beaucoup plus endettés qu’en Europe, le crédit à la consommation fait partie de leur vie quotidienne, alors qu’en France il est quasiment inexistant. Le pays privilégie la croissance et l’emploi qui font d’ailleurs partie des objectifs de la Fed, ce qui n’est pas le cas en Europe avec le BCE.
Henri Dubost, Riposte Laïque