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°° WEBTUBE : À l’occasion des 25 ans de l’accession au trône de Mohammed VI, la France a officiellement soutenu le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental. L’Hexagone rejoint ainsi d’autres pays, notamment les USA, Israël et l’Espagne. Ancienne colonie espagnole considérée depuis toujours par Rabat comme province marocaine, ce territoire enclavé entre le Sud marocain, la Mauritanie et la côte atlantique regorge de ressources (pêche, phosphates).
Cette reconnaissance n’a pas tardé à entraîner le courroux du gouvernement algérien, qui a toujours soutenu contre le Maroc une milice autonomiste tiers-mondiste d’extrême gauche : le Polisario. En représailles, Alger a rappelé illico son ambassadeur en poste à Paris, reprochant à la France qui avait toujours eu une position médiane d’avoir choisi le camp marocain. Un changement de cap pour le Président Français qui, à son habitude, avait essayé au cours des dernières années de « ménager la chèvre et le chou ». Toutefois, à la suite de ce nouveau positionnement, la France se rapproche très nettement du Maroc et manifeste une prise de distance avec Alger. Un choix judicieux entre un Maroc relativement stable défendant un islam modéré et gouverné depuis 2021 par les libéraux et un exécutif algérien archaïque et autoritaire dont le logiciel est resté celui du FLN.
Parallèlement aux flux migratoires que le Maroc est beaucoup plus enclin à gérer que l’Algérie se cachent, derrière ces choix politiques, une stratégie énergétique à laquelle les deux frères ennemis ne sont pas étrangers. Quand on parle de géopolitique, le business n’est jamais très loin !
Important pays gazier, l’Algérie est l’un des principaux fournisseurs de l’Europe, à la fois par gazoduc (presque exclusivement vers le sud de l’Italie) et sous forme de GNL (gaz naturel liquéfié). L’Algérie a, ainsi, exporté vers la France, en 2.023, 5,6 milliards de mètres cubes de gaz (soit 16 % de la consommation de l’Hexagone, et exclusivement sous forme de GNL). En représailles à la position française, les autorités algériennes pourraient décider de cesser leurs exportations vers la France, ce qui aurait pour conséquence d’accroître notre dépendance déjà très forte au GNL américain qui, pied de nez à l’Histoire, est principalement fabriqué à partir de… gaz de schiste. Le GNL étant aussi mobile que le pétrole, on assistera donc à un jeu de chaises musicales, comme ce fut le cas lors de l’embargo inefficace de l’Europe sur le pétrole brut et les produits raffinés russes.
Côté Maroc, TotalEnergies a signé, en 2021, un contrat de 11 milliards de dollars pour développer un méga projet éolien et solaire de 10 gigawatts sur près de 2.000 km2 dans la région de Guelmim-Oued Noun. Son objectif est triple : distribution locale d’électricité, approvisionnement de l’Europe via un long câble de près de 3.000 km et, enfin, production massive d’hydrogène vert et d’ammoniaque. Le 12 juillet 2024, soit deux semaines avant la prise de position d’Emmanuel Macron sur le Sahara occidental, TotalEnergies a injecté près d’un milliard de dollars dans le projet Guelmim-Oued. Gaz algérien contre soleil marocain, la stratégie française n’est certainement pas étrangère à sa stratégie énergétique.
Philippe Charlez, Boulevard Voltaire