. Rassemblement national : Victoire ou défaite ?

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°° WEBTUBE : Suite aux résultats du second tour des élections législatives du dimanche 7 Juillet, nous voyons des réactions très contrastes dans les milieux de droite. D’un côté, un triomphalisme, de l’autre le défaitisme. Quels sont les résultats ?  Les raisons du triomphalisme : En 2012, le RN ne comptait que 2 sièges. En 2017, il en obtient 8. En 2022, le RN réalise un score historique en envoyant 89 députés au parlement. En 2024, le RN augmente considérablement son nombre de députés en envoyant 143 à l’assemblée. Il y a une dynamique politique forte qui ne concerne que le RN. De plus, le RN est le premier parti de France, le seul à dépasser les 10 millions de voix. En effet, le Nouveau Front Populaire est une coalition de partis de l’extrême gauche anticapitaliste au centre gauche libéral. L’ensemble de cette coalition pèse moins que le seul parti RN dans les urnes (environ 7 millions de voix pour 182 sièges). 

La percée du RN a été largement limitée par le front républicain. En effet, de l’extrême gauche jusqu’au centre droit, c’est-à-dire absolument tous les partis à l’exception du RN et de l’aile droite des Républicains, ont fait barrage contre le RN. Le prix politique à payer pour empêcher une victoire écrasante du RN devient démesuré. En effet, il y a un fort prix politique à payer. Les alliances contre nature, faites sur des principes de politique politicienne, comme Xavier Bertrand (aile gauche de LR) qui appelle à soutenir les communistes face au RN, sont un cadeau futur pour le RN. Le RN reste dans sa ligne qui est de plus en plus plébiscitée par les Français, y compris par les abstentionnistes. De plus, dans beaucoup de circonscriptions, l’élection s’est jouée à 48-52 %. Il est très probable que lors de la prochaine élection, probablement dès l’année prochaine, le RN rafle toutes ces circonscriptions. Ces abstentionnistes semblent bien être le gros réservoir de voix pour les partis de droite. En effet, ces manœuvres politiques sont un déshonneur et un mépris de la démocratie que le RN devra intégrer dans son discours pour mobiliser sa base et séduire les abstentionnistes.  

Les raisons du défaitisme  

Les résultats sont une mauvaise surprise parce que la dynamique laissait penser que le sursaut tant attendu était possible : une majorité absolue, un gouvernement Bardella et un changement drastique de direction politique. Hélas, le Front Républicain (Bürgerlich), alliance bâtarde de l’extrême gauche anticapitaliste jusqu’au centre droit bourgeois et libéral, a bien fonctionné. Surtout, le mode de scrutin, un des rares cas en Europe, encourage ces manœuvres politiciennes. Le RN, vainqueur en nombre de voix, se retrouve derrière le NFP (182 sièges) et la coalition présidentielle (168 sièges pour 6,5 millions de voix au second tour). 

 Si dès que le RN est aux portes du pouvoir, l’ensemble du monde politique se lie contre lui, le RN a peu de chances d’accéder au pouvoir. Ainsi, la logique de dédiabolisation semble arriver à son terme. Les électeurs qui pensent encore que le RN est à la fois fasciste, nazi, pétainiste et d’extrême droite sont définitivement perdus. Par exemple, les 25 % d’électeurs qui ont voté NFP lors d’un duel avec le RN sont irrécupérables. L’un des seuls moyens pour le RN d’élargir sa base est d’aller chercher chez les abstentionnistes et de mobiliser sa base. En effet, la base électorale du RN semble assez particulière lorsque l’on voit que dans certaines circonscriptions, des candidats RN ont bénéficié d’un soutien moins grand qu’au premier tour, pensant sûrement avoir déjà gagné, les électeurs ne se sont pas déplacés. 

Si LFI compte deux fois moins de députés que le RN, le Parti socialiste et les Verts connaissent une dynamique favorable. Ce qui est plutôt négatif car c’est la constitution progressive d’un bloc centriste plus fort, allant du centre gauche au centre droit. Néanmoins, et nous le voyons encore une fois, ce bloc centriste s’allie aisément avec le bloc de gauche, malgré les figures du NPA et de LFI, malgré aussi le soutien de la Jeune Garde, mouvement antifasciste violent, qui compte désormais son porte-parole comme député, Raphaël Arnault. 

Autre problème, de nombreux candidats RN investis n’avaient absolument pas le niveau requis pour être députés. Nous avons vu de nombreuses séquences où les candidats RN étaient ignorants des enjeux locaux, ce qui est cocasse dans une élection locale. En effet, le RN n’ayant pas d’ancrage dans certaines régions, par exemple la Corse ou la Bretagne, il ne peut qu’envoyer des étrangers, ce qui facilite largement leur défaite. Sans parler de l’énorme problème du jacobinisme et du centralisme. 

Comme le dit Bruno Bilde, député RN du Nord, « le RN ne peut plus continuer ainsi », il poursuit : « Il y a clairement un problème dans nos associations départementales. Il faut rassurer, mais nous avons eu des profils extrêmement clivants, parfois même inquiétants ». Le RN n’a donc pas d’ancrage local et une professionnalisation relativement sommaire, comme en témoigne le niveau de certains candidats RN. 

De surcroît, la perception de ces résultats par les électeurs sera importante. En effet, il y a la place pour un triomphalisme, mais également pour du défaitisme. Si le défaitisme l’emporte, la déception aura évidemment un impact sur les électeurs du RN, une démobilisation lors de la prochaine est une éventualité. Le RN doit donc renforcer, stabiliser et fidéliser sa base électorale. 

« Le résultat des élections en France montre une fois de plus qu’il est impossible de créer des majorités stables sans déplacer la fenêtre d’Overton. Il n’y a pas de voie facile vers le changement politique. On ne peut pas faire l’économie de la lutte culturelle, ni même la remplacer par une façade lisse. » Maximilian Krah. 

Les perspectives pour 2027 : 

De tous les scénarios probables, le résultat de l’instabilité est là. Il n’y a pas de majorité absolue, le NUPES a une majorité relative mais la coalition de gauche semble avoir une durée de vie courte lorsque l’on constate qu’une partie du bloc centriste désire déjà écarter LFI pour organiser une coalition républicaine (bürgerlich) du centre gauche au centre droit. Cette instabilité politique pourrait être bénéfique pour le RN car le bilan politique sera porté par le camp présidentiel allié au centre droit et au centre gauche. Il sera facile pour le RN de se présenter comme une alternative à l’instabilité et aux manœuvres politiciennes. Le RN pourra également capitaliser sur une nouvelle colère en 2027 créée par le (ou les) gouvernements de gauche et du centre. 

Notons que ces manœuvres politiques traduisent un grand malaise démocratique. Le fait de former une coalition pour empêcher l’accès au pouvoir d’un mouvement politique qui compte plus de 10 millions de voix aura des conséquences néfastes à terme. Surtout lorsque cette coalition repose sur une supposée lutte contre le fascisme, le nazisme et globalement l’extrême droite. De cette manière, ce barrage, c’est la mise en place d’une frontière entre 10 millions d’électeurs, qui seraient coupables d’être littéralement nazis, et le reste de la société, qui  se situerait dans le camp du bien et de la raison. De plus, si en 2027 le Rassemblement National est élu, le comportement des institutions sera important. L’un des premiers rôles des institutions est de permettre le changement de politique sans changer de régime. Or, si elles manquent de souplesse, elles se briseront. Nous avançons peu à peu vers une probable crise de régime avec ce que cela implique comme conséquences dans la société civile. 

Matisse Royer (https://x.com/MatRoyer_2a)
Breizh-info.com

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