. [Sexualité] Quand Onfray cite une éclairante tribune de « Libération », ça ne passe pas

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°° WEBTUBE : Michel Onfray commence à avoir son rond de serviette sur CNews et Europe 1. C’est finalement bien sympathique. Il tient un rôle bien connu dans le paysage médiatique français, celui du philosophe que l’on aime retrouver. Alain Finkielkraut, Luc Ferry et même Jean d’Ormesson (qui était agrégé de philo) ont tenu ce rôle avant lui. Il pourrait même, si c’était encore utile ou intéressant, venir commenter les sujets du bac de philosophie. C’est une évolution amusante mais loin d’être désagréable, pour celui qui fut jadis un athée jouisseur en habit de janséniste, et qui est aujourd’hui –mais peut-être le récuserait-il- à deux doigts de devenir un catholique vociférant, un Léon Bloy auquel il ne manquerait que la découverte de l’amour de Dieu. On peut voir, à ce sujet, son excellent entretien vidéo avec le père Michel, de l’abbaye de Lagrasse, sous la houlette d’Eugénie Bastié.

Bref, une nouvelle fois, Michel Onfray était donc invité, cette fois par Sonia Mabrouk. Il a cité à nouveau, comme il l’avait fait par le passé, une tribune que publia Libération en 2014. Signée de « Paul B. Preciado », né (ou née) Beatriz Preciado, cette envolée lyrique de toute beauté s’attaquait à la politique nataliste voulue, à l’époque, par le gouvernement espagnol de centre droit, celui de Mariano Rajoy.

Il est question pour les femmes, en peu de mots, de faire front contre le « sperme national catholique », par un certain nombre de pratiques sexuelles, certaines plutôt marginales pour le dire ainsi, afin de s’affirmer stérile contre ce que l’on appelait pas encore le réarmement démographique. Zoophilie, coprophagie ou fétichisme sont ainsi présentés, entre autres, comme des alternatives désirables à l’exploitation du corps féminin (ici réduit, par métonymie, à l’utérus), corps évidemment exploité par ces salauds de patriarches blancs.

Tout est permis dans une tribune?

Devant une telle franchise, les lecteurs de Libé s’élèvent, pour certains, contre un amalgame que ferait Michel Onfray : laisser la parole à quelqu’un pour une tribune, ce ne serait pas forcément cautionner ses propos. On connaît cette excuse, qui a déjà servi à Libé pour tenter de se dédouaner d’autres « tribunes » tout aussi répugnantes (« Apprenons l’amour à nos enfants » est la plus célèbre). Par parenthèse, c’est curieux, chez des gens « libérés », cette fascination névrotique pour la perversion sexuelle. Peu importe, dans le cas présent : l’argument consiste donc à dire qu’on peut laisser la parole à quelqu’un avec qui on n’est pas forcément d’accord. Bon.

On n’est pas sûr que Libé aurait laissé la parole avec autant de facilité à d’autres opinions. On n’est même pas certain que Libé ait l’habitude de laisser s’exprimer d’autres opinions que les siennes. Le problème, en réalité, c’est que les temps ont rapidement changé, et que ce qui apparaissait hier comme d’intéressantes digressions, apparaît aujourd’hui pour ce que c’est : de la propagande, fabriquée par des gens qui ont de graves problèmes, à destination d’âmes, hier malléables ou indifférentes, aujourd’hui exaspérées par ce matraquage sordide. C’est, au fond, sa mémoire que l’on reproche à Michel Onfray, dans un siècle qui a perdu jusqu’à l’idée du temps long. C’est plutôt encourageant.

Arnaud Florac, Boulevard Voltaire

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