. [La semaine média] Contrôle de l’Arcom : ça tangue à France Inter

Articles     : Fev. 2024Jan. 2024 – Dec. 2023Nov. 2023 – Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews

°° WEBTUBE : C’est le gag indémodable de l’arroseur arrosé. Lorsqu’ils ont eu vent de la décision du Conseil d’Etat de contraindre l’Arcom à mieux contrôler CNews, les médias de service public ont sabré le champagne. « C’est une excellente chose, entendait-on mercredi dernier sur France Info. Ce que le Conseil d’État vient rappeler à l’Arcom, c’est qu’elle ne joue pas son rôle au nom du respect de la liberté d’expression ». Mais dès le lendemain, les verres à mousseux étaient déjà rangés et les mines victorieuses avaient laissé place à des moues inquiètes. La nuit portant conseil, les moins lents de nos confrères avaient fini par comprendre ce que nous annoncions sur BV dès le mois de janvier : ce qui s’appliquera à CNews s’appliquera à tous.

Stupeur et tremblements à Radio France

Le 15 février, France Inter monta au créneau à deux reprises pour dénoncer cette intolérable égalité de traitement entre tous les médias. Une exigence de pluralisme sur CNews, c’est indispensable, mais sur l’audiovisuel public, c’est parfaitement inadmissible ! « Ce n’est pas parce que CNews tousse, que la chasse aux dérives doit devenir virale », s’indigna l’éditorialiste en chef de la maison ronde, Yaël Goosz« Cette quête d’un pluralisme total, au-delà du personnel politique, vaudra pour toutes les chaînes ! », ajouta-t-il, confirmant en creux que les chroniqueurs, journalistes et « experts » invités sur France Inter sont de gauche.

Sur la même antenne, Cyril Lacarrière émit lui aussi de sérieuses réserves quant à cette décision du Conseil d’Etat qui pourrait in fine se traduire par l’ouverture des studios de Radio France à des personnalités de droite. « Plus qu’une décision… c’est une révolution ! s’inquiète-t-il. Et franchement… je ne sais pas si c’est une bonne chose. […] cette décision du Conseil d’État finira par se retourner contre tous les médias. »

À ce sujet — [EDITO] Dans la série « Qui veut la peau de CNews », voici… le Conseil d’État !

Le deux poids, deux mesures revendiqué

Le « flicage » – comme le dit l’éditorialiste – c’est bon pour les autres. Jamais pour soi. Au delà de la médiocrité de RSF et de l’inclinaison gauchiste du Conseil d’Etat, cette affaire aura aussi révélé l’arrogance d’un service public qui s’estime au-dessus du lot, au-dessus des lois. La bien-pensance médiatique ne se cache plus et revendique ouvertement le deux poids, deux mesures. Pendant qu’elle fustige la présence sur CNews de Philippe de Villiers, non décompté par l’Arcom comme une personnalité politique alors qu’il a été « en politique toute sa vie », elle ne trouve rien à redire aux chroniques de l’ancienne ministre Roselyne Bachelot sur LCI, BFM ou France Musique. Alors qu’elle dénonce à cor et à cri le « mélange opinion/information » de la chaîne dite « ultra-conservatrice », elle applaudit l’engagement de Radio France dans son militantisme écologiste d’extrême gauche. Tout lui est permis. Tel est le privilège du camp du Bien qui exige d’autrui ce qu’il refuse de s’imposer à soi-même.

Jean Kast, Boulevard Voltaire

. [Sexualité] Quand Onfray cite une éclairante tribune de « Libération », ça ne passe pas

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°° WEBTUBE : Michel Onfray commence à avoir son rond de serviette sur CNews et Europe 1. C’est finalement bien sympathique. Il tient un rôle bien connu dans le paysage médiatique français, celui du philosophe que l’on aime retrouver. Alain Finkielkraut, Luc Ferry et même Jean d’Ormesson (qui était agrégé de philo) ont tenu ce rôle avant lui. Il pourrait même, si c’était encore utile ou intéressant, venir commenter les sujets du bac de philosophie. C’est une évolution amusante mais loin d’être désagréable, pour celui qui fut jadis un athée jouisseur en habit de janséniste, et qui est aujourd’hui –mais peut-être le récuserait-il- à deux doigts de devenir un catholique vociférant, un Léon Bloy auquel il ne manquerait que la découverte de l’amour de Dieu. On peut voir, à ce sujet, son excellent entretien vidéo avec le père Michel, de l’abbaye de Lagrasse, sous la houlette d’Eugénie Bastié.

Bref, une nouvelle fois, Michel Onfray était donc invité, cette fois par Sonia Mabrouk. Il a cité à nouveau, comme il l’avait fait par le passé, une tribune que publia Libération en 2014. Signée de « Paul B. Preciado », né (ou née) Beatriz Preciado, cette envolée lyrique de toute beauté s’attaquait à la politique nataliste voulue, à l’époque, par le gouvernement espagnol de centre droit, celui de Mariano Rajoy.

Il est question pour les femmes, en peu de mots, de faire front contre le « sperme national catholique », par un certain nombre de pratiques sexuelles, certaines plutôt marginales pour le dire ainsi, afin de s’affirmer stérile contre ce que l’on appelait pas encore le réarmement démographique. Zoophilie, coprophagie ou fétichisme sont ainsi présentés, entre autres, comme des alternatives désirables à l’exploitation du corps féminin (ici réduit, par métonymie, à l’utérus), corps évidemment exploité par ces salauds de patriarches blancs.

Tout est permis dans une tribune?

Devant une telle franchise, les lecteurs de Libé s’élèvent, pour certains, contre un amalgame que ferait Michel Onfray : laisser la parole à quelqu’un pour une tribune, ce ne serait pas forcément cautionner ses propos. On connaît cette excuse, qui a déjà servi à Libé pour tenter de se dédouaner d’autres « tribunes » tout aussi répugnantes (« Apprenons l’amour à nos enfants » est la plus célèbre). Par parenthèse, c’est curieux, chez des gens « libérés », cette fascination névrotique pour la perversion sexuelle. Peu importe, dans le cas présent : l’argument consiste donc à dire qu’on peut laisser la parole à quelqu’un avec qui on n’est pas forcément d’accord. Bon.

On n’est pas sûr que Libé aurait laissé la parole avec autant de facilité à d’autres opinions. On n’est même pas certain que Libé ait l’habitude de laisser s’exprimer d’autres opinions que les siennes. Le problème, en réalité, c’est que les temps ont rapidement changé, et que ce qui apparaissait hier comme d’intéressantes digressions, apparaît aujourd’hui pour ce que c’est : de la propagande, fabriquée par des gens qui ont de graves problèmes, à destination d’âmes, hier malléables ou indifférentes, aujourd’hui exaspérées par ce matraquage sordide. C’est, au fond, sa mémoire que l’on reproche à Michel Onfray, dans un siècle qui a perdu jusqu’à l’idée du temps long. C’est plutôt encourageant.

Arnaud Florac, Boulevard Voltaire