. La voiture électrique à 100 euros, une aberration sociale et écologique

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++ WEBTUBE : « À partir du 1er janvier, va être mis en place le système de leasing à 100 euros par mois », annonçait le président de la République dans une vidéo postée sur son compte X le 14 décembre dernier. Un dispositif qui devrait permettre aux Français les moins aisés de s’offrir une voiture électrique, mais dont l’intérêt social est en réalité aussi mince que le bénéfice écologique. Une mesure déconnectée…

Une mesure déconnectée…

Tout d’abord parce qu’elle ne tient pas compte des conditions de vie des personnes à qui elle s’adresse. Comme le fait remarquer à BV Laurent Castaignède, ingénieur centralien et essayiste français, auteur de La ruée vers la voiture électrique – Entre miracle et désastre, il n’y a pas que le prix de ces voitures qui est un frein pour les ménages les moins favorisés : « Pour avoir une voiture électrique, il faut une place à soi et souvent les personnes modestes n’en n’ont pas. » Les stations de charge en libre service étant très peu nombreuses, sans maison avec jardin ou garage dans un immeuble, brancher sa voiture est quasiment impossible. Emmanuel Macron imaginait peut-être que monsieur et madame Michu allaient jeter une rallonge dans la rue depuis la fenêtre de leur appartement ! En vivant à l’Élysée, le commercial en automobile semble avoir oublié qu’en ville, il faut parfois tourner plusieurs dizaines de minutes pour se garer à une place qui n’est pas nécessairement au pied de son logement. Même s’il distribuait gratuitement ces voitures électriques, le chef de l’État ne rencontrerait donc probablement pas un franc succès auprès des foyers les plus modestes. Pour le moment, même avec des facilités de paiement, ces automobiles ne s’adressent qu’à l’élite.

…pour une voiture à charbon

Ce qui est plutôt une bonne chose, car d’un point de vue écologique, le déploiement, à outrance, de ce type de véhicule n’est pas souhaitable. Contrairement à ce que le président de la République veut nous faire croire, cela ne permettra pas « de réduire nos émissions de CO2 ». Pas dans l’état actuel de notre production d’électricité, en tout cas. Aujourd’hui, la France produit principalement de l’électricité à bas carbone, via ses centrales nucléaires, ses panneaux solaires, ses éoliennes et ses barrages mais cette énergie est entièrement consommée durant les périodes de froid et à 70 %, en moyenne, l’été. L’augmentation du nombre de voitures électriques sur le sol français va mécaniquement faire accroître les besoins en électricité. Résultat : « Si on ne construit pas de centrales ou de barrages supplémentaires, l’hiver, quand il fait froid, la voiture électrique est rechargée au charbon », explique Laurent Castaignède.

À ce sujet — Voitures thermiques : le prévisible rétropédalage allemand ?

Dans son intervention, Emmanuel Macron affirmait : « On va produire de plus en plus de véhicules électriques en France, on va produire de plus en plus de batteries électriques en France. » Il ne dit pas un mot sur la production de cette énergie. Pourtant, les véhicules électriques ont « le potentiel d’être à bas carbone uniquement s’ils sont rechargés à l’électricité bas carbone ». Autrement, ils généreront plus de pollution qu’une voiture thermique. C’est déjà le cas en Chine, en Afrique du Sud, en Allemagne et dans les départements d’Outre-mer, où l’électricité est principalement produite dans des centrales thermiques fossiles.

Rappelons également qu’à sa construction, l’empreinte carbone d’une automobile électrique est plus importante que celle de son homologue à essence ou diesel. Ce n’est qu’à condition qu’elle soit chargée à l’aide d’une électricité peu carbonée et lorsqu’elle a parcouru plus de 40.000 kilomètres que son utilisation devient écologiquement intéressante. En Guadeloupe, Martinique, Guyane et à la Réunion, la voiture électrique est une absurdité, cela pourrait être le cas dans les prochaines années sur tout le territoire national quand l’électricité manquera et sera achetée, carbonée, outre-Rhin ou en Espagne.

D’ici là, les concessionnaires en auront vendu un bon nombre et cela semble bien plus important que la sauvegarde de la planète, finalement !

Sarah-Louise Guille, Boulevard Voltaire

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