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Il paraît que l’exécutif a été « surpris » par l’ampleur de la mobilisation de jeudi contre sa réforme des retraites, selon les indiscrétions du Point. Étrange… Ces gens sont-ils à ce point coupés du réel ? Comment un Président qui avait dit, en 2017, que relever l’âge de départ n’était pas la solution peut-il penser convaincre l’opinion de la pertinence de sa réforme ? L’entreprise semble aussi délicate pour lui que pour ses ministres Attal, Véran et Le Maire, usés jusqu’à la corde par la séquence Covid. La tentative de la réforme de 2019, qui avait causé une mobilisation déjà très forte, leur avait pourtant servi d’avertissement. Le lancement de cette réforme-ci dans un contexte économique et social tendu du fait de l’inflation et de l’envol des prix de l’énergie est un non-sens politique.
En tout cas, la sanction de l’opinion ne s’est pas fait attendre. La dernière vague du baromètre IFOP publiée par le JDD enregistre une chute de la popularité d’Emmanuel Macron à son niveau plancher 34 % (-2) d’il y a trois ans, avant le premier confinement, et une hausse des mécontents (+3) à 65 %. Pour Frédéric Dabi, directeur général de l’IFOP, la messe est dite : « Le gouvernement est en train de perdre la bataille de l’opinion. »
Dans le détail, le chef de l’État est désormais minoritaire dans toutes les catégories, y compris chez les plus âgés. Si les plus de 65 ans sont encore 40 % à être satisfaits de lui, il est devenu très impopulaire dans les autres tranches d’âge : 31 % seulement chez les 50-64 ans, ceux qui seront directement impactés par sa réforme des retraites. Sa chute est spectaculaire chez les 25-34 ans (-10, à 29 %). Du point de vue des CSP, la chute est générale : -7 points chez les salariés du public (28 %), -15 chez les chômeurs (23 %), -14 chez les cadres (37 %) et -9 chez les chefs d’entreprise (30 %). L’exécutif aurait pu trouver un soutien dans ces deux dernières catégories, mais il a oublié qu’elles lui tenaient déjà rigueur de sa gestion hasardeuse de la crise énergétique et de l’inflation.
Si l’on ne comprend toujours pas ce que l’exécutif est allé faire dans cette galère dans ce contexte, on ne voit guère comment il peut se tirer d’une grogne aussi profonde. Élisabeth Borne ne semble être d’aucun secours. Un ministre déclarait au Point : « Ce serait quand même plus simple si on avait une Première ministre identifiée et combative. » D’ailleurs, elle subit aussi cette vague d’impopularité : +5 à 65 %. Peut-elle servir de fusible si la contestation s’installe ? Car l’autre écueil qui attend la réforme, c’est son passage à l’Assemblée où, chez les LR mais aussi dans la majorité, des voix discordantes ont annoncé qu’elles ne la voteraient pas. Quant au recours au 49.3, devenu la drogue dure du gouvernement, il est déjà perçu par l’opinion comme faisant partie de la brutalité de cette réforme.
Emmanuel Macron a-t-il l’intention de jouer le pourrissement, comptant sur la lassitude et l’exaspération de certains face aux grèves, pour retourner l’opinion en sa faveur et tenter une dissolution qui lui redonnerait cette majorité dont l’absence plombe son second quinquennat ? Avec une telle impopularité, le risque pour lui serait considérable et certains membres de la majorité sentent que l’opposition à la réforme va mécaniquement profiter au Rassemblement national. La réforme des retraites sera-t-elle le tombeau du macronisme ?
Frédéric Sirgant, BV
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