Aujourd’hui Mayotte, demain la France ?

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Plus de 8.000 kilomètres séparent Paris de Mayotte. Le département d’Outre-mer situé dans le très stratégique canal de Mozambique est aujourd’hui à feu et à sang. Ce lundi, le président du RN Jordan Bardella a appelé l’état à « reprendre le contrôle » à Mayotte au risque que la situation n’illustre « notre futur ». Mais que s’y passe-t-il et quelle est la réalité de la situation ?

L’insécurité explose

« Parfois, on coupe une main ou un pied ». Les échos donnés par la presse de la réalité des exactions commises par de véritables bandes armées qui sévissent en toute impunité impressionnent. A quelques encablures de la capitale Mamoudzou, les rues ne sont pas sûres et la peur est omniprésente. Tout serait parti de l’attaque par caillassage d’un bus le 16 novembre dernier. C’est dire à quel point la situation était déjà tendue. Plus de 200 jeunes cagoulés et armés de machettes sont alors descendus dans la rue pour caillasser des magasins, saccager des voitures, couper les routes et paralyser la circulation. Un jeune de 20 ans a été tué à la machette, un automobiliste poignardé, son pronostic vital engagé… En trame de fond, des guerres de bandes se disputant le contrôle de quartiers. Des rixes que la métropole connaît déjà avec ces agressions parfois mortelles impliquant des jeunes de 14 ou 16 ans. Une situation de « guerre civile » pour la députée mahoraise Estelle Youssouffa (LIOT) qui réagissait sur Télématin le 25 novembre.

L’immigration massive : facteur principal

« Ah non, c’est à Mayotte le kwassa-kwassa […] Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent » La petite blague d’Emmanuel Macron en mai 2017 avait fait grincer des dents et particulièrement celles des Mahorais. Derrière cette saillie qui se voulait humoristique (et qui aurait au passage valu à n’importe quel autre homme ou femme politique un aller simple pour le bûcher médiatique), se cachait en réalité le fait que personne dans l’Exécutif n’ignore la sinistre réalité de Mayotte. Et c’est tout sauf amusant. Un habitant sur deux de l’archipel est étranger.

« 80% des affaires au tribunal à Mayotte concernent des étrangers en situation irrégulière. Oui, la violence qu’on subit est liée à l’immigration ! » Les propos de la députée de Estelle Youssouffa tenus ce mois-ci dans les couloirs de l’Assemblée Nationale ne souffrent d’aucune ambiguïté. Mayotte compte entre 250.000 et 300.000 habitants, dont 48 % sont étrangers. Et 95 % de ces étrangers sont des Comoriens qui ont embarqué pour la plupart depuis les îles voisines sur ces embarcations légères (Les fameuses kwassa-kwassa). « Ne serait-ce qu’au niveau hospitalier, c’est l’embolie, affirme un fin connaisseur de l’archipel. Les Mahorais qui en ont les moyens partent se faire soigner ou accoucher à la Réunion. Ici, les maternités sont remplies par les Comoriennes qui veulent faire naître leur enfant à Mayotte pour qu’il puisse profiter du droit du sol ». Une information confirmée par Europe 1 : “Ils sortent de leur pays pour venir ici, pour la plupart ce sont des Comoriens, expliquait à nos confrères en 2019 une cadre de Santé locale. Tout le monde vient chez nous car tout le monde connait la situation de Mayotte”. Même si l’Exécutif a rendu plus difficile les conditions du droit du sol à Mayotte, l’effort est insuffisant.

Dans ce contexte, autant préciser qu’on ne voit pas là-bas d’un bon œil la future loi Darmanin-Dussopt sur l’immigration de main d’œuvre. Daniel Zaidani, conseiller départemental RN de Mayotte le rappelait début novembre : « Ce serait un « appel d’air », il en veut pour preuve la régularisation des pêcheurs opérée il y a quelques années, « juste après ils ont changé de métier, et on s’est retrouvé avec de nouvelles vagues d’immigration » affirmait-il sur la chaîne de télévision 1ere. L’élu local a demandé que les deux députés de l’archipel joignent leurs voix à celles du RN en rejetant cette loi.

« Mayotte, c’est une REP géante » (REP, Réseau d’éducation prioritaire, ancienne Zone d’éducation prioritaire), soupire un habitant de l’archipel joint par téléphone. C’est ce qui devrait d’ailleurs inquiéter l’exécutif : si le numérateur de Mayotte est bien plus élevé, le dénominateur est le même qu’en métropole. Terrible fraction annonçant la fracture et un jour une addition sanglante.

Marc Eynaud dans Boulevard Voltaire

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