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L’inhumation de la reine Élisabeth II vire, ce 19 septembre, à l’apothéose de la monarchie anglaise. Pour le Français, l’exotisme est total.
Il regarde l’immobilisme de sa voisine, la monarchie anglaise, ses uniformes et ses perruques, ses hallebardes et ses carrosses, incrédule et fasciné. La preuve ? Cette semaine, pas moins de douze de nos magazines mettent la reine Élisabeth à leur une. De Challenges à Courrier international en passant par Elle, La Vie, Le Figaro Magazine, Paris Match ou L’Express. Les chaînes d’information étaient à Londres. Les audiences des télévisions françaises, ce 19 septembre au soir, ne sont pas encore connues : elles confirmeront vite le phénomène.
Le Français incrédule regarde le Premier ministre anglais déclamer dans l’abbaye de Westminster, devant le catafalque de sa souveraine, un passage de l’Évangile selon saint Jean : « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi. »
On entend les ministres du culte évoquer « le bien commun », « la foi qu’elle a reçue à son baptême ». On voit William, Kate et leurs enfants chanter un cantique à pleins poumons. Les clairons pavoisés retentissent et laissent la place à un long silence avant que le « God Save the King » retentisse sous les voûtes. Peu importe si le roi Charles arbore son air de cocker favori, les institutions anglaises dépassent les personnes. Lors de son dernier voyage, en sortant de Westminster, les avenues sont pavoisées de l’Union Jack : pas un seul drapeau européen, bien sûr, ne trouble ce décor. Le Royaume-Uni montre au monde à quel point l’union d’un peuple et son identité font sa force. Les images se passent de mots.
On pense à ceux qui ne parlent plus de la France mais seulement de la République, oubliant au passage que la France est un pays millénaire peuplé de Français quand la République n’est qu’une forme de gouvernement. Cette confusion n’atteindra pas nos amis anglais tant – et cette cérémonie l’aura montré à outrance – la religion, l’État, le peuple anglais, l’histoire, la tradition, la modernité, la monarchie et ses cérémonies hors du temps, tous ces éléments constitutifs de l’identité d’une nation, remontés du fond des âges, ne font qu’un, au moins symboliquement. La France, au contraire, cette France qu’on nous pose en modèle mondial de fraternité et de vivre ensemble, n’a de cesse de séparer l’État et la religion, l’histoire monarchique et celle de la République, la simplicité et la pompe républicaine. Au risque du ridicule d’un Président nouvellement élu marchant de longues minutes, seul sur un tapis rouge vers la pyramide du Louvre : pas de sens, pas d’histoire, pas de tradition, pas de religion, pas de peuple ni d’État, zéro transcendance. Rien qu’une idée de communicant.
La France n’est pas sortie du processus révolutionnaire qui, toujours (c’est dans sa nature), dévore ses enfants, ses mythes, ses symboles et son Histoire. Mais elle aura senti et vu, l’espace de quelques jours, la puissance d’une vieille nation appuyée sans complexes sur son identité. De quoi rêver, et avancer.
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