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« Pourquoi Limoges ? C’est parce qu’aujourd’hui, c’est Limoges. Mais ça aurait pu être Cherbourg, Lorient, Montélimar ou Échirolles », soupire ce responsable syndical policier. Au cœur de l’actualité, en ce début août, la capitale du Limousin, fondée en 10 avant Jésus-Christ, est en proie à de graves violences dans le quartier « populaire » du Val de l’Aurence.
La raison ? Aucune. Strictement aucune. Rien n’aurait pu laisser présager deux nuits de violence consécutives contre les pompiers et les policiers dans ce quartier connu comme difficile, en « reconquête républicaine » pour reprendre la pudique expression. « C’est un peu le jeu de l’été », déplorait sur RMC Bruno Pomart, ancien instructeur du RAID. Un « jeu » qui nécessite la mobilisation d’une compagnie de CRS, un jeu qui renvoie un message clair : la République doit circuler armée et casquée sur son propre territoire, à moins que celui ci ne soit perdu et en état de sécession ?
Émile Roger Lombertie, le maire LR de Limoges, élu depuis 2014 et premier maire de droite de la ville depuis un siècle, ne cachait pas son inquiétude dans Le Populaire du Centre (2 août) : « Depuis quatre, cinq jours, je suis très inquiet de la situation qui se déroule dans les cités dont la ZUP de l’Aurence. Nous avons eu deux ou trois soirs un peu chauds où ils ont essayé de casser l’école Joliot-Curie et avec, petit à petit, une vraie organisation derrière. » Le maire souhaite en tout cas « une réponse ferme ». Il serait temps, puisque de telles émeutes avaient déjà eu lieu en octobre 2021 dans le même quartier avec toujours cette absence de raison aussi injustifiée soit-elle. Hier soir, en tout cas, cinq équipages de police nationale et un équipage de police municipale ont été mobilisés et ont fait usage de grenades lacrymogènes en riposte.
Selon le secrétaire général de la préfecture, la plupart des individus opposés aux forces de l’ordre durant ces deux nuits sont des jeunes de 13 à 17 ans. « C’est un quartier où la dérive violente se fait depuis des années, avec la structuration de bandes vraiment organisées, essentiellement des dealers organisés autour de bandes de Mahorais », a affirmé le maire Émile Roger Lombertie qui parle de « 70-90 personnes » cherchant à être « totalement maîtres du quartier » (Sud-Ouest, 3 août).
On parle de Limoges, mais les Limougeauds peuvent se consoler en pensant qu’ils ne sont pas les seuls à être à la fête. Dans la nuit de samedi à dimanche, une vingtaine de personnes ont bombardé le commissariat de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), jetant des cocktails Molotov dans la cour du commissariat où se trouvaient des policiers, tandis que d’autres ont tiré une quinzaine de mortiers d’artifice contre le commissariat, a indiqué le parquet de Créteil à l’AFP. Toujours selon le parquet, des policiers pourchassant des émeutiers dans les rues alentour ont été pris dans un « véritable guet-apens ».
Fin juillet, c’était à Épinal, à Rouen, à Sevran ou encore à Toulon. Quotidiennement, la violence gangrène les quartiers et crée des situations explosives. « Au fond, ils nous voient comme une autorité étrangère tentant de faire régner l’ordre dans un territoire qui leur appartient », poursuit, désabusé, ce policier. En tout cas, sur les réseaux sociaux, les internautes sont unanimes et parlent d’une situation qui empire d’année en année. « Limoges était calme, il y a vingt ans. On n’y voyait jamais la police… », regrette cet internaute sur Twitter. Une lapalissade à ce stade qui concerne certes le siège de la préfecture de la Haute-Vienne mais aussi la France entière.
Marc Eynaud, Boulevard Voltaire
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