Notre avenir, c’est le stade de France !

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Articles  : Juin. 2022 – Mai 2022Avr. 2022 – Mar. 2022

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Si vous ne connaissez pas Juliette Briens, nous ne saurions trop vous conseiller de corriger cette lacune et de vous intéresser à cette chroniqueuse patriote ou “de droite radicale”. Au soir des législatives, qui voit la carte de France se partager entre l’extrême gauche, l’extrême centre et un parti qui n’a d’extrême droite que le nom journalistique, mais qui n’est pas, en tout cas, d’une extrême intelligence politique, cette jeune femme de talent a réagi en une phrase :

Qu’a-t-elle bien pu vouloir dire ? Vous avez quatre heures.

Il est vrai que les “incidents” qui ont “émaillé” ce “grand moment de joie populaire” ont eu, à plus d’un titre, la valeur d’une allégorie. Police aux abonnés absents, contrainte par un dispositif “maintien de l’ordre” qui interdit les initiatives individuelles ; le sport pris comme prétexte à la sauvagerie ; les bandes armées de machettes et de couteaux qui détroussent les supporters, tripotent les petites filles et s’acharnent à quinze contre un ; dépositions ennuyées des autorités, qui portent si mal ce nom, et qui ont eu la sagacité de faire effacer les bandes vidéos du stade (en ne demandant pas à les voir dans le délai de 7 jours) mais aussi celles de la SNCF et de la RATP. Tout ou presque, dans la situation actuelle de la France, se trouve rassemblé dans cet événement sordide, qui nous fait une fois de plus passer pour des jambons.

Oui, notre avenir, c’est le stade de France, et il n’y a qu’à regarder la carte du premier tour des législatives pour s’en convaincre. Il y a un centre rouge (le Massif Central historiquement de gauche) mais il y a surtout des banlieues qui rougissent à nouveau. La NUPES, créature de Frankenstein revenue à la vie après que Mélenchon eût cousu ensemble les morceaux de cadavres des différents partis de gauche, domine dans les banlieues. A côté, c’est-à-dire face-à-face, dans les centre-villes aisés, on vote Ensemble pour garder son pognon et marcher, avec confiance, vers un avenir plein de belles promesses. Dans la France périphérique, celle où on danse la country et où les bébés boivent des biberons de Coca-Cola, on a voté Marine parce qu’elle aime les chats mais pas les Arabes. Cà et là, les notables LR s’en tirent plus ou moins bien, forts de leur fameux “ancrage territorial”.

Poursuivons le parallèle footballistique : nous avons désormais, comme au parc des Princes, une tribune Auteuil, venue des banlieues, une tribune Boulogne, historiquement diabolisée mais désormais un peu morte, et une loge VIP, où l’on vient faire semblant d’applaudir des joueurs qu’on ne connaît pas, entre une coupe de champagne et une passation de marchés publics.

Notre avenir, alors, est-ce le stade de France ? Au quotidien, probablement : l’impunité des racailles, la peur des honnêtes gens, les quartiers que l’on évite, vont faire partie de notre paysage pour longtemps. Un mélange entre la société féodale du XIVe siècle (peu de pouvoir central, des grandes compagnies de brigands que personne ne peut ni ne veut faire partir, des impôts importants, des révoltes régulières et l’amour de l’argent) et un pays contemporain en voie de tiers-mondisation. Le Liban en grand, comme le prophétisait Eric Zemmour, candidat malheureux à toutes les élections, désormais ? Non, pire que cela : notre avenir, c’est l’Afrique du Sud -une Afrique du sud qui n’aurait pas connu l’apartheid, mais qui se vivrait quand même comme un Etat raciste, à purger de ses miasmes. Un pays dans lequel il y aurait des communautés fermées par des grilles, gardées par des vigiles, réservées aux riches ; un pays retourné à l’âge de pierre, gangrené par la corruption, détruit par le poison du communautarisme, de la haine et du ressentiment ; un pays où la drogue serait un des principaux facteurs de croissance, où les crimes resteraient impunis, où l’Etat abandonnerait des pans entiers de son territoire.

Juliette Briens a raison, mais elle ne va pas assez loin. C’est le pays que les Français ont choisi d’élire.

Arnaud Florac, dans BV

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