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Des centres d’examen qui ne sont pas au courant qu’ils sont centres d’examen, des convocations d’un même candidat la même journée à deux ou trois heures d’écart dans deux centres d’examen éloignés l’un de l’autre, des examinateurs absents, en sous-effectif ou en retard de plusieurs heures, des élèves obligés de se changer dans un placard à balais ou de passer par un grillage déchiré car la porte indiquée est cadenassée, du dénigrement, certains examinateurs évoquant devant des élèves leur « école de riches » et manifestant ouvertement leur haine sociale… Anne Coffinier, présidente de l’association Créer son école, se dit submergée de témoignages de parents relatant les conditions indignes dans lesquelles leurs enfants, des lycéens scolarisés dans des établissements hors contrat, ont passé les épreuves du baccalauréat.
Joséphine*, élève de première, était convoquée à 16 heures la semaine dernière, pour un oral de latin à Arcueil. À 19 heures, elle n’était toujours pas passée. « Le responsable pédagogique n’avait apparemment pas d’épreuves prévues ce jour-là », témoigne la mère de l’élève. Cette dernière a dû insister lourdement pour que sa fille reparte avec une convocation en bonne et due forme pour le lendemain au lieu d’un simple rappel sur son téléphone portable. « On sent que l’étau se resserre. On a vraiment l’impression que sous prétexte de lutter contre les écoles coraniques – ma fille a passé ses épreuves parmi des jeunes filles entièrement voilées -, ils limitent la liberté de toutes les autres écoles alors que 98 % d’entre elles ne posent aucun problème. »
« Une incurie évidente doublée d’une désinvolture mâtinée d’une hostilité latente »
Ces dysfonctionnements relèvent-ils de la désorganisation de l’Éducation nationale ou bien d’une volonté de discriminer ces élèves qui ont choisi un parcours différent ? Anne Coffinier dénonce « une incurie évidente doublée d’une désinvolture mâtinée d’une hostilité latente ». Pour elle, si l’État n’est pas capable d’organiser correctement les épreuves pour les quelque 4.000 candidats des écoles indépendantes et donc garantir une égalité de traitement, alors il faut qu’il les admette à passer le même bac que les autres. Car actuellement, ces élèves n’ont pas le droit de valider 40 % du bac au contrôle continu et doivent donc passer 100 % des épreuves en fin d’année. Une incohérence que souligne Anne Coffinier : « Nos notes sont prises en compte sans difficultés pour Parcoursup mais pas pour le bac ; cela n’a aucun sens ! » L’association Créer son école demande donc au président de la République d’instaurer une commission d’enquête afin d’établir s’il y a eu un dysfonctionnement dans l’organisation logistique des examens pour cette catégorie d’élèves avec rupture d’égalité et, si c’est avéré, de sanctionner les responsables de cette désorganisation et de réparer le préjudice subi par les élèves et les établissements. Une réponse qui permettra peut-être de clarifier les intentions de l’État vis-à-vis du hors-contrat.
Anne Coffinier de rappeler que ces établissements privés indépendants constituent « une soupape de sécurité qui permet fort utilement à des enfants qui suivent un double cursus ou ne rentrent tout simplement pas dans les cases de la société banalisée (enfants à haut potentiel, dys, malades, harcelés, très brillants ou trop timides…) de poursuivre une scolarité ».
Iris Bridier, Boulevard Voltaire
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