L’adieu de Jean-Pierre Pernaut

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Le 18 décembre, vous étiez peut-être devant votre poste de télévision à 13 heures pour regarder les adieux de Jean-Pierre Pernaut, qui quitte TF1 après 32 ans de bons et loyaux services. Il a été souriant et, ma foi, assez émouvant, quand il a évoqué sa mère, qui n’avait jamais raté un de ses JT. Il a dit à ses téléspectateurs qu’il les aimait, et il avait l’air sincère.

On peut ironiser sur la ligne éditoriale que Pernaut avait imposée au fil des années : peu d’actualités, beaucoup de reportages sur les « territoires », comme disent les technocrates, c’est-à-dire sur les régions ou les provinces. Beaucoup de choses simples, de vies discrètes, d’histoires touchantes. C’était un choix. Des fiches à la place du prompteur, ça aussi, c’était un choix ; une vingtaine de bureaux locaux en métropole et outre-mer, pour saisir le quotidien des Français, un choix aussi.

Libération et Télérama, avec l’abjection qui les caractérise, peuvent bien assimiler le JT de Pernaut à Groland ou au pétainisme : la France « des territoires » leur renvoie leur mépris.

Car elle existe, ne leur en déplaise, cette France des marchés et des clochers, des petits commerçants et artisans ; cette France qui s’étonne, avec son gros bon sens de plouc, qu’on puisse se balader avec un masque, se signer des autorisations de sortie, tuer des bébés sur ordonnance ou les acheter à l’étranger, tout en considérant l’élevage comme un système concentrationnaire et en signant la charte des droits de l’arbre. Dans la France « des territoires », on voit bien que tout ça ne tourne pas rond. On rêve de la campagne mais on lui colle des éoliennes partout ; et quand on s’y installe, on ne veut pas entendre le coq chanter.

Vous voyez ce que représente cette France périphérique dont tout le monde se moque (dans les deux sens du terme), à commencer par les médias parisiens : eh bien, cette France, quelqu’un dans les médias lui aura rendu hommage. On peut dire que le 13 heures de Pernaut, c’était une carte postale et non un journal d’actualités. On peut même dire que c’était la seule émission qui donnât encore la parole encore à un ancien monde qui n’intéresse pas le nouveau. Bref, n’en faisons pas des tonnes, mais reconnaissons quand même que JPP va manquer au paysage audiovisuel. Grand merci à lui.

Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une raison supplémentaire de balancer sa télé par la fenêtre, mais…

Boulevard Voltaire

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