Le tsunami Benalla peut balayer Macron plus vite qu’il ne le croit…

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Les Français ont-ils vraiment réalisé l’ampleur du séisme provoqué par les révélations de l’affaire Benalla et ses conséquences dévastatrices sur les structures politiques et institutionnelles de notre pays ?

Tentons déjà dans d’identifier les zones les plus touchées par les secousses. Après une semaine de silence qui fut l’occasion pour certaines des plus hautes autorités de l’Etat de révéler leur vrai visage sous les traits de la lâcheté, de l’incompétence et de la médiocrité, Macron a finalement reconnu qu’il était le seul responsable de la situation actuelle.

Mettons pour l’instant provisoirement de côté les agressions de manifestants par des faux policiers, les logements de fonction dans de luxueux appartements et autres ports illégaux d’équipements des forces de l’ordre. En effet, la liste des infractions ou des avantages indus devrait certainement rapidement s’allonger et il ne s’agit que des conséquences d’un système plus profondément corrompu.

Nous apprenons donc qu’un individu de 26 ans, d’origine marocaine, ne pouvant se prévaloir que d’une courte expérience dans le domaine de la sécurité acquise lors des meetings du PS puis de ceux de LREM, a suivi Macron jusqu’au palais de l’Elysée où il s’est vu confier un poste de chargé de mission au cabinet du président de la République.

A la limite, si cet homme encore inconnu du grand public il y a seulement une semaine, et dépourvu de toute compétence notable, s’était contenté d’occuper ses heures de bureau à compter les mouches avant de recevoir à la fin de chaque mois un chèque d’un certain montant (Ah oui, quand même !!), il n’aurait fait que perpétuer la tradition française d’assistance aux parasites. Celle-ci autorise les copains à se nourrir sur la bête publique en remerciement des services rendus.

Or, lors des auditions réalisées en début de semaine par la commission parlementaire, des syndicalistes policiers ont expliqué que Benalla « faisait régner la terreur » parmi les quelque 77 policiers et gendarmes du Groupe de Sécurité de la Présidence de la République (GSPR). Par quel processus digne de la meilleure des républiques bananières, un jeune homme de 26 ans est-il amené à traiter d’égal à égal, voire à donner des instructions, à des policiers et des gendarmes d’élite, triés sur le volet, et placés sous l’autorité d’un colonel, dans le sanctuaire républicain qu’est le Palais de l’Élysée ? Y-a-t-il eu des consignes rédigées par Macron ou son directeur de cabinet afin de définir le champ de compétences de Benalla, ou sa simple proximité avec la divinité présidentielle a-t-elle suffi à lui établir une sorte de blanc-seing permanent ?

Beaucoup plus grave encore, Benalla aurait constitué au sein du GSPR un groupe de barbouzes, ni policiers ni militaires, en charge dans un premier temps, si l’on en croit les débuts de l’enquête, de la surveillance du Fort de Brégançon (c’était pour eux la piscine ?) et… et après… d’ailleurs oui, une fois les parasols du fort repliés, qu’elles auraient été leurs missions ? Comme au temps du Service d »action Civique (SAC), auraient-ils bénéficié d’un laissez passer tricolore pour effectuer, hors de tout cadre légal, des missions plus ou poins louches ?

Élément inquiétant, Benalla avait recruté dans son groupe de barbouzes, un rugbyman de 2,13 m (à cette hauteur-là ce sont les 3 derniers centimètres les plus flippants) prénommé Makao, et accessoirement grand ami de Jawad Bendaoud, le fameux « logeur » des terroristes du 13 Novembre. C’est curieux car le même Bendaoud posait déjà en mars dernier en compagnie du neveu de Bernard Cazeneuve dans un selfie que le tonton avait dû adorer. C’est marrant comme le monde est petit et que si l’on n’en prend pas garde on peut vite sombrer dans le conspirationnisme…!! De là à ce qu’on apprenne que François Hollande est un extra-terrestre qui fait du scooter dans les dunes de sable de la Zone 51…. Mais revenons à notre feuilleton tragi-comique.

Parmi les amis de Benalla, on peut également citer l’avocat Karim Achoui, connu pour ses liens supposés avec le milieu (selon Wikipedia) et avec lequel il fut en relation de 2013 à 2015, au moment où Achoui venait de créer la Ligue de défense judiciaire des musulmans.

La panoplie de travail de Benalla est à l’image de ses amis : solide. On y trouve, notamment une habilitation secret défense, une carte d’accès à l’Assemblée nationale, délivrée au comptes-gouttes, ainsi qu’une autorisation de port d’arme, un véhicule avec gyrophare…

Mais tout ça pourquoi faire ? A quel titre ? Qui est Benalla ? Un nouveau Raspoutine ?

Sans être spécialiste des questions de sécurité, on peut quand même s’interroger sur l’opportunité de laisser un individu, dont la légitimité repose sur le seul « fait du prince » Jupiter, donner des ordres aux effectifs d’un GSPR auquel ont été ajoutés des nervis qu’il a lui même choisis, avec un réseau d’amis peut-être pas très éloigné de la galaxie islamiste, des habilitations officielles tombées du ciel, et le tout dans un lieu qui constitue le cœur du réacteur de la République française. Et ce personnage, dont le parcours professionnel se réduit à un trait d’union entre le PS et LREM, a en plus l’oreille du couple Macron… et les clés de leur résidence du Touquet. Peut-être pour aller faire pisser le chien…

L’ensemble des dysfonctionnements touchant le sommet de l’Etat, évoqués plus haut et dont le point culminant est certainement la reconnaissance quasi officielle de l’existence d’une section de barbouzes au sein du GSPR, ne peuvent être balayés d’un revers de manche comme semble le croire Macron. Le président n’a peut-être pas réalisé l’extrême gravité des accusations qui pèsent sur lui lorsqu’il se permet de fanfaronner d’une manière délirante le 24 juillet « S’ils veulent un responsable, je suis devant vous. Qu’ils viennent me chercher ». Cette phrase pourrait sortir de la bouche d’un caïd de cité mais aurait-on pu imaginer François Mitterrand, dont je ne suis pas un adepte, la prononcer ?

Le tsunami Benalla, c’est à dire la révélation de pratiques s’affranchissant de toute norme de droit, pourrait balayer Macron plus vite qu’il ne semble le croire, et faire ainsi le travail que l »on attendait du débat d’entre deux tours de l’élection présidentielle avec Marine Le Pen.

Les enquêtes journalistiques et parlementaires essaient de neutraliser la bombe atomique en orientant les investigations vers les privilèges accordés à Benalla, tant au niveau de ses conditions de vie matérielles que de son ascendant sur les fonctionnaires, et vers les modalités de son intervention lors de la manifestation du 1er mai. L’objectif est de mettre en sourdine les vrais ferments de ce scandale qui sont, en substance, les suivants :

– Y a-t-il une équipe de barbouzes à l’Élysée, pudiquement nommés chargés de missions, dont l’action ne serait inscrite dans aucun cadre l’égal et qui seraient dépourvus de tout positionnement administratif ?
Quelles sont les missions et les moyens confiés à ces hommes qui, selon les syndicats de police, interviendraient dans le domaine de la sécurité ? Si l’existence de cette police parallèle était confirmée, quelles sont les raisons ayant présidé à sa création ? Un syndicat de commissaires de police a déclaré que le président n’ avait pas confiance dans le GSPR, Qu’est-ce que les citoyens français doivent ils comprendre par cette marque de désaveu ? ?

Quittons l’Élysée pour rejoindre le ministère de l’Intérieur. Ou du moins ce qu’il en reste car les auditions en commissions parlementaires sur fond de renvois multiples de patates chaudes et d’ouvertures de parapluies ont largement entamé le crédit de l’institution.

Mais reprenons l’examen des faits. Lorsque le 1er mai dernier, Benalla intervient pour molester quelques gauchistes ayant jeté des projectiles sur les forces de l’ordre, sa méconnaissance des techniques de maintien de l’ordre l’amène à user de violences illégitimes, pour le plus grand bonheur de témoins des faits hostiles à la police.

Intervient ensuite l’épisode de la transmission des enregistrements de vidéosurveillance remis à Benalla par des policiers de la Direction de l’Ordre Public et de la Circulation (DOPC) de la Préfecture de police pour effacer toute trace de son « dérapage ».

C’est là que la situation se corse car, informé du tabassage de gauchistes, effectué par son chargé de mission, Macron décide de le punir « sévèrement » en lui infligeant une mise à pied de 15 jours. Et sans prévenir l’autorité judiciaire, évitant ainsi à son poulain d’avoir à subir une sanction pénale.

Le 12 juillet dernier, le ministre de l’Intérieur s’était montré beaucoup plus réactif pour sanctionner un gardien de la paix stagiaire qui avait fait preuve d’un grand professionnalisme pour maîtriser un voyou tentant de s’échapper des geôles du palais de justice de Paris. Bien sûr, le jeune stagiaire avait administré un ou deux coups de pied supplémentaires à son agresseur. Ces derniers gestes portés alors que le délinquant est déjà au sol ne relèvent pas d’une intention belliqueuse mais seulement d’un réflexe corporel consécutif à la montée de stress. I Le policier n’avait pas bénéficié du même traitement de faveur que Collomb a accordé à Bénalla puisqu’il s’était immédiatement retrouvé sous le coup de deux enquêtes disciplinaires et pénales. Pour rajouter une couche de pathos, les médias avaient expliqué dans un premier temps que l’agresseur du policier était un migrant, avant de corriger le tir et d’affirmer qu’il s’agissait d’un voleur. Migrant ou voleur, il doit certainement se dire que la France c’est le pays de cocagne des petites frappes. Gérard Collomb avait eu cette phrase sublime ; « Le ministre d’Etat condamne avec la plus grande fermeté ce comportement inadmissible qui vient nuire à l’image de l’ensemble des forces de sécurité ». Il est plus facile de montrer ses pectoraux mollassons devant un gardien de la paix stagiaire que devant un protégé de Macron. Bassesse éternelle… Fermons la parenthèse.

Flairant une dérive jupitérienne, les députés demandent à l’exécutif de venir démêler l’écheveau de cette histoire devant la représentation nationale. Honneur aux anciens, c’est à Collomb que revient la noble tâche d’ouvrir le bal et de répondre aux parlementaires. Résumé des différentes réponses du ministre de Lyon fournies lors de ses auditions : « La police je ne sais même pas ce que c’est. Ah bon, Benalla n’était pas policier ?? Heureusement que la TSF existe parce qu’à moi on ne me dit jamais rien. Par contre, il paraît que le préfet de police est très bon à Questions pour un champion… ». Et d’ajouter aussi une phrase culte : « Mais les policiers auraient dû me dire que le chargé de mission, représentant sur Terre de Macron, n’était pas gentils avec eux » (Ils auraient certainement été remerciés par une mutation à Saint Pierre et Miquelon).

Réponse du Préfet : « Je vous remercie. Tout cela c’est la faute du copinage… » « Mais de quel copinage parlez-vous ? » « Mais de celui entre la femme de ménage et l’agent d’entretien bien sûr !! Par contre, si j’étais vous j’irais voir un certain E. M ».

Réponse du Directeur de l’ordre public et de la circulation : « Si j’ai mal répondu aux questions c’est que je ne les avais pas entendues »

Ce petit déballage de linge sale en public a montré que le ministère de l’Intérieur tournait un remake de « Y- a-t-il un pilote dans l’avion ? » avec un ministre qui ne sait rien, un degré d’inimitié hallucinant entre « les deux premiers flics de France » (ministre et préfet), une mise en cause de Macron par le Préfet de police, autant dire un suicide professionnel en direct.

Et un jeune premier comme Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, qui ose dire que l’histoire Benalla se résume à la dérive d’un chargé de mission et de 3 policiers qui lui ont spontanément remis les bandes de vidéosurveillance de l’agression. Au moins la relève est assurée.

Heureusement que le gouvernement peut encore compter sur des journalistes bien domestiqués, comme Bruno Jeudy expliquant sur BFM que l’essentiel de la crise Benalla était passé…(et une double ration de croquettes pour le Toutou !!).

Mais s’il reste des journalistes et des enquêteurs pour qui la fraction de seconde durant laquelle ils se regardent le matin dans leur glace est plus importante que toutes les promesses de promotions, de primes, et autres lendemains professionnels radieux, et bien alors il reste encore des raisons d’espérer que les coups portés par Benalla le 1er Mai n’aient pas touché que les gauchistes.

Martine Chapouton
(Riposte laïque)

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