. Stéphanie, Harmonie : le temps des mères courage

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°° WEBTUBE : Que deviennent les mères de Lola, de Thomas, de Philippine, de Matisse (lire l’article de Clémence de Longraye), de tant d’autres victimes ? Elles ont préféré couvrir leur douleur de silence et de dignité. Deux mères de victimes ont fait récemment un autre choix. Elles forcent elles aussi l’admiration. Ces mères courage affrontent seules ce qu’elles refusent de considérer comme une fatalité : la mort de leur enfant ou le décès du père de leurs enfants.

Comme les mots de l’épouse du gendarme Comyn, la lettre de la mère du jeune Elias, assassiné à 14 ans voilà quatre mois par deux jeunes mineurs de 16 et 17 ans à la sortie de son entraînement de football dans le 14e arrondissement de Paris, serre le cœur. « Je tente de survivre à l’absence de mon fils Elias, à ses “coucou maman”, à ses “bisous maman”, à cette carte et à ce petit cadeau que je n’aurai pas pour la fête des mères », écrit Stéphanie dans Le Figaro du 25 mai. La douleur de ces deux femmes ne peut laisser personne insensible. « Et nous alors ?, interrogeait Harmonie Comyn. Plus de fils pour mes beaux-parents, plus de frère parce qu’il a une sœur qu’il aimait, plus de papa, plus de mari : nous, on a pris à perpétuité ».

L’injustice suprême

Elles pleurent, ces femmes, ces mères, comment faire autrement ? Mais elles vont au-delà. Au-delà du sentiment inutile dans lequel la société tente d’enfermer ces drames, au-delà de la peine, des signes de deuil, des émotions individuelles et collectives, des marches blanches. Elles ont le droit, plus que quiconque, d’interroger les responsabilités. Pas par égoïsme, au contraire, par altruisme. Parce qu’elles savent que cette douleur et cette injustice vont se répéter, qu’elles tomberont sur d’autres épouses et d’autres mères innocentes comme elles.

La mère d’Elias désigne les failles de la justice, interroge le parcours de « ces deux adolescents qui, malgré une interdiction juridique d’entrer en contact, se retrouvent régulièrement autour du stade Jules-Noël pour commettre des délits », précise-t-elle. A quoi servent les élus si les mères courage sont de plus en plus nombreuses en France à subir l’injustice suprême, celle d’une vie brisée. Stéphanie, toujours, considère que l’édile de Paris Anne Hidalgo aurait dû « sécuriser les abords du stade qu’elle savait mal fréquentés ». Comment lui donner tort ? Que les ministres de la Santé, de l’Éducation nationale, de la Justice et de l’Intérieur n’ont « pas pris la mesure depuis des années de la dérive d’une partie de la jeunesse, de son ensauvagement, de l’impact des réseaux sociaux et de la banalisation de la violence chez les adolescents entre eux et contre eux-mêmes ». Qui dira qu’elle se trompe ? Elle stigmatise « l’ensauvagement de la société » : qui le niera ?

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L’ensauvagement ne ressort pas de la génération spontanée : il est le fruit de décisions, de lâchetés, d’aveuglements dramatiques, de rêves funestes, de fautes commises par des détenteurs du pouvoir.

Trahison

Comment les responsables de la situation sécuritaire de la France peuvent-ils se regarder dans la glace lorsqu’ils réécoutent les mots d’Harmonie Comyn : « Merci à notre France d’avoir tué mon tendre époux, que j’aime tant, le père de nos enfants ». Elle parle des récidivistes. « La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance ». Elle poursuivait : « Quand est-ce que nos législatifs finiront par ouvrir les yeux ? Faut-il qu’ils soient touchés directement pour agir ? Combien de morts avant que ces assassins soient vraiment punis ? »

La visibilité et les facilités de vie des responsables politiques s’expliquent : ils ont en main le devoir de protéger une nation. Une responsabilité lourde, grave. Lorsqu’ils jettent une société entière dans la violence et le malheur, par insuffisance, laxisme ou excès de tolérance pour reprendre les mots d’Harmonie Comyn, il faut employer un mot, celui de trahison. Le sursaut des esprits, cette prise de conscience collective que tant de Français attendent viendra peut-être un jour par le sacrifice et la plainte terrible de ces mères courage.

Marc Baudriller, dans BV